Tchad : l’opposant Succès Masra arrêté à son domicile à N’Djamena
N’Djamena, 16 mai 2025 — L’ancien Premier ministre et figure de l’opposition tchadienne, Succès Masra, ancien Premier ministre et leader du parti d’opposition les Transformateurs, a été interpellé ce vendredi 16 mai à son domicile de N’Djamena. Selon les images diffusées par son parti, plus d’une dizaine d’hommes en tenue et armés ont investi sa villa du quartier Gassi aux premières lueurs du jour, vers 5h56, avant de l’emmener de force vers une destination inconnue.
Selon les Transformateurs, formation politique dirigée par l’opposant, l’arrestation a eu lieu à 5h56. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent une dizaine d’hommes en tenue militaire pénétrant dans la résidence de Masra, située dans le quartier Gassi du VIIe arrondissement, et l’escortant hors de sa villa, visiblement sans résistance.
Les membres du parti affirment que les forces de l’ordre ont forcé les portes de la maison et n’ont donné aucune explication aux personnes présentes. « Il a été emmené vers une destination inconnue », confient à RFI ses proches, qui dénoncent un acte arbitraire. À ce stade, aucun motif officiel n’a été communiqué.
Le procureur de la République a confirmé qu’un mandat d’amener avait été délivré et exécuté par la police judiciaire, dans le cadre d’une procédure judiciaire ouverte contre Succès Masra. Mais les autorités judiciaires restent silencieuses sur les raisons précises de cette arrestation, ainsi que sur le lieu de détention de l’opposant.
Cette interpellation intervient dans un climat politique tendu. Le 29 avril dernier, Succès Masra avait publiquement critiqué le président Mahamat Idriss Déby Itno, l’accusant de trahir « l’esprit de l’accord de Kinshasa » censé garantir une transition démocratique. Il dénonçait des « changements cosmétiques » et appelait à un véritable tournant politique. Des propos jugés « outranciers » par le camp présidentiel.
La carrière politique de Masra connaît un parcours singulier : après un exil de plus d’un an, il avait été nommé Premier ministre en janvier 2024, avant de quitter la primature quelques mois plus tard. Depuis, il alternait entre appels à l’unité nationale et critiques virulentes du pouvoir en place.
L’arrestation de ce vendredi soulève de nombreuses interrogations sur la volonté des autorités de garantir un climat politique apaisé à l’approche de la fin annoncée de la transition. Le silence officiel sur les chefs d’accusation et le lieu de détention de Masra nourrit l’inquiétude parmi ses partisans et les observateurs internationaux.