Crise diplomatique : la CEDEAO appelle au dialogue entre le Mali et l’Algérie face à l’escalade des tensions
Abuja, 9 avril 2025 — La Commission de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a exprimé, ce Mercredi 9 avril 2025, sa vive inquiétude face à la détérioration rapide des relations entre le Mali et l'Algérie. Dans un communiqué publié depuis son siège à Abuja (Nigéria), l'organisation sous-régionale a exhorté les deux pays à "désamorcer la tension" et à "favoriser le dialogue" par le biais des mécanismes régionaux et continentaux.
Cette sortie officielle intervient dans un contexte de crise diplomatique sans précédent entre les deux voisins sahéliens, marquée par une série de mesures de rétorsion spectaculaires. Le lundi 7 avril, le Mali et l'Algérie ont respectivement fermé leurs espaces aériens aux vols civils et militaires en provenance de l'autre, sur fond d'accusations mutuelles. Quelques heures plus tôt, Bamako, Niamey et Ouagadougou - les trois membres de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) - avaient annoncé le rappel de leurs ambassadeurs à Alger pour consultations, en réaction à la destruction par la défense algérienne d'un drone malien à la frontière commune. Alger a répliqué en rappelant ses ambassadeurs au Mali et au Niger, et en gelant la prise de fonction de son ambassadeur désigné au Burkina Faso.
Une médiation algérienne aujourd'hui remise en cause
Cette montée de tension survient alors même que l'Algérie tentait, ces derniers mois, de jouer un rôle de médiateur dans la crise politique malienne. Depuis l'accord de paix d'Alger signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord, Alger se positionnait comme un partenaire-clé pour la stabilité au Sahel. Cependant, les autorités de transition maliennes ont récemment mis en doute la neutralité de cette médiation, allant jusqu'à accuser l'Algérie de connivence avec certains groupes armés touaregs opposés au pouvoir central. Des accusations que l'Algérie rejette catégoriquement.
Des tensions à hauts risques dans un Sahel sous pression
La CEDEAO redoute que cette escalade compromette davantage la coopération régionale, notamment dans la lutte contre le terrorisme, alors que le Sahel est en proie à une insécurité chronique. La rupture des liens diplomatiques entre Alger et les pays de l'AES pourrait, selon plusieurs analystes, fragiliser les dispositifs de coordination sécuritaire transfrontaliers, au moment même où les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique renforcent leur emprise dans certaines zones frontalières.
En effet, la fermeture des espaces aériens et les rappels d'ambassadeurs ne sont pas de simples gestes symboliques. Ils risquent d'affecter directement les efforts logistiques et diplomatiques nécessaires à la stabilisation de la région, déjà affaiblie par les sanctions, les coups d'Etat, et les divergences croissantes entre les Etats membres de la CEDEAO et les régimes militaires du Sahel.
Un appel à la désescalade dans un climat explosif
Dans ce climat déjà tendu, la CEDEAO appelle les deux pays à la retenue et au dialogue, tout en réaffirmant l'importance des mécanismes africains de prévention et de résolution des conflits. L'organisation espère ainsi éviter une détérioration irréversible des relations algéro-maliennes, qui serait préjudiciable à l'ensemble de la sous-région.
Face à la montée des tensions diplomatiques entre le Mali et l'Algérie, la Commission de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sort de son silence. Dans un communiqué publié ce mercredi 09 avril, la Commission de l'organisation régionale exprime sa "profonde préoccupation" quant aux récents développements ayant affecté les relations entre les deux pays voisins.
Commentaires