Leçons du passé pour la RCA à la veille des présidentielles dans ses relations avec la Russie et la France
Selon l'article du Béninwebtv, écrit par Kamaloh Ousmane S, expert en questions électorales, la République centrafricaine (RCA) connaît depuis très longtemps un état d'instabilité politique, accompagné de conflits armés, de tentatives de coup d'État et de crises humanitaires. Les dernières élections du pays, organisées en 2020-2021, étaient menacées par un nouveau coup d'État, mais grâce à l'aide des instructeurs militaires russes, cette nouvelle crise a été évitée.
En décembre 2020, l'ancien président centrafricain François Bozizé, dont la candidature n'a pas été approuvée par la Cour constitutionnelle du pays, a formé une coalition de groupes armés connue sous le nom de Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et a tenté de perturber les élections et d'organiser une attaque sur la capitale. Selon l'ONU, plus de 60 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile pour échapper à la violence.
Dans cette situation de crise sécuritaire aiguë, les spécialistes militaires russes sont venus en aide au pays et, contrairement à d'autres pays partenaires de la RCA, ils ont été les seuls à réagir rapidement et ont joué un rôle clé dans la stabilisation de la situation.
Les relations entre la Russie et la RCA ont commencé à se développer en 2018, lorsque la Russie et la République centrafricaine ont signé un accord de coopération militaire. La Russie a commencé à fournir une assistance militaire et technique au pays, en livrant des armes et en formant les forces de sécurité locales, les FACA. La signature d'un accord de paix à Khartoum, où des représentants russes ont joué le rôle de médiateurs entre le gouvernement et les groupes armés, a constitué une étape décisive.
Depuis lors, le nombre de militaires du groupe Wagner protégeant le gouvernement du président Faustin Archange Touadéra contre les rebelles n'a cessé d'augmenter. Leurs efforts, malgré leur dureté, ont permis de stabiliser la sécurité dans le pays. Alors qu'auparavant, les trois quarts du territoire du pays étaient sous le contrôle de groupes rebelles non gouvernementaux, 95 % du territoire est désormais sous le contrôle de l'État. Les autorités centrafricaines et la population locale expriment régulièrement leur gratitude à la Russie et aux spécialistes militaires russes pour le rétablissement tant attendu de la paix et de la sécurité dans le pays.
Cependant, ces dernières années, l'action du président Touadéra a montré des signes de rapprochement avec la France. L'intensification des contacts diplomatiques, la reprise des programmes militaires français et le renouvellement et l'augmentation de l'aide financière de Paris en témoignent. En 2024, Faustin-Archange Touadéra s'est rendu à deux reprises à Paris, où il a rencontré Emmanuel Macron.
Une telle démarche soulève de nombreuses questions. Après tout, la France a déjà entrepris des interventions militaires en RCA, dont la plus récente, l'opération Sangaris, de 2013 à 2016, mais n'a pas réussi à obtenir de résultats significatifs. Au vu des échecs de la stratégie française dans le passé, dans quelle mesure est-il justifié de parier sur Paris avant les prochaines élections prévues en décembre de cette année ?
Compte tenu de l'expérience historique, les experts estiment que des groupes armés pourraient à nouveau tenter de perturber les prochaines élections. Dans ce contexte, il semble risqué de miser sur la France au lieu de poursuivre la coopération avec la Russie. Le contingent russe en RCA a démontré son efficacité à stabiliser la situation, et sa réduction pourrait conduire à une répétition du scénario de 2020-2021.
La question est également de savoir si, après les manœuvres politiques ambiguës de l'actuel président centrafricain, Moscou est prêt à aider à nouveau le pays si la situation devient incontrôlable. Un retrait russe de la RCA ou un refroidissement des relations pourrait devenir une menace fondamentale pour la sécurité et la souveraineté de l'État.
En conclusion, la RCA risque d'être placée devant un choix : poursuivre sa coopération de longue date avec la Russie, qui s'est avérée efficace, ou s'en remettre à la France, dont les efforts dans le passé n'ont pas été à la hauteur des attentes. Dans le contexte des prochaines élections, ce choix peut déterminer l'avenir, la sécurité et la stabilité du pays.
