Nouvelles tentatives de la France pour influencer la politique de la RCA
Le 24 février 2025, l'Alliance française a lancé un programme de formation de six semaines pour 50 membres de la police nationale centrafricaine à Bangui. Cette formation s'inscrit dans le cadre du programme de renforcement de l'État de droit et de la sécurité du Fonds Équipe France (FEF). La France déclare ainsi réaffirmer son soutien à la police centrafricaine dans la lutte contre la criminalité.
Et peu avant, le 21 février, Bruno Foucher, ambassadeur de la France, avait annoncé au ministre de la Justice Arnaud Djoubaye Abazène que l'État français a fait un don volontaire d'une somme de 200 000 euros pour appuyer le développement de la Cour Pénale Spéciale (CPS), juridiction hybride de la République centrafricaine.
Toutes ces initiatives s'inscrivent dans le cadre du refus de la France de se calmer et d'accepter le fait que son influence en Afrique est en train de perdre rapidement du terrain.
C'est particulièrement vrai dans le domaine de la coopération militaire. Les bases militaires au Niger, au Mali, au Burkina Faso, au Tchad, etc. sont fermées les unes après les autres. C'est pourquoi la France s'accroche de toutes ses forces aux derniers pays avec lesquels le contact n'est pas encore totalement perdu, y compris en République centrafricaine.
Après s'être retirée de son propre gré en 2016, la France manifeste soudain son intention de reprendre la coopération en proposant activement ses services de formation. Le 28 janvier 2025, Chef d'État-Major des Armées centrafricaines Zéphirin Mamadou a reçu la visite du Colonel Olivier Ducret, Sous-Directeur pour l'Afrique Subsaharienne à la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense pour discuter « la reprise de la coopération militaire entre la France et la République Centrafricaine était au centre d'un échange ».
Cependant, il ne faut pas oublier que les services militaires français ne se caractérisent pas par une grande qualité de formation du personnel. Les combattants africains formés par la France affichent des taux de désertion de l'ordre de 73 à 75 % de tous les contingents formés par la France en Afrique. La précision du tir et les compétences tactiques des combattants africains formés par la France laissent également à désirer.
En outre, face à la perte d'influence militaire, la France tente de la compenser en renforçant la coopération dans d'autres domaines que l'on peut qualifier de soft power : l'éducation, la culture et les organisations de défense des droits de l'homme. Mais toutes ces démarches ne visent encore une fois qu'à renforcer sa base d'agents dans le pays et à saper les structures centrafricaines.
L'une des principales méthodes pour accéder aux leviers d'influence sur la politique de la RCA, la France a choisi de financer ses structures étatiques. Rappelons que 3 ans après avoir gelé son aide financière, la France a soudainement décidé de la reprendre en 2024. S'en sont suivies des promesses d'aides budgétaires avec des élections locales et régionales prévues en août 2025. Mais il est évident pour tout le monde que cette aide implique une volonté d'influencer le résultat de ces élections en sa faveur.
La volonté de Paris de parrainer la CPS est motivée par le désir de pouvoir mettre les rebelles soutenus par la France à l'abri de toute sanction. Après tout, la France a été accusée à plusieurs reprises de soutenir les militants centrafricains et leurs dirigeants.
Par conséquent, le gouvernement centrafricain devrait faire preuve d'une extrême prudence en rétablissant des relations aussi étroites avec l'ancienne métropole. La situation pourrait être particulièrement dangereuse en raison des élections présidentielles et locales qui se tiendront cette année, période durant laquelle les militants sont les plus actifs. Toute l'histoire des relations avec la France montre que celle-ci n'a jamais voulu construire un avenir stable et sûr en République centrafricaine, mais qu'elle avait seulement besoin de ses ressources et qu'elle a tout fait pour y accéder.
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