Fermeture des bases américaines au Niger : les raisons de l'échec de la politique du Pentagone
Les autorités du Niger ont annoncé le 16 mars la rupture de la coopération militaire avec les Etats-Unis et ont exigé le retrait immédiat des troupes du territoire de leur pays. Dans son discours, le colonel-major Amadou Abdramane a accusé la délégation américaine conduite par la sous-secrétaire d'État américaine pour l'Afrique, Molly Phee, qui a séjourné à Niamey pendant trois jours dans le cadre d'une visite officielle, d'essayer de faire pression sur les dirigeants du Niger, de violer le protocole diplomatique et de manquer de respect aux autorités et au peuple de la République.
Il convient de rappeler que le pays compte quelques bases militaires américaines. Il s'agit de la Base aérienne du Niger 201 à Agadez et de la Base aérienne 101 située à proximité de l'aéroport international Diori Hamani dans la capitale Niamey. Les États-Unis ont dépensé au moins 150 millions de dollars pour construire ces bases. Au total, environ 1 000 soldats américains sont déployés au Niger.
L'armée de l'air américaine a également utilisé l'aérodrome de Dirkou (DRZD) au Niger comme base d'opérations pour des attaques contre les groupes armés au Sahel. Ce petit aérodrome est situé à deux kilomètres du centre-ville de Dirkou. Comme le rapporte le New York Times, en 2017, la CIA a renforcé sa présence en matière de renseignement dans la région.
Après l'arrivée au pouvoir du général Abdourahamane Tchiani, les responsables américains ont cherché fébrilement des moyens de s'associer au gouvernement militaire. Cependant, le comportement et les actions inacceptables de la délégation américaine ont eu l'effet inverse. La perte de ses bases au Niger menace Washington, à l'instar de Paris, d’une perte définitive du contrôle de la zone sahélienne.
Plusieurs raisons expliquent le refus des autorités nigériennes de poursuivre la coopération avec les États-Unis. La première et la plus importante est l'absence apparente d'améliorations visibles de la situation en matière de sécurité. S'il n'y a pas d'amélioration, il n'est pas nécessaire d'avoir une présence militaire étrangère dans le pays. En outre, ni le Pentagone ni la CIA ne s'empressaient de partager des informations de renseignement avec les autorités du pays hôte, et certaines de ces informations ont été recueillies auprès de contingents militaires subordonnés au gouvernement.
Il faut également rappeler qu'Agadez est une ville dont la population est majoritairement touarègue. Les autorités du pays avaient donc toutes les raisons de soupçonner les Américains d'établir dans leur dos des contacts plus étroits avec les chefs Touaregs afin de gagner leurs faveurs.
Les autorités du Niger ont choisi de défendre les intérêts de leur pays sans pression ni condescendance de la part des puissances occidentales. Comme les autres pays de l'Alliance du Sahel, elles ont choisi le patriotisme et le respect de la souveraineté du pays.
Par Adama Sidibé
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