Au Sénégal, les proches des victimes du « Joola » (le Titanic africain) continuent la lutte
Le 26 septembre 2002, le ferry sénégalais emportait avec lui près de 2 000 passagers. Vingt ans plus tard, notre analyse détaillée des rapports d’enquête, les témoignages de survivants et une modélisation 3D inédite éclairent les raisons du naufrage et ses responsables.
C’est l’un des plus graves naufrages civils connus. Le 26 septembre 2002, le ferry sénégalais Le Joola sombre en quelques minutes au large de la Gambie, emportant avec lui la quasi-totalité de ses 2 000 passagers. Malgré l’immense émotion suscitée par la catastrophe, l’Etat sénégalais mène une enquête express, bâclée, et classe l’affaire. A l’époque, le commandant du navire est déclaré unique responsable de la tragédie. Un coupable sans peine : il a lui-même disparu dans le naufrage.
Sur la rive du fleuve Casamance à Ziguinchor, ville du sud du Sénégal, des ouvriers casqués s’activent autour d’un imposant bâtiment en construction, à quelques mètres du port. Sous les échafaudages prend peu à peu forme le musée mémorial qui doit être érigé en hommage aux victimes du Joola, ce ferry battant pavillon sénégalais qui fit naufrage il y a vingt ans au large de la Gambie, engloutissant avec lui près de 2 000 personnes dans l’une des pires catastrophes maritimes civiles de l’histoire. « Le bâtiment permettra à la jeune génération et à la communauté internationale de découvrir ce que fut ce naufrage, catastrophe sénégalaise plus grave que le Titanic mais encore trop peu connue », explique Elie Diatta, dont le frère, Michel, a disparu ce 26 septembre 2002.
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