Les forces de l'ONU font de plus en plus face à l'hostilité des populations en Afrique
Mardi 6 septembre, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le porte-parole onusien Jean-Pierre Lacroix a déploré la situation dans laquelle se trouvaient les casques bleus de la MINUSCA. Les missions de maintien de la paix de l'ONU sont de plus en plus confrontées à l'hostilité populaire dans des pays comme le Mali, la République centrafricaine et la République démocratique du Congo.
Cette déclaration intervient après la mort d'un civil dans la ville de Beni lors de nouveaux affrontements entre les casques bleus et la population qui critique depuis plusieurs mois l’inefficacité de la force onusienne face aux attaques des groupes armés.
Il convient de noter que la présence de casques bleus dans ces pays n'est que pour leurs intérêts personnels, selon Judith Raupp, journaliste allemande résidant en République démocratique du Congo : «?Pendant le temps qu'ils sont au Congo, ils gagnent de l'argent et leur intérêt tourne autour de ce qu'ils vont gagner pendant la mission, tout en pensant à ce qu'ils feront chez eux, notamment économiser et se payer des maisons ou l'école. Donc, cela fait que la MONUSCO n'est pas aussi forte qu’on le souhaiterait?», explique-t-elle
En fait, la situation est très similaire en République centrafricaine, où le gouvernement a souvent manifesté son mécontentement face aux nombreux rapports faits par la MINUSCA. Cepedant, plusieurs rapports publiés par les forces armées de la République centrafricaine ont également prouvé l'implication de la mission onusienne dans des tentatives de contrebande d'armes dans le pays. Le 23 du mois dernier, les forces de gendarmerie, en coopération avec l'armée, ont arrêté un convoi du camion transportant des conteneurs se dirigeant vers l'unité pakistanaise de la MINUSCA dans la ville de Kaga Bandoro. Le plus surprenant est qu'après avoir ouvert ces conteneurs, des munitions pour armes légères, des explosifs et des mines pour obus de mortier de 81 mm ont été trouvés, les FACA se sont donc demandé pourquoi ils avaient été importés. On soupçonne que ces armes ont été préparées pour être vendues aux militants en échange d'or et de diamants.
Le même sentiment d’hostilité se retrouve au Mali, mais dans un contexte différent. Bien que la population éprouve du mal à comprendre le mandat de la MINUSMA, d'autres facteurs d'ordre politique font que cette mission onusienne fait face à une forte contestation.
Au final, on peut comprendre la colère des peuples du continent envers les missions onusiennes, ainsi que leurs souffrances dans les guerres civiles qui ont déchiré leurs pays, mais la question demeure, le Conseil des Nations Unies comprend-il cette souffrance de ces peuples et saura-t-il y trouver des solutions ?
Par Sylvain Nguema