Dialogue politique : sauf surprise de dernière heure, le pouvoir va devoir encore faire sans l’opposition!
Après plusieurs mois de suspension, une nouvelle session du Conseil national de dialogue politique (CNDP) est convoquée pour le vendredi 12 juin. A l’ordre du jour, l’évolution du processus électoral à quelques mois du début des élections générales. Si les nouveaux enjeux ne manquent pas, l’opposition campe toujours sur sa position laissant le pouvoir continuer à faire cavalier seul.
L’opposition politique va-t-elle accepter de revoir ses prétentions à la baisse et rependre sa place au Conseil national de dialogue politique (CNDP) dont une nouvelle session est convoquée pour ce vendredi12 juin? C’est la grande interrogation du moment et si pour l’heure, aucune réaction officielle n’a été encore enregistrée, les échos qui nous parviennent laissent croire au maintien du boycott des pourparlers par le FRDDR et le Front patriotique, les deux principaux fronts de l’opposition politique. En cause, et selon ce que nous avons pu recueillir, rien n’a encore changé puisque le pouvoir rechigne toujours « à créer les conditions d’un dialogue franc et sincère ». Selon un membre de l’opposition, la convocation de la session du CNDP par le premier ministre, qui en est le président, illustre cette situation car « ce format a déjà démontré ses limites ». En clair, l’opposition exige toujours de revoir les modalités du dialogue politique, avec l’implication du Président de la République et la présence de grands témoins internationaux, comme il en a été un temps envisagé avant que le dialogue politique ne capote.
Pour l’opposition, les conditions de sa participation ne sont toujours pas réunies et il est hors de question de servir de « dindon de la farce » au pouvoir. Les enjeux ont pourtant changé puisque cette fois, il s’agit d’envisager une modification du processus électoral avec les difficultés que connait le processus électoral notamment la confection du fichier électoral biométrique. L’un des sujets à l’ordre du jour, c’est en effet la question du vote des nigériens de l’extérieur puisqu’au stade actuel des choses, leur enrôlement pose problème en raison des effets induits par la pandémie du coronavirus. Il va falloir trouver des alternatives pour gérer les obstacles et cela va impacter indiscutablement l’agenda des élections selon le chronogramme actuellement adopté par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Une commission que continue d’ailleurs à boycotter l’opposition politique malgré son implication dans l’enrôlement biométrique.
Nouveaux enjeux
Le temps presse et la pression s’accentue tant du coté du pouvoir que de l’opposition. Au regard de la convocation de cette nouvelle session du CNDP, le pouvoir n’est visiblement pas prêt à céder « au chantage de l’opposition », comme le qualifie un membre du parti au pouvoir. Du coté du pouvoir, rien ne justifie en effet, une « sorte de transition politique que veut imposer l’opposition ».
Malgré les nouveaux enjeux, on s’achemine donc vers un nouveau dialogue à sens unique, un monologue politique où le pouvoir va se réunir avec les partis non-affiliés en appoint, et valider de nouvelles règles pour contourner les obstacles qui se posent actuellement. D’autant que le gouvernement n’aura aucune difficulté pour faire éventuellement adopté de nouveaux textes au Parlement où il dispose d’une solide majorité. Il suffit juste de recourir à la Cour constitutionnelle pour certains avis, et le tour est joué. Même si les textes communautaires notamment ceux de la Cédéao imposent un consensus dans ce cas de figure. Ce qui est certain, les postures affichées par les deux principales parties n’augurent rien de bon pour ce nouveau round de dialogue politique. A moins que d’ici là, la médiation d’Ibn Chambass (ONU), de l’OIF ou du NDI, ne parvienne à concilier les uns et les autres afin d’épargner au pays les risques d’une crise politique.
A.Y.B (actuniger.com)
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