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scene du massacre Ogossagou min

Deux enquêtes sont actuellement en cours sur le massacre de civils peuls à Ogossagou, qui a fait au moins 160 victimes samedi 23 mars. L’une initiée par le gouvernement malien, l’autre diligentée par la Minusma. Le point sur les premiers éléments connus.

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« Justice sera faite », a promis Ibrahim Boubacar Keïta, lundi 25 mars, alors qu’il était à Ogossagou pour se recueillir devant les fosses communes creusées pour enterrer les quelque 160 victimes de la tuerie la plus meurtrière qu’a connu le Mali depuis le début de la crise, en 2012.

L’enquête, ouverte par les autorités maliennes au lendemain de l’attaque, est menée sur le terrain sous la direction du procureur général de Mopti. Toujours en cours, elle a déjà permis de livrer quelques éléments sur les circonstances encore troubles de ce massacre qui a suscité une onde de choc dans le pays et au-delà.

« Nous avons écouté la plupart des 45 blessés, ainsi que leurs parents, qui sont actuellement soignés à l’hôpital de Sévaré et à celui de Bankass. L’équipe de la gendarmerie déployée dans le village d’Ogossagou a également mené des auditions auprès des rescapés », explique à Jeune Afrique Maouloud Ag Najim, procureur général de Mopti, qui précise que 150 des victimes ont été formellement identifiées.

Cinq suspects arrêtés

« Parmi les blessés, cinq personnes ont été identifiées par les rescapés comme étant des assaillants présumés. Nous les soupçonnons d’être des membres du groupe qui a attaqué le village d’Ogossagou le 23 mars dernier », a-t-il par ailleurs annoncé.

À ce stade de l’enquête, Maouloud Ag Najim a refusé de confirmer ou d’infirmer l’appartenance de ces cinq assaillants présumés à Dan Na Ambassagou, la milice de chasseurs dogons accusée par les représentants de la communauté peule d’avoir commis le massacre.

 « Les cinq individus ont été acheminés à Bamako pour continuer à bénéficier de soins, mais aussi pour y être auditionnés dans le cadre de l’enquête », a précisé le procureur général de Mopti. Car s’il conduit l’enquête de terrain, au regard de l’ampleur de l’attaque et de la gravité des crimes commis à Agossagou, les autorités ont également saisi Boubacar Sidiki Samaké, le procureur du pôle juridique spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Celui-ci doit envoyer une équipe à Sévaré dans les prochains jours.

Enquête parallèle de la Minusma

Parallèlement à cette enquête des autorités maliennes, la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) a également déployé sur le terrain une équipe de dix enquêteurs. Il s’agit d’« une mission d’enquête ou d’établissement des faits », a précisé Guillaume Ngefa, chef de la division des droits de l’homme de la Minusma au micro de Mikado, la radio des Nations Unies au Mali.

Chargée « d’établir les circonstances de l’attaque et le déroulement des faits » et de « permettre de situer les responsabilités de ce crime », cette mission d’enquête a pour but d’ « aider les autorités maliennes à traduire rapidement les coupables en justice », a insisté Guillaume Ngefa.

Au lendemain du massacre mené par une centaine d’hommes habillés en tenue de chasseur dogon – les « chasseurs dozo » traditionnels – , armés de kalachnikov et juchés sur des motos, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a annoncé la dissolution de Dan Na Ambassagou. Youssouf Toloba, chef de cette milice dogon, a de son côté nié être à l’origine de l’attaque, et refusé de dissoudre son groupe.

« Les conclusions sont loin d’être tirées »

« Le gouvernement ne peut pas dissoudre Dan Na Ambassagou parce que ce n’est pas lui qui l’a créé », a déclaré Toloba lundi à Jeune Afrique. « J’ai créé Dan Na Ambassagou parce qu’il y avait des attaques dans le pays dogon, où le gouvernement est absent. Le 27 septembre 2018, nous avons signé un cessez-le-feu et le gouvernement a promis qu’il allait sécuriser le pays dogon, mais jusque-là rien n’a été fait », a-t-il argué.

Plusieurs représentants de la communauté peule évoquent pour leur part un « nettoyage ethnique » et réclament des sanctions. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Ali Nouhoum Diallo, ex-président de l’Assemblée nationale et figure de la communauté peule malienne, lançait ainsi un appel pressant aux autorités : « Il faut désarmer ceux qui se livrent à ces tueries et massacres. Il faut les mettre hors d’état de nuire. »

C’est dans ce contexte tendu que les enquêteurs travaillent. Et le procureur de Mopti, Maouloud Ag Najim, prévient : « Les conclusions de l’enquête sont loin d’être tirées ».

Jeune Afrique



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