Volte-face de Yahya Jammeh en Gambie: condamnation internationale unanime
Au lendemain de la spectaculaire volte-face du président sortant de la Gambie qui conteste le résultat de l'élection présidentielle du 1er décembre, les réactions de condamnation se multiplient dans les pays voisins et les organisations régionales ou internationales.
La présidente de la Commission de l'Union africaine a déclaré « nulle et vide » la déclaration de Yahya Jammeh. Nkosazana Dlamini Zuma « l'exhorte fortement à faciliter une transition pacifique et à transférer son pouvoir » à Adama Barrow. Elle rappelle que mardi, l'UA a reconnu l'opposant comme vainqueur, et que le président gambien avait accepté sa défaite. Mais on sait que des troupes ont été déployées à Banjul et que Yahya Jammeh a promu 250 militaires jeudi et vendredi. Dans ce contexte, l'UA « appelle les forces de défense et de sécurité à rester strictement neutres ».
Elle a également demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de se réunir. Un Conseil de sécurité qui a appelé le président sortant à reconnaître sa défaite. Les quinze pays membres du Conseil de sécurité ont appelé dans une déclaration M. Jammeh à « respecter le choix du peuple souverain de la Gambie, comme il l'a dit le 2 décembre, et de transférer, sans conditions ni retard injustifié, le pouvoir au président élu, Adama Barrow. »
« Inacceptable » pour l'UE
L'ONU et l'UA qui ont signé un communiqué conjoint avec la Cédéao. Les trois organisations se disent « profondément inquiètes. Le verdict des urnes devrait être respecté et la sécurité du président élu, Adama Barrow, assurée », dit le texte.
« C'est inacceptable », a réagi de son côté l'Union européenne. Selon l'UE, toute tentative d'inverser le changement de pouvoir pourrait avoir de « sérieuses conséquences ». « Il est de la plus haute importance que tous les acteurs et institutions politiques rejettent sans équivoque toute violence et respectent la loi », explique Nabila Massrali, porte-parole du service européen pour l'action extérieure. L'UE condamne fermement les propos de Yahya Jammeh et exhorte ce dernier « à respecter pleinement l’Etat de droit et la volonté du peuple gambien » mais aussi à « permettre une transfert pacifique du pouvoir. »
Même son de cloche du côté de l'administration américaine, qui tape du poing sur la table. C'est « un abus condamnable et inacceptable de la confiance des Gambiens », dit Mark Toner, porte-parole adjoint du département d'Etat. Washington dénonce même une tentative flagrante de saper les élections et de rester illégalement au pouvoir, avant d'appeler toutes les parties à rejeter la violence.
Pour autant la situation se tend. Selon le ministre sénégalais des Affaires étrangères, un avion dépêché par la Cédéao avec à son bord, sa présidente Ellen Johnson Sirleaf, s'est vu refuser d'atterrir à l'aéroport de Banjul.
« Eviter que la Gambie bascule dans la violence »
De son côté, Amnesty International a appelé « les forces de sécurité à faire preuve de retenue si les Gambiens décident d'exercer leur droit à protester pacifiquement ». Seydi Gassama, directeur du bureau Sénégal au sein d'Amnesty international, estime que « la communauté internationale doit réagir très vite pour éviter que la Gambie bascule dans la violence dans les jours ou semaines à venir. »
Selon lui, il faut aller au-delà des condamnations : « il appartient à la communauté internationale de reconnaître, ne serait-ce que symboliquement, Adama Barrow comme étant le président légitime de la Gambie. Cela doit être fait au niveau des Nations unies, de l’Union africaine, de la Cédéao. Ensuite il faut adopter toutes les sanctions qui sont prévues. En l’occurrence, des sanctions ciblées. »
RFI
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