Jean Ping: Ali Bongo doit «respecter la volonté du peuple gabonais»
Alors que son QG a été pris d'assaut dans la nuit, Jean Ping réfugié en lieu sûr, a été joint tôt ce matin par RFI. Au moins une personne a été tuée selon nos informations et 16 autres blessées. De son côté, Jean Ping évoque le décès d'une deuxième personne. Les affrontements se succèdent depuis l'annonce des résultats hier en fin de journée, à Libreville et à Port-Gentil. Selon les chiffres officiels, le président sortant Ali Bongo a remporté le scrutin avec 49,80% des suffrages juste devant l'ancien ministre, aujourd'hui opposant, Jean Ping qui a obtenu 48,23%.
Le chef de file de l'opposition gabonaise commence par rappeler le fil des événements de la nuit.
Jean Ping : Dans la nuit, vers une heure du matin, des hélicoptères ont bombardé notre Quartier général, suivi d’une attaque au sol. Ils ont pénétré dans les locaux de notre Quartier général, ont tout cassé et ont obligé certains de nos militants à venir casser les voitures dehors... La Garde présidentielle, la police et les mercenaires veulent justifier leur attaque en disant qu'on brûlait des voitures. Puis ils ont pénétré à l’intérieur du Quartier général. Ils ont tout cassé.
RFI : Quel bilan avez-vous de cette attaque ?
Deux morts et plusieurs blessés. Le problème c’est qu'ils n'autorisent pas la Croix-rouge à pénétrer. Nous avons donc deux morts entre les bras et nos blessés qui pourraient encoure mourir.
RFI : Vous n’étiez pas à votre QG cette nuit. Vous êtes dans un lieu sûr ? C’est cela ?
Oui, je ne suis pas à mon QG, je suis dans un lieu que je peux considérer comme sûr. Mais nous avons à l’intérieur du QG plusieurs hautes personnalités qui dorment là parce qu’ils pensaient qu’ils étaient en sécurité.
Que dites-vous à cette heure à Ali Bongo ?
Ali Bongo doit comprendre qu’il ne peut pas éternellement se maintenir au pouvoir par les mêmes procédés : truquer, tuer, voler... Ils sont déjà au pouvoir depuis un demi-siècle ! Cela a fait cinquante ans que la famille règne. Et lui, il veut continuer comme ça. Ce n’est pas possible ! Il faut qu’il reconnaisse que nous sommes au 21ème siècle et que ça ne peut pas se passer, on ne peut pas entrer dans l’histoire à reculons. Il faut qu’il réalise qu’il doit respecter la volonté des urnes et la volonté du peuple gabonais.
Le Gabon va-t-il vivre des heures plus graves qu’en 2009 ?
Moi, je pense que c’est déjà plus grave qu’en 2009 ! Je pense que c’est déjà plus grave qu’en 2009.
Lancez-vous un appel au calme, Monsieur Ping, à tous ?
Quel appel au calme vous pouvez lancer ? Pour une population qui est déjà encerclée, tuée ? Nous sommes déjà dans la situation où on nous tue !
Que peut faire la Communauté internationale aujourd’hui pour le Gabon ?
Tout ! La Communauté internationale doit nous aider ! Parce que nous attirons l’attention de la Communauté internationale depuis deux ans !
Le Gabon est vraiment à un tournant de son histoire diriez-vous ?
Je crois… Je crois. Parce que – je vous le rappelais tout à l’heure – le pays est dirigé depuis un demi-siècle par une famille. La même famille. Et qui a toujours pensé qu’elle pourrait continuer à diriger le pays pendant encore un demi-siècle. Ce n’est plus possible, Monsieur ! Ce n’est plus possible ! Nous sommes au 21ème siècle ! Ce n'est plus possible...
RFI
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