Gabon : affrontements à Libreville après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo
Après quatre jours d’une longue attente, le ministre de l’intérieur gabonais a annoncé, mercredi 31 août, que le président sortant Ali Bongo Ondimba avait remporté l’élection présidentielle. Selon des résultats officiels provisoires, M. Bongo a obtenu 49,80 % des voix contre 48,23 % à son adversaire, Jean Ping, lors de l’unique tour du scrutin.
L’opposition gabonaise a aussitôt rejeté les résultats et réclamé un nouveau décompte dans la province du Haut-Ogooué, où a été signalé un taux de participation frisant les 100 %, a expliqué une porte-parole de Jean Ping. « Les Gabonais n’accepteront pas ces chiffres », a ajouté un porte-parole du candidat.
Selon l’envoyé spécial du Monde à Libreville, plusieurs foyers de tension se sont déclarés en ville. « Des manifestations ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de jets d’eau, a constaté Christophe Châtelot. Il y a eu des blessés. Près du rond-point de la Démocratie, des groupes de jeunes ont aussi tenté de barrer les rues. Des hélicoptères patrouillent dans le ciel. » Les forces de l’ordre ont aussi repoussé des manifestants, criant « Ali doit partir », qui tentaient de s’approcher du siège de la commission électorale (Cénap).
Les deux camps s’affirment vainqueurs
Après cette annonce contestée, la France a demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon. Selon le ministère des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault :
« Les conditions de l’annonce des résultats de l’élection présidentielle au Gabon sont une source de préoccupation. La France réitère son souci de transparence. Nous estimons nécessaire que les résultats de tous les bureaux de vote soient publiés. »
Avant même la proclamation de ces résultats, la responsable de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, avait appelé, mercredi, la commission électorale à publier « des résultats par bureau de vote », et non au niveau des neuf provinces ou au niveau national. Une requête rejetée par le président de la Cénap, qui a invoqué la loi gabonaise. L’UE a également demandé aux protagonistes de maintenir le calme dans le pays.
Au lendemain de cette élection, les deux principaux candidats, Ali Bongo Ondimba, 57 ans, qui briguait un nouveau septennat, et Jean Ping, 73 ans, ancien président de la Commission de l’Union africaine et ancien ministre des affaires étrangères, avaient déclaré l’un et l’autre, dimanche 28 août, qu’ils avaient remporté haut la main le scrutin.
Le Monde
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