Libération des otages d'Arlit : les Touaregs réclament 1 million € à Areva et Vinci
En tenue traditionnelle dans les rues de Paris, Alliade n'est pas passé inaperçu. Originaire de Kidal au Mali, c'est l'un des représentants touaregs du clan des Ifoghas.
Alliade faisait partie de la filière dite de Jean-Marc Gadoulet, l'ex-colonel de la DGSE qui a témoigné récemment dans nos colonnes (nos éditions du 3 juin 2015) et grâce à qui les cinq otages français salariés d'Areva et Vinci, enlevés par Aqmi en 2010 au Niger, ont été libérés.
Durant les très longs mois qu'ont duré les négociations, Alliade et les Touaregs du clan des Ifoghas ont joué un rôle crucial, au contact direct d'Aqmi. « Au Nord-Mali, nous avons d'abord vu passer le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, puis Aqmi, puis le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), soupire-t-il presque résigné. La région est devenue un lieu de passage pour les jihadistes... » C'est lui qui, plusieurs fois, a assuré la liaison jusqu'au repaire d'Abou Zeid, l'un des chefs d'Aqmi, qui détenait les otages aux confins du nord-est du Mali et du Sud algérien. C'est lui qui a entretenu le lien avec les ravisseurs et a apporté « des médicaments, de la nourriture, des vêtements, des lettres ou des livres aux otages ». Vendredi dernier, alors qu'il était à Paris, ni Areva ni Vinci n'ont souhaité lui accorder un rendez-vous. « C'est humiliant, se désolait-il. Notre filière a fonctionné jusqu'au bout dans la négociation... » Selon les Touaregs, Areva et Vinci leur avaient promis respectivement 500 000 € pour la mission qu'ils ont aidé à mener à bien, soit 1 M€ au total. Une somme qui, au Mali et au Sahel, pourrait permettre à ce peuple du désert de réaliser de nombreux projets de développement économique.
Contactés, Areva et Vinci n'ont souhaité faire « aucun commentaire sur le sujet ». Du côté d'Areva, une source bien informée attestait néanmoins « du rôle considérable joué par les Touaregs dans la négociation » à l'époque. Mais les deux entreprises s'en tiennent à une ligne dure et refusent totalement d'accéder aux revendications financières touaregs.
Le Parisien
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