Fraude immobilière à grande échelle à Niamey et Karma : un réseau de faux actes et corruption démantelé, 22 fonctionnaires et promoteurs interpellés
La Direction de la Police Judiciaire (DPJ) du Niger a frappé un grand coup dans la lutte contre la fraude immobilière. Un important réseau spécialisé dans la fabrication de faux actes de cession, le morcellement illégal d'espaces publics, la corruption d'agents publics et privés, ainsi que dans le blanchiment de capitaux, a été démantelé à Niamey et dans la commune de Karma (région de Tillabéri, département de Kollo). Au total, 22 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Parmi elles figurent des fonctionnaires en charge des questions foncières, des agents municipaux, des promoteurs immobiliers et des intermédiaires.
Fruit d'une enquête minutieuse appuyée par les services de renseignement de l'État, l'opération a permis de dévoiler l'ampleur d'une fraude massive orchestrée autour de la gestion foncière. Les faussaires ciblaient des lotissements stratégiques tels que Valimo Ko Hinza, Valimo KAR SAM BA, Koira Kano 2 et 3, SONIPRIM, Cité du Progrès, Bosseye Bongou Plateau, Kalley Plateau, SATU, Tondikoirey-Banizoumbou, Baba Fandou et la Zone Tampon.
Le réseau démantelé regroupait des fonctionnaires de l'État, des agents municipaux, des promoteurs et démarcheurs immobiliers, ainsi que des complices opérant au sein de certaines sociétés immobilières. Ensemble, ils montaient de faux dossiers de cession de parcelles en contournant les procédures légales, notamment celles liées au déclassement des réserves foncières de l'État.
L'enquête a révélé des faits graves : établissement de faux actes de cession liés à l'opération "arriérés de salaires contre parcelle", vente illégale de réserves foncières, falsification de cachets et de signatures officielles, et archivage clandestin d'actes vierges au mépris des procédures réglementaires.
Les principales victimes de ces manœuvres frauduleuses sont des fonctionnaires de l'État et des personnes morales, abusées par la présentation de documents falsifiés.
Au total, 22 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue pour détournement de biens publics, faux et usage de faux, stellionat, corruption, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, abus de confiance par salarié, complicité et association de malfaiteurs.
Lors des différentes perquisitions menées dans le cadre de l’enquête, les forces de l’ordre ont procédé à d’importantes saisies. Elles ont ainsi mis la main sur 2 308 actes de cession falsifiés, ainsi que 12 actes vierges destinés à de futures opérations frauduleuses. Les enquêteurs ont également récupéré 77 titres fonciers, preuve de l’ampleur des malversations. Sur le plan financier, une somme globale de 23 517 300 F CFA a été saisie, provenant vraisemblablement des transactions illicites opérées par le réseau. Dans leur traque, les équipes ont aussi découvert 20 cachets officiels contrefaits, utilisés pour légitimer les faux documents. Enfin, six ordinateurs, dont quatre portables et deux de bureau, ont été saisis. Ils servaient à la fabrication et à l’archivage des faux actes de cession.
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