CULTURE : Comme « Tayi Taouri », il ne faut pas trop en rire !
Le concept « Tayi Taouri » ou « Tayi Tawri » qui est devenu ces derniers un véritable phénomène socioéconomique et culturelle au Niger, n’est véritablement pas du goût de « certains d’en haut » comme en témoigne la cabale qui a visé dernièrement plusieurs artistes l’ayant magistralement mis en contexte à travers plusieurs œuvres qui cartonnent partout dans le pays.
Ce lundi, le chanteur Idi Sarki et les membres du groupe de rap MDM Crew, auteurs du clip « Komi yayi Tawri », ont été convoqués à la Police judicaire (PJ) de Niamey où, fort heureusement, ils se sont vu notifier que les charges retenues contre eux ont été abandonnées. De justesse donc même si le mal est déjà fait car l’un des initiateurs du concept, l’humoriste Ada Maikano, a lui passé, en fin de semaine dernière, plus de deux (02) jours de garde à vue dans les mêmes locaux de la PJ. A l’époque, des doutes subsistaient sur les raisons de son interpellation alors que plusieurs interprétations circulaient à Niamey comme dans le reste du pays. Mais avec la convocation des artistes Idi Sarki et du MDM Crew, le doute n’est plus permis. Il ne faut pas trop en rire de la situation socioéconomique assez difficile que traverse le pays et que le concept « Tayi Taouri » met si bien en exergue.
Certains ont certes trouvé à redire sur certains propos contenus dans les chansons, mais à l’évidence, il ne s’agit que d’œuvres artistiques qui contextualise brillamment ce que les autorités eux-mêmes ressassent à longueur de journée à travers des mots comme « austérité », « crise financière » ou « conjoncture économique ».
Du reste, la grande mobilisation citoyenne qui a suivit l’interpellation des artistes a démontré que les nigériens dans leur ensemble sont plus que jamais engagés en faveur de la préservation de certains acquis notamment leur droit à l’expression ou tout simplement « le droit de rire ». N’est ce pas pour cela que notre président a assisté, entres autres, à la marche de Paris à la suite de « l’affaire Charlie Hebdo », véritable référence mondiale en matière d’humour et de satire politique en dépit des critiques dont il fait l’objet ? C’est en tout cas ce que mettent en avant certains nigériens et cela a valeur de preuve.
Le rire dans notre pays est, en effet, une véritable thérapie sociale comme peuvent en témoigner les spécialistes de la question. C’est cela qui aurait dû être pris en compte même si dans le contexte actuel, le débat a vite fait de prendre une autre tournure, « politicienne » cette fois entre partisans de la majorité et de l’opposition. Surtout après le soutien reçu par « Ada na Maradi », récompensé pourtant il y a quelques mois par le président Issoufou pour son œuvre, de la part d’un parti politique, le Moden Lumana en l’occurrence, qui a mis à sa disposition son avocat, maitre Boubacar Mossi.
L’un dans l’autre, les nigériens se sont mobilisés derrière leurs artistes et viennent de démontrer leur engagement permanent à défendre leurs droits les plus légitimes. C’est la principale leçon à tirer de ce fâcheux épisode qui vient ternir encore l’image de notre pays et s’il n’en fallait pas en rire, ceux qui sont derrière ces interpellations ont plus joué contre leur camp qu’autre chose. Désormais, le phénomène va aller en s’amplifiant surtout avec la décision des artistes de produire un nouveau clip de soutien à leurs pairs.
Plus que jamais donc, le phénomène « Tayi Taouri » qu’on retrouve pourtant dans d’autres œuvres notamment au Nigéria voisin, va entrer de manière magistrale dans le lexique politique, socioéconomique et culturelle de notre pays !
A défaut d’en rire de cet épisode, c’est ça de gagner pour notre pays. Et les nigériens ne sont pas près d’arrêter de « Loler », MDR (mourir de rire), DKN (Daria kaché ni) ou de BDH (Bou da hariyan)… Parfois, c’est tout ce qui reste pour certains et il y en a bien de ces situations où à défaut de ne pouvoir rien faire, il faut juste en rire !!!
A.Y.B (Actuniger.com)
Commentaires
Un con est au moins un
Un con est au moins un
Un con est au moins un
Tu veux encore qu'il revient pour son oeuvre de vole des enfants Ibbo, oubien pour venir ravitailler les gabdi de Ny?