Au nom de la liberté de la presse : Pas de pouvoir sans responsabilité
« Quand la presse est libre, cela peut être bon ou mauvais, mais assurément sans la liberté, la presse ne sera jamais autre chose que mauvais » nous dit Albert Camus. Pour la presse comme pour l’homme, la liberté n’offre qu’une chance d’être meilleure, la servitude n’est que la certitude de devenir pire.
La presse Nigérienne est libre. C’est d’ailleurs l’une des plus libre au monde parce que notre presse ne connait plus la servitude politique. Aux USA par exemple, la journaliste Judith Miller a eu à faire de la prison dans le cadre de la 2eme guerre d’Irak pour avoir refusé de dévoiler sa source à un juge fédéral. En Chine, la journaliste GAO Yu encourt la prison à perpétuité, car étant accusée d’avoir transmis des "secrets d’Etat " à un media Allemand auquel elle collabore régulièrement. L’Arabie Saoudite n’encourage pas les débats politiques et sociaux. RAEF Badawi, lauréat du prix RSF, en sait quelque chose. Ce cyberactiviste a reçu 1000 coups de fouets pour avoir donné son opinion sur les affaires de la Cité. Au Cameroun, écrire une lettre ouverte au Président Biya est synonyme d’atteinte à l’autorité etc… Ce qui est impensable au Niger.
La presse Nigérienne n’est plus dans la servitude politique, mais elle est encore dans la servitude économique comme toutes les presses du monde. De Baba Tandja à Issoufou, chacun d’une manière tacite a voulu la mettre au pas avant de se rendre compte que c’était un combat perdu d’avance parce que la liberté de presse n’est pas un don de l’alternance qui a été enfantée par les libertés publiques et particulièrement la liberté de presse. Le pluralisme médiatique est effectif au Niger, avec une dizaine de chaînes de télévisions, de plusieurs sites d’informations, sans compter les différents chaînes de radios. Le Niger est également l’un des rares pays africains à s’être doté d’un fonds substantiel de soutien à la presse. La déclaration de la table de la montagne vient consolider les retombés de la démocratie difficilement acquis, mais aussi tout en gardant à l’esprit le respect du code de la presse car : le pouvoir ne va pas sans la responsabilité.
La presse est un immense pouvoir qui va donc avec une immense responsabilité. L’un ne va pas sans l’autre. La presse, de nos jours ce sont deux courants : Ceux effectivement qui sont gardiens du temple de l’éthique et de la déontologie, mais aussi et surtout le désert de l’ignorance, de l’inculture et de l’extravagance qui ne cesse d’avancer depuis un certain temps. Laisser un pouvoir aussi important et aussi sensible que la presse entre les mains d’une corporation, sans aucune responsabilité, est une menace non seulement pour la presse, mais aussi pour notre démocratie. Quand on voit l’audace de certains journalistes, on mesure le degré d’ignorance qui sévit dans la presse d’aujourd’hui où l’extravagance a remplacé le talent. Porter plainte contre un journaliste n’est pas attenter à la liberté de presse parce que l’honneur d’un journaliste réside dans sa capacité à apporter la preuve de ses écrits. Ces derniers ont libre cours pour enquêter, analyser, informer et dénoncer toute tare afin de susciter des débats susceptibles d’influencer la Cité idéale de Platon.
Au Niger, nous jouissons d’un climat démocratique au dessus de nos têtes, et c’est une chance pour nous de dire ce que nous pensons, chose qui ne se passe pas sous d’autres cieux. Ainsi, l’essentiel ce n’est pas de créer une télévision ou un site internet, mais de le faire vivre conformément à la ligne qu’on s’est choisie tout en respectant l’éthique et déontologie. « Un homme sans éthique est une bête sauvage lâchée sur le monde » conclut Camus. En attendant que les uns et les autres rectifient le tir pour la bonne marche de cette profession noble et qui mène à tout dans la vie, bonne fête de la journée mondiale de la presse.
SEYNI SAMI Youssoufou
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