Transition au Niger : Selon des ONGs internationales, « les droits humains en chute libre un an après le coup d’État »
Dans un communiqué conjoint publié en marge du premier anniversaire de l’avènement du CNSP, des organisations internationales de défense et de promotion des droits de l’homme ont estimé qu’un an après le coup d’État militaire au Niger, « au lieu d’avancer sur la voie du respect des droits humains et de l’État de droit, les autorités militaires accentuent la pression sur l’opposition, la société civile et les médias indépendants ». Selon Amnesty International, Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), « les droits humains sont en chute libre un an après le coup d’État », en mettant en avant plus particulièrement la répression, par les autorités militaires au pouvoir, de l’opposition et des médias ainsi que le rejet de tout examen de leurs dépenses militaires.
Dans le communiqué conjoint, Amnesty International, Human Rights Watch et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), rappelent que les autorités militaires du CNSP ont arrêté « arbitrairement » l’ancien président Mohamed Bazoum, au moins 30 responsables du gouvernement renversé et personnes proches du président destitué, ainsi que plusieurs journalistes. « Elles ont rejeté tout examen de leurs dépenses militaires, en dépit de leurs déclarations en faveur de la lutte contre la corruption », poursuit le communiqué dans lequel les trois organisme estiment que « les autorités nigériennes devraient libérer immédiatement toutes les personnes détenues pour des motifs politiques ; garantir le respect des libertés fondamentales, notamment les droits à la liberté d’expression, d’opinion et d’association ; et s’engager publiquement à faire preuve de transparence et de redevabilité dans la gestion des dépenses militaires ».
« Un an après le coup d’État militaire, au lieu d’avancer sur la voie du respect des droits humains et de l’État de droit, les autorités militaires accentuent la pression sur l’opposition, la société civile et les médias indépendants », a déclaré Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et centrale. Et d’estimer que « es autorités militaires nigériennes devraient libérer Mohamed Bazoum ainsi que toutes les personnes détenues pour des raisons politiques et garantir leurs droits à une procédure régulière. »
Dans le communiqué conjoint, Amnesty International, HRW et la FIDH rappellent également que le 26 juillet 2023, le général Abdourahamane Tiani et d’autres officiers de l’armée nigérienne du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ont renversé Mohamed Bazoum, élu à la présidence du pays en 2021, et l’ont détenu « arbitrairement » lui, sa famille et plusieurs membres de son cabinet. En réponse au coup d’État, le 30 juillet 2023, la CEDEAO a imposé des sanctions, notamment des sanctions économiques, des interdictions de voyager et des gels d’avoirs, aux leaders du coup d’État et au pays en général. Le 22 août 2023, l’Union Africaine (UA) a suspendu le Niger de toute participation à ses organes, institutions et activités. Le 28 janvier 2024, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont annoncé leur retrait de la CEDEAO, et le 24 février, cette dernière a levé les sanctions contre le Niger.
Depuis le coup d’État, poursuit le document, Mohamed Bazoum et son épouse sont détenus au palais présidentiel à Niamey, la capitale. Les trois organisations ont exprimé à plusieurs reprises des inquiétudes quant à leur bien-être. En août 2023, les autorités ont annoncé leur intention de traduire en justice Mohamed Bazoum pour « haute trahison » et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure, mais il n’a pas encore été présenté à un juge. En septembre 2023, Mohamed Bazoum a intenté une action en justice devant la Cour de justice de la CEDEAO à Abuja, invoquant des violations des droits humains à son encontre et à l’encontre de sa famille pendant leur détention. En décembre 2023, la Cour de la CEDEAO a statué que Mohamed Bazoum avait été arbitrairement détenu et a appelé à sa libération. En avril, les autorités ont engagé une procédure judiciaire contre Mohamed Bazoum pour lever son immunité présidentielle afin qu’il puisse être jugé pour des crimes présumés commis après son élection en tant que président en 2021. Le 14 juin 2024, la Cour d’État du Niger a levé l’immunité à l’issue d’une « procédure qui n’a pas respecté les normes essentielles d’une procédure régulière ainsi que les standards internationaux en matière de procès équitable, notamment le droit à la défense ».
Selon toujours le communiqué conjoint, « les autorités militaires ont également arrêté arbitrairement au moins 30 responsables du gouvernement déchu, y compris d’anciens ministres, des membres du cabinet présidentiel et des personnes proches de l’ancien président, sans leur accorder une procédure régulière ni respecter leurs droits à un procès équitable ». Et d’ajouter que les avocats représentant les personnes arrêtées ont déclaré que leurs clients avaient été détenus au secret par les services de renseignement, avant d’être transférés dans des prisons de haute sécurité pour des accusations sans fondement. Au moins quatre d’entre eux ont été libérés sous caution en avril, tandis que tous les autres ont été accusés d’« atteinte à la sûreté de l’État », entre autres infractions, par un tribunal militaire bien qu’ils soient des civils.
Répression accrue de la liberté de la presse
Depuis le coup d’État de 2023, « la liberté des médias a été fortement restreinte dans le pays », poursuit le communiqué qui rapporte que « les autorités ont menacé, harcelé et arrêté arbitrairement des journalistes, dont beaucoup indiquent qu’ils s’autocensurent par crainte de représailles ».
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C’est ainsi que, liste la même source, le 30 septembre, des hommes qui se sont présentés comme des membres des forces de sécurité ont arrêté Samira Sabou, blogueuse et journaliste, au domicile de sa mère à Niamey. Le lieu de détention de Samira Sabou est resté inconnu pendant sept jours. La police judiciaire de Niamey a d’abord nié son arrestation mais, le 7 octobre, Samira Sabou a été transférée à l’unité des enquêtes criminelles de la police de Niamey, où son avocat et son mari lui ont rendu visite. Le 11 octobre, elle a été inculpée de « production et diffusion de données susceptibles de troubler l’ordre public » et libérée dans l’attente de son jugement. Aucune date n’a été fixée pour le procès.
Le 29 janvier, le ministre de l’Intérieur a publié un décret qui a suspendu les activités de la Maison de la Presse, une organisation de médias indépendante, et annonçant la création d’un nouveau comité de gestion des médias dirigé par le secrétaire général du ministère de l’Intérieur. Et le 13 avril, les forces de sécurité ont arrêté Ousmane Toudou, journaliste et ancien conseiller en communication du président déchu. Dans les jours qui ont suivi le coup d’État de juillet 2023, Ousmane Toudou a dénoncé la prise de pouvoir par l’armée dans un message largement diffusé sur les réseaux sociaux. En mai 2024, il a été inculpé de « complot contre la sûreté de l’État » et envoyé en détention provisoire. Aussi, le 24 avril, les forces de sécurité ont arrêté Soumana Maiga, le directeur de publication de L’Enquêteur, après que le journal a relayé un article publié par un journal français sur l’installation présumée de systèmes d’écoute par des agents russes sur des bâtiments officiels de l’État. Il a été présenté à un juge en mai, placé en détention pour atteinte à la défense nationale et libéré le 9 juillet dans l’attente de son procès.
Tchima Illa Issoufou, correspondante de la radio BBC en langue haoussa au Niger, a déclaré avoir reçu des menaces de la part de membres des forces de sécurité l’accusant de tenter de « déstabiliser le Niger » en raison de sa couverture de la situation sécuritaire dans la région de Tillabéri, dans l’ouest du Niger, où des groupes islamistes armés mènent des attaques contre les civil·e·s et les forces de sécurité. « J’ai été attaquée par des partisans de la junte sur les réseaux sociaux », a-t-elle expliqué à Amnesty International en mai après avoir fui le Niger pour un autre pays. « Ils m’ont accusée de travailler sous influence étrangère. », a-t-elle confié. Le 26 avril, les forces de sécurité ont arrêté Ali Tera, un militant de la société civile que Tchima Illa Issoufou avait interviewé.
Aussi, le 29 mai, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme a publié une circulaire suspendant toute visite des organisations de défense des droits humains dans les prisons nigériennes « jusqu’à nouvel ordre », en violation du droit national et international relatif aux droits humains, y compris la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, que le Niger a ratifiée en 1988. De même 12 juin, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme a publié un communiqué de presse annonçant la modification d’une loi de 2019 sur la cybercriminalité. Cette loi, qui criminalisait « la diffusion, la production et la mise à la disposition d’autrui de données pouvant troubler l’ordre public ou portant atteinte à la dignité humaine par le biais d’un système d’information », a été utilisée pour réprimer les droits humains, notamment le droit à la liberté d’expression en ligne en 2020. En 2022, le gouvernement de Mohamed Bazoum, à la suite d’une campagne soutenue de la société civile, a modifié la loi, remplaçant les peines de prison par des amendes pour les infractions liées à la diffamation. Les modifications du 12 juin, cependant, rétablissent les peines d’emprisonnement.
« La longue liste d’attaques contre des journalistes au cours de l’année écoulée témoigne de la détermination des autorités à restreindre la liberté de la presse et le droit d’accès à l’information », a expliqué Drissa Traoré, secrétaire général de la FIDH. « La modification de la loi de 2019 sur la cybercriminalité constitue un recul dangereux et pourrait être utilisée pour faire taire toute voix jugée dissidente, et certainement pour cibler davantage les défenseur·e·s des droits humains, les activistes et les journalistes. Les autorités nigériennes doivent revenir sur cette décision et garantir la liberté d’expression. », a-t-il souligné avant de rappeler que la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, tous deux ratifiés par le Niger en 1986, garantissent les droits à la liberté d’opinion et d’expression.
Pas d’examen des dépenses militaires
Selon Amnesty International, HRW et la FIDH, le 23 février, Abdourahamane Tiani, qui s’est engagé à lutter contre la corruption après avoir pris le pouvoir, a signé une ordonnance abrogeant tout examen des dépenses militaires. L’ordonnance stipule que « les dépenses ayant pour objet l’acquisition d’équipement ou matériel ou de toute autre fourniture, la réalisation de travaux ou de services destinés aux forces de défense et de sécurité […] sont exclues du champ d’application de la législation relative aux marchés publics et à la comptabilité publique » et sont également exonérées d’impôts. La transparence vis-à-vis des budgets et dépenses militaires est cruciale pour lutter contre la corruption et la mauvaise gestion. Elle contribue par ailleurs au respect des droits humains et de l’État de droit, à une gestion adéquate des dépenses militaires et à la redevabilité du gouvernement, ont déclaré les organisations.
« L’examen public des activités économiques de l’armée est non seulement essentiel pour rétablir un régime démocratique civil et tenir les autorités militaires pour responsables des abus, mais aussi pour prévenir la perte de ressources publiques due à la corruption et à la mauvaise gestion », a conclu Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch. « Les autorités nigériennes devraient s’engager en faveur de la transparence et de la redevabilité en divulguant immédiatement des informations financières vérifiables sur les dépenses militaires. », a-t-il ajouté.
Ikali Dan Hadiza (Actuniger.com)
Commentaires
Quand TOTO A DIT partage...
Le Niger POURRAIT prochainement rouvrir sa frontière avec le Bénin à Malanville.
La mission diligentée à Cotonou par le Général Abdourahamane Tiani est satisfaite des échanges tenus avec le Président Patrice Talon. Les deux parties réfléchissent déjà aux modalités de la reprise de leurs relations diplomatiques.
Le Bénin et le Niger s’engagent désormais à dialoguer pour régler leurs différends. C’est dans ce cadre que Patrice Talon a reçu une délégation de haut niveau dépêchée à Cotonou par le Général Tiani.
A l’issue des échanges, on peut principalement retenir que le Niger est désormais disposé à lever les barrières posées à sa frontière à Malanville.
Mais avant, Niamey réclame des préalables.
On a compris que les autorités béninoises sont disposées à discuter.
A suivre
"Nous voulons que les relations avec le Bénin soient mieux qu’avant. On veut que ça soit au bénéfice des nigériens. C’est l’intérêt du Niger qui sera mis en avant pour que la reprise puisse être effective. Dixit
Selon Toumba Mohamed, Ministre Nigérien de l’Intérieur et de la Sécurité Publique
Le Niger pose des problèmes sécuritaires et invite les Autorités à la mise en place d’un plan objectif coordonné entre les trois pays qui partagent la frontière.
Selon le Ministre Toumba, il est important de régler l’épineuse question de la menace sécuritaire avant la réouverture de la frontière.
« Dans un premier temps, nous avons évoqué le problème sécuritaire. Si, nous nous engageons à rouvrir la frontière tout de suite dans la foulée, ça va être contreproductif parce que les bandits vont se mettre à attaquer les convois sur les axes », a-t-il argué.
Le chef de la délégation nigérienne s’est dit satisfait de la mission. « Nous avons été entendus. Ils (autorités béninoises) ont été ouverts à toutes les propositions. A mon niveau, c’est une mission très positive. C’est une mission qui a atteint ses objectifs », a martelé Mohamed Toumba.
De son côté, le Bénin est prêt à mener des actions adéquates pour rassurer le pays voisin. Ainsi, sur la prétendue présence de bases militaires françaises au Bénin, la hiérarchie militaire a proposé une visite guidée du territoire pour faire constater aux autorités nigériennes que cette affaire est une simple vue de l’esprit.
La frontière Bénin – Niger est fermée depuis juillet 2023 suite au coup d’Etat. Le Bénin, en application des sanctions de la CEDEAO a posé des barrières pour empêcher la circulation entre les deux pays.
Le Niger a répliqué en fermant aussi de son côté.
En Décembre 2023, le Bénin a rouvert la frontière de son côté après la levée des sanctions.
Mais depuis lors, le Niger a gardé sa frontière fermée. Ce conflit a finalement affecté l’accord du pipeline signé entre les deux pays pour faciliter le transport du brut Nigérien.
La médiation conduite par Boni Yayi et Nicéphore Dieudonné Soglo
Alors que la tension prenait des proportions incontrôlées entre les deux pays, les anciens Présidents Béninois Boni Yayi et Nicéphore Soglo ont décidé de prendre le devant de la médiation.
En juin 2024, ils se sont rendus à Niamey pour échanger avec le Général Tiani qui a montré sa volonté de renouer le dialogue avec son homologue Béninois.
Patrice Talon aussi n’a pas trouvé d’inconvénient à ce propos.
C’est à la suite de cette démarche des anciens Présidents que la délégation de Toumba a été dépêchée à Cotonou.
Il a d’ailleurs rendu hommage à Boni Yayi et à Nicéphore, grâce à qui le dialogue est désormais possible entre les deux pays
Elles étaient où quand les nigeriens souffraient faute de médicaments et de norriture ?
Elles etaient où quand les nigériens passaient la nuit devant les banques pour pouvoir retirer quelques billets ?
Elles étaient où quand les nigeriens subissaient des coupures d'électricité 22h sur 24 parce que le Nigéria avait suspendu la fourniture d'énergie ?