Education: les fermetures d'écoles au Sahel en hausse en raison de l’insécurité (Save the Children)
La recrudescence de la violence au Sahel (Burkina Faso, Niger et Mali) a entraîné la fermeture de près de 7.800 écoles primaires, ce qui correspond à une hausse de 20 % au cours de l'année écoulée, a annoncé dans un communiqué publié ce vendredi 8 septembre 2023, l’ONG internationale Save the Children. En conséquence, à la fin du mois de juin 2023, environ 1,4 million d'enfants n'avaient pas accès à l'éducation et aux compétences dont ils auront besoin pour contribuer pleinement à leur communauté en tant qu'adultes. A la même période, l'année dernière, environ 6.400 écoles primaires avaient été fermées, ce qui avait affecté environ 1,2 million d'enfants.
À l'approche de la Journée internationale pour la protection des écoles contre les attaques, Save the Children a ainsi lancé un appel aux gouvernements et aux parties prenantes à prendre des mesures pour protéger l'éducation des enfants au Sahel, en soutenant la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui est un engagement et un cadre permettant aux États de protéger l'éducation dans des contextes fragiles.
En raison de la recrudescence de la violence au Sahel, a indiqué l’ONG dans son communiqué, de nombreux enfants et enseignants sont trop effrayés pour aller à l'école. Il est également arrivé que des groupes armés attaquent directement des écoles et endommagent les bâtiments scolaires. De nombreux enfants sont déplacés à l'intérieur du pays par le conflit et n’ont plus accès à l'éducation.
Le nombre de fermetures d'écoles primaires est le plus élevé au Burkina Faso (5 318), suivi du Mali (1 545) et du Niger (958).
Mohamed*, 13 ans, et sa famille ont fui leur maison en raison du contexte sécuritaire. Il vit aujourd'hui à Pissila, au Burkina Faso et témoigne : "Nous avons fui notre village à cause de l'insécurité. Et je n'ai pas de papiers sur moi pour prouver que je suis allé à l'école ailleurs. Nous avons tout laissé là-bas quand nous avons fui. Honnêtement, quand je me couche le soir, je n'arrive même pas à m'endormir. Quand je pense que je ne pourrai plus faire ce que j'avais l'habitude de faire, cela me fait vraiment mal au cœur. Je pense que cette situation compromet ma vie, parce que l'école allait l'améliorer, mais maintenant nous ne pouvons plus y aller".
De nombreux enfants de la région ont également été tués ou blessés, ou ont été témoins d'attaques comme Moussa*, 12 ans, vivant à Tillaberi au Niger : « ... ils ont lancé quelque chose, quand ça a explosé tout le monde a paniqué, les gens étaient dans la brousse, d'autres à la maison mais nous étions à l'école. Certains ont rampé pour rentrer dans les classes, d'autres ont couru dans toutes les directions, d'autres se sont cachés dans les classes. Moi, j’ai rampé jusqu'à la maison, j'ai trouvé que les gens s'étaient enfermés et que les petits enfants pleuraient ».
La violence en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale avait déjà un impact dévastateur sur l'éducation des enfants. En 2022, il a été rapporté que 57 millions d'enfants d ‘Afrique centrale et occidentale ne sont pas scolarisés, ce qui représente près d'un quart des enfants dans le monde. À ce jour, 17 États sur 27 ont signé la déclaration sur la sécurité dans les écoles.
Vishna Shah, directrice du plaidoyer, de la communication, des campagnes et des médias pour le bureau régional de Save the Children en Afrique occidentale et centrale, a déclaré : "La violence armée au Sahel prive les enfants de leur éducation et de leur avenir. Les attaques contre les écoles doivent cesser maintenant. Les enfants et les enseignants doivent pouvoir aller à l'école sans craindre la violence. L'éducation des enfants ne peut être mise en pause. Les gouvernements et les parties prenantes au Sahel doivent tout faire pour protéger le droit des enfants à l'éducation, notamment en mettant en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et ses lignes directrices."
NOTES :
*Les noms ont été modifiés pour protéger l'anonymat. Le nombre de fermetures d'écoles primaires en 2022 et 2023 est basé sur les chiffres du ministère de l'Éducation du Burkina Faso et des rapports des clusters éducation du Mali et du Niger.
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