Le ramadan sous 45° sans eau ni électricité : le calvaire quotidien des nigériens
Une rue du quartier Ryad de Niamey sans électricité. Photo prise le 09 Mai 2019 à 21h.
C’est un véritable calvaire que vivent les nigériens en ce mois de mai qui coïncide à celui du mois sacré de Ramadan. Les coupures intempestives d’électricité et d’eau sont venues amplifiées le poids particulièrement écrasant d’une chaleur étouffante avec un thermomètre qui oscille entre les 44 et 45° à l’ombre, et parfois jusqu’à 46° certains jours dans certaines localités. Des conditions rendues difficiles par l’incapacité de la Nigelec à assurer une fourniture normale de l’électricité, et à la SEEN d’assurer une desserte normale de l’eau.
La Nigelec dans ses œuvres
La situation est particulièrement aiguë à Niamey la capitale, bien qu’elle n’épargne pas les autres localités du pays. Partout c’est presque le même calvaire quotidien. A Niamey, les délestages ont commencé depuis plusieurs semaines comme il est de tradition ces dernières années, en période de grande chaleur. Cependant, cette année les coupures ont pris une tournure assez inédite et le phénomène va en persistant. «Le courant, s’il est disponible, ne vient qu’à intermittence et certains quartiers peuvent passer presque une journée sans le précieux jus, et cela à une fréquence régulière», témoigne en colère, un habitant du quartier Banifandou. A Banizambou, c’est depuis plusieurs jours que le courant ne passe presque plus.
Pour ne rien arranger les choses, la Nigelec n’a daigné jusque-là, fournir aucune explication sur les raisons de ces délestages en série. «C’est un manque de considération pour nous les abonnés alors que c’est un contrat qui nous lie avec cette société qui est pourtant publique», avance un autre habitant, cette fois du quartier Bobiel. L’absence de communication de la Nigelec a en effet, le don d’exacerber la tension auprès des clients, et de laisser aussi libre-court à toutes les supputations. Par le passé, la Nigelec s’est toujours refugiée derrière un «problème au niveau de la ligne de transport au Nigeria», mais cette fois, la société publique de distribution d’électricité est visiblement à court d’arguments. C’est ce qui explique le silence de son service de communication, d’autant que selon plusieurs sources, le problème actuel dépasse la Nigelec. Il s’agirait selon les mêmes sources, d’un problème de capacité de production du pays. Les difficultés de transport de l’électricité du Nigéria ne sont certes pas une nouveauté, mais la capitale dispose de plusieurs centrales de secours notamment celle de Goudel, et surtout celle toute nouvelle de Gorou Banda. Selon nos sources, l’une des turbines de la centrale de Goudel est tombée en panne et par manque de pièces de rechanges disponibles sur le marché, sa mise en service attendra des semaines voire des mois. Un cas qui s’est déjà présenté sous l’ancien régime de Tandja, à l’époque de Foukori Ibrahim à la direction générale de la Nigelec. La nouvelle centrale de Gorou Banda, construite récemment à coup de milliards, et qui a été annoncée comme la panacée contre les coupures que connait fréquemment Niamey et sa région, ne tourne pas aussi à plein régime. En somme, la capacité de production de la Nigelec n’est pas en mesure de répondre actuellement à la forte demande et les perspectives à court terme, ne sont que conjecturelles. En attendant donc la fin des travaux sur le réseau de transport au Nigeria, le calvaire des nigériens va continuer.
La SEEN ne répond plus
Pour ne rien arranger les choses, la desserte en eau est aussi devenue problématique ces dernières semaines. Des quartiers entiers passent des journées et parfois plusieurs jours de suite, sans recevoir une seule goutte-d ’eau à la pompe. Dans certains quartiers, c’est à des heures tardives de la nuit que les populations peuvent enfin accéder au précieux liquide. Là aussi, comme pour la Nigelec, la société en charge de la distribution d’eau, la SEEN, se mure dans un parfait silence, laissant les abonnés à leur triste sort. Des scènes assez insolites témoignent du calvaire quotidien que vivent les habitants de certains quartiers, avec des opérations de distributions d’eau parfois par les sapeurs-pompiers et dans certains cas, par de bonnes volontés.
Un calvaire qui risque de perdurer
Tous les quartiers ne sont certes pas logés à la même enseigne, et la situation ne concerne pas que Niamey, mais aussi Maradi, Zinder ou Dosso. « A Agadez et à Arlit aussi, c’est tout aussi dramatique alors que les centrales de la Nigelec d’ici ne sont pas alimenter à partir du Nigeria mais de la Sonichar », s’offusque un habitant de la localité qui dit avoir regretter d’avoir cru aux promesses faites dernièrement par les autorités qui se sont engagées à renforcer les capacités électriques de la région.
Face à cette situation, le silence des sociétés en charge de l’électricité et l’eau, ainsi que celui des autorités ; ne fait qu’irriter les opinions et amplifier les débats sur l’opportunité de certains investissements consentis par le régime alors que le pays n’a pas encore satisfait ses besoins prioritaires que sont l’eau et l’électricité. Sur les réseaux sociaux et dans les forums de discussions, l’exacerbation est à son comble. Il y a quelques années, alors que le pays faisait face à la même situation, le directeur général de la Nigelec, Alhassane Khalid, a estimé qu’au regard de la nature du problème, « seule Dieu a la solution ». Aujourd’hui encore, on semble naviguer à vue dans et dans le même cas de figure car personne ne peut se hasarder à spéculer sur la fin de ce calvaire que vivent les nigériens au quotidien…
Ikali (Actuniger.com)
Commentaires
Et talladj