M. Maikoul Zodi, Coordonnateur pays de la Campagne « Tournons la Page » : « Les élections en Afrique ne doivent plus être un moyen de légitimation d'un pouvoir usurpé au peuple. Pour nous, la fin des dictatures est possible en Afrique. »
Entamée en République Démocratique du Congo (RDC) le 15 Septembre 2017, la Campagne « Tournons la page » est une vision panafricaine de l’alternance démocratique. Elle est portée par des jeunes leaders issus des différentes couches sociopolitiques africaines profondément imbus des valeurs universelles de la Démocratie. Dans un bref entretien accordé à votre site ActuNiger, M. Maikoul Zodi parle du déroulement cette campagne au Niger.
ActuNiger (A.N) : « Tournons la Page » qu’est-ce à dire ?
Maikoul Zodi (A.N) : Avant de répondre à votre question, permettez moi de vous remercier pour cette opportunité que vous nous offrez afin de nous prononcer sur cette campagne. Aussi, je vous encourage très sincèrement site pour tous les efforts que vous faites dans le cadre de l’affirmation des libertés fondamentales notamment la liberté d’expression.
Pour revenir à votre question, ce slogan de campagne voudrait simplement dire mettre fin aux dictatures et ouvrir une nouvelle page de l’histoire d’un peuple, seul détenteur de la souveraineté. La page de la démocratie restaurée. La campagne « Tournons la Page » est donc l’expression d’une génération soucieuse du devenir de l’Afrique aujourd’hui fragilisée et humiliée par des dictatures et la démocratie de façade. Cette forme de démocratie caricaturée qui fait certes parler les urnes mais dont le résultat n'est pas véritablement l'expression de la volonté souveraine du peuple. Elle est plutôt celle de la puissance du « prince » aux commandes du pouvoir d’Etat. Les cas du Niger sous l'ère Issoufou de 2016, du RD Congo, du Togo récemment, le Tchad, du Cameroun, de la Gambie etc. sont illustratifs à plus d’un titre. C’est le lieu ici, de rendre un vibrant hommage au Peuple togolais pour la lutte de la libération.
En effet, au-delà de deux (2) mandats, tels que prévus par la plupart des Constitutions en Afrique, un Chef d’Etat qui s’entête au pouvoir ou qui tenterait de modifier la Constitution à cette fin, doit faire face à la volonté du Peuple souverain à défendre et restaurer la Démocratie. C’est du reste toute la philosophie de la campagne « Tournons la page » : les élections en Afrique ne doivent plus être un moyen de légitimation d'un pouvoir usurpé au peuple. Pour nous, la fin des dictatures est possible en Afrique. Autrement dit, il est temps de redessiner le processus démocratique, de revitaliser les vertus et les valeurs de la démocratie en Afrique.
A.N : Quel est le point du déroulement de la Campagne « Tournons la Page » au Niger ?
M.Z : Au Niger, cette campagne se poursuit dans les cinq (5) arrondissements de Niamey, la ville capitale. Des conférences publiques sont animées par d’éminents conférenciers, enseignants chercheurs de l’Université Abdou Moumouni, acteurs de la société civile reconnus pour leur engagement dans la défense des droits de l’homme et de la Démocratie. Le thème central de cette campagne est : « l’alternance démocratique en Afrique ». Le thème pays retenu pour le Niger porte sur : « l’indépendance de la Justice ». La caravane était successivement dans les arrondissements communaux Niamey 5, 1, 2 3 enfin 4. Outre le thème pays, différents sous thèmes (Droits et Devoirs du Citoyen, la citoyenneté responsable, la liberté d’expression etc) sont développés par les conférenciers au public venu nombreux pour être édifié sur les enjeux, défis et perspectives de l’alternance démocratique. Il faut noter que ces débats sont libres démocratiques et ouverts. Je me réjouis au passage de l’engouement qu’ils ont suscité particulièrement chez les jeunes et les hommes politiques tous bords confondus.
A.N : Parlez-nous à présent de la durée de la campagne et des pays engagés.
M.Z : La campagne a débuté le 15 Septembre 2017 en République Démocratique du Congo et s’achèvera à Paris en France le 15 Octobre. Date à laquelle d’ores et déjà, des organisations de société civile africaine engagées dans la campagne « Tournons la Page » projettent d’organiser la marche panafricaine pour l’alternance démocratique. Un appel citoyen pour mettre fin aux dictatures. Actuellement cette campagne suit son cours en RDC, au Gabon, au Cameroun et au Niger où sa clôture interviendra après la Table ronde prévue se tenir le 30 Septembre 2017 dans la salle de conférence du complexe GMK. Des conférences publiques seront animées sur l’indépendance de la justice. Des Magistrats, Politologues, Philosophes, Sociologues, Juristes, chacun en ce qui le concerne, viendra partager son expérience avec le public qui est d’ailleurs invité.
A.N : Quels sont les enjeux et les défis auxquels fait face la campagne « Tournons la Page » en Afrique ?
M.Z : Je dois vous dire toute suite que le premier défi à relever consiste à faire pression sur les dirigeants africains à respecter la durée de leur mandat respectif conformément aux prescriptions constitutionnelles nationales. L’alternance est une des forces qui déterminent et conditionnent la démocratie.
Dans les rapports Afrique-Occident, l’enjeu est de taille. Il s’agit pour la campagne « Tournons la Page » de lutter contre l’impérialisme économique qui consiste à piller les ressources économiques des pays faibles, d’édifier le citoyen sur l’impérialisme culturel qui cherche à imposer sa culture, en particulier son modèle démocratique au monde entier et enfin de se dresser les poings fermés face à l’impérialisme politique qui veut imposer par la force sa vision politique du monde.
A.N : Quel est votre mot de la fin ?
M.Z : C’est un appel citoyen au peuple d’Afrique de prendre son propre destin en main. L’ère des dictatures est révolue. Il n’est plus acceptable que des individus ou lobbies d’individus spolient le peuple de sa souveraineté. Il n’est plus admissible que des dirigeants tripatouillent les textes pour satisfaire leurs propres intérêts. Il n’est plus tolérable que la Justice soit aux ordres des « Princes » qui nous gouvernent. Cet appel citoyen s’adresse également à l’endroit de cette jeunesse qui monte et qui sait que la tranquillité de l’Afrique de Demain se prépare dans les remous d’aujourd’hui. La Démocratie est par essence respect des Lois, alors la jeunesse doit en toute responsabilité et conformément aux lois et règlements de la République contribuer à bâtir une Afrique forte et indépendante du joug néocolonial. Je vous remercie.
Propos recueillis par Ecrivain du Sahel
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to karami ou karanbani