M. Aliou Oumarou, président réélu du CNJN : ''C'est dans l'unité que nous allons relever tous les défis auxquels nous devons faire face''
M. Aliou Oumarou, vous venez d'être réélu pour un second mandat à la tête du Conseil National de la Jeunesse du Niger. Que pouvez-vous nous dire sur ce processus électoral qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive dans ce milieu ?
Permettez-moi de saisir l'occasion que vous m'offrez pour adresser mes sincères remerciements à toute la jeunesse nigérienne pour m'avoir renouvelé sa confiance en me portant à la tête du Conseil National de la Jeunesse pour un second mandat de 3 ans lors de l'assemblée générale élective qui s'est tenue le 17 mars 2016 à Dosso. En réalité, tout le tapage médiatique que vous avez suivi autour du CNJN et auquel vous faites allusion, n'était que l'œuvre d'une seule association de jeunesse qui n'avait pour objectif que de décrédibiliser l'institution et ceux qui l'animent pour des motifs que nous ignorons à la date d'aujourd'hui.
Mais ce qui est sûr, c'est que la vérité a été rétablie par les urnes, et les jeunes Nigériens ont fait leur choix, ce qui mettra fin à toute autre agitation de nature à troubler le bon fonctionnement de notre institution commune. Je dois aussi vous dire que si le processus de renouvellement des instances du CNJN a connu du retard, ce n'est nullement la faute au bureau sortant encore moins une volonté du Ministère de la Jeunesse qui n'avait pour objectif que de conformer les textes du CNJN à la Charte Africaine de la Jeunesse. D'ailleurs, je me fais le devoir de rendre un hommage mérité à Monsieur Abdoul Karim Dan Mallam, ministre de la Jeunesse et des Sports sortant, ainsi qu'à l'ensemble de ses collaborateurs qui ont travaillé d'arrache-pied durant des mois pour faire aboutir ce décret tant attendu par la jeunesse nigérienne.
Relativement à votre premier mandat, que peut-on retenir en termes d'actions réalisées ?
Je dois d'abord rappeler qu'avant notre premier mandat qui vient de s'écouler, le Conseil National de la Jeunesse Nigérienne était un organe méconnu par tous, qui n'intéressait ni les autorités ni les partenaires au développement. A présent, cette tendance a été véritablement renversée grâce au travail abattu par notre équipe. Ce qui démontre l'engouement suscité autour du CNJN qui est devenu aujourd'hui un organe consultatif animé par des jeunes bénévoles.
En toute la modestie, permettez-moi de vous dire qu'il n'existe pas, en Afrique, un seul conseil national de la jeunesse qui a organisé autant d'activités que nous ces quatre dernières année. Le CNJN est même devenu une référence pour la jeunesse africaine. Car, en un seul mandat, nous avons à notre actif l'organisation de plusieurs évènements internationaux dont deux (2) éditions du Forum International des Jeunes sur la Paix, la Sécurité et le Développement, tenus respectivement à Tahoua en 2014 et à Niamey en 2015. Nous avons aussi accueilli le Camp Technologique ''TECH CAMP'', en partenariat avec l'Ambassade des USA au Niger, en janvier 2016. Au niveau national, nous pouvons mettre à notre actif l'annulation du concours des Douanes de 2011 entaché de graves irrégularités ; la création d'emplois au profit de 630 jeunes grâce à des ''paye-phones'' mis à disposition du CNJN par la compagnie de téléphonie mobile Airtel Niger. A cela s'ajoutent la formation de plus de 17.000 jeunes sur la vie associative, le leadership, le contrôle citoyen de l'action publique, le montage de projet, l'entrepreneuriat social et solidaire, la lutte contre les violences en milieu scolaire. Nous avons également organisé des sessions ordinaires du Conseil National de la Jeunesse avec l'appui de l'Unicef et le Ministère de la Jeunesse et des Sports ; la célébration, chaque année, de la journée africaine et internationale de la jeunesse; le camp national des jeunes en 2013 à Mainé Soroat, en 2014 Dosso et en 2015 Tessaoua; le parrainage de plus de 524 événements des scolaires, des clubs, des fadas et autres organisations de jeunesse; la 1ère édition de la foire ''YAWWA'' des innovateurs sociaux en partenariat avec la SNV; la formation de 100 jeunes leaders de Niamey sur les élections apaisées et le DEMOCRAPOLI en partenariat avec le PCCN. En outre, le CNJN a toujours représenté la jeunesse nigérienne aux rencontres internationales. Souvent, les membres du bureau ont des audiences régulières avec le Président de la République ainsi que celui de l'Assemblée Nationale, et aussi avec le Premier ministre, les présidents des institutions de la République et des représentations diplomatiques.
D'ailleurs, pour la première fois dans l'histoire, le Niger occupe la vice-présidence de l'Union Panafricaine de la Jeunesse (UPJ) qui existe depuis 1964, ce qui témoigne, une fois de plus, du sérieux avec lequel notre équipe a travaillé.
Notre vision était donc claire. C'est celle d'imposer la jeunesse nigérienne sur l'échiquier national et international, avec bien sûr l'appui de nos autorités et des partenaires au développement, dans un esprit de construction et de respect de nos valeurs culturelles.
La paix, la sécurité et le développement constituent des priorités fortes pour les autorités de la 7ème République. Que compte faire l'organe consultatif qu'est le CNJN pour relever ces défis qui constituent des axes prioritaires du Programme de la Renaissance ?
Les questions de paix et de sécurité ont toujours été des priorités pour notre institution, parce que nous sommes conscients du fait que notre développement dépend d'un environnement stable et d'une paix durable. C'est pourquoi l'essentiel de nos activités vise à sensibiliser les jeunes Nigériens à devenir des artisans de la paix. Cela nous a conduits à organiser des rencontres régionales de sensibilisation des jeunes sur la prévention du terrorisme avec l'appui de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix(HACP). Dans le même ordre d'idées, nous avons assuré la formation et la mise en place des jeunes médiateurs pour la paix dans les huit régions du Niger avec l'appui de l'Ambassade des USA ; la mise en place d'un dispositif de Système d'Alerte Précoce et de réponses rapides par les jeunes dans la région de Diffa avec l'appui du PNUD ; la formation des jeunes leaders des régions d'Agadez et de Diffa sur la prévention de l'extrémisme violent.
Toutes ces actions ont été possibles aussi grâce à l'accompagnement technique et au soutien financier du Ministère en charge de la Jeunesse.
Le CNJN appuiera donc toutes les actions du Gouvernement ayant pour objectif d'assurer la paix et la sécurité, et initiera également des projets, comme par le passé, qui mettront les jeunes au cœur du processus de consolidation de la paix au Niger.
Alors, quelle est la contribution de la jeunesse nigérienne dans le combat mené contre le terrorisme qui défraie la chronique ces dernières années ?
La question du terrorisme n'épargne aujourd'hui aucun pays, encore moins une frange de la population. Mais il est évident que les jeunes, du fait de leur vulnérabilité, sont les premières victimes, et aussi les principaux acteurs sur le terrain des hostilités. C'est pourquoi, au niveau du Conseil National de la Jeunesse, nous avons mené d'innombrables actions dans les régions du Niger où nous avons estimé que les jeunes étaient plus vulnérables aux risques d'enrôlement dans les mouvements extrémistes. Mais je suis convaincu que la meilleure façon de vaincre le terrorisme dans la sous-région, c'est de lutter contre l'islamophobie grandissante dans le monde, et de rétablir la sécurité en Libye.
A présent, parlez-nous des innovations que vous comptez apporter durant ce nouveau mandat afin de faire du CNJN un véritable cadre démocratique d'expression et de concertation entre tous les jeunes du Niger?
L'une de nos priorités, pendant ce nouveau mandat, consiste à lutter pour que le Gouvernement crée davantage d'emplois et place plus de jeunes à des postes de responsabilités ; former et responsabiliser les jeunes filles leaders afin qu'elles deviennent les porte-paroles de leurs sœurs ; veiller à la régularité des concours d'entrée à la Fonction Publique ; lutter pour améliorer les conditions de vie et de travail des jeunes en organisant des visites surprises dans certaines entreprises ; poursuivre l'organisation des évènements nationaux et internationaux en faveur de la jeunesse ; établir des partenariats durables avec les PTF et mettre en œuvre des actions citoyennes pour un changement positif de comportement de la jeunesse nigérienne. Nous allons également mettre à profit ce mandat pour rassembler toute la jeunesse autour de nous, car c'est dans l'unité que nous allons accomplir notre lourde et exaltante mission, gagner le combat qui est commun à nous tous, et relever tous les défis auxquels nous devons faire face. J'invite, à cet effet, toute la jeunesse nigérienne à se joindre à nous pour travailler ensemble pour ce beau pays qui nous a tout donné, et éviter de tomber dans le jeu de la classe politique.
Pouvez-vous nous rappeler les missions assignées au Conseil National de la Jeunesse depuis l'adoption du Décret N°2015-545/PRN/MJ/S du 14 octobre 2015 ?
Comme vous le savez, le Gouvernement de la 7ème République a pris l'année dernière un décret historique qui est venu mettre un terme au vide juridique qui a existé depuis plusieurs années autour du CNJN. Il s'agit du Décret N°2015-545/PRN/MJ/S du 14 octobre 2015 portant création, organisation, attributions et fonctionnement du Conseil National de la Jeunesse du Niger. Conformément à ses nouvelles dispositions, le Conseil National de la Jeunesse du Niger a pour mission d'assurer la représentation de la jeunesse auprès des institutions nigériennes, africaines et internationales sur les questions relatives à la jeunesse; de coordonner la concertation et la consultation des associations, mouvements et collectifs d'organisations de jeunes, autorisés à exercer, sur toutes les préoccupations d'intérêt général des jeunes. Le Conseil formule des propositions visant à orienter et à améliorer l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques publiques de la jeunesse ; développer des relations de coopération entre les partenaires nationaux, bilatéraux et internationaux avec les associations, mouvements et collectifs d'organisations de jeunes. En plus, le CNJN encourage les bonnes pratiques de participation des associations, mouvements et collectifs d'organisations de jeunes du Niger au développement local, national et international.
Réalisée par Aïssa Abdoulaye Alfary
Le Sahel
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