Boko Haram: le Niger va remettre des centaines de détenus au Nigeria
Le Niger s’apprête à remettre plus d’un demi-millier de prisonniers membres présumés de Boko Haram au Nigeria. Une délégation nigériane a visité trois centres de détention pour identifier formellement ces détenus. Ils ont été interpellés sur le sol nigérien au cours des dix derniers mois. Cette coopération entre services de police et de justice des deux pays est une initiative du Niger.
Au total, 457 détenus ont été identifiés comme étant Nigérians et membres présumés de Boko Haram dans les centres de détention de Niamey, Koutoukalé et Kollo. C’est sans compter les 180 personnes dont la nationalité reste à vérifier. Elles sont pour la plupart incarcérées à Diffa, dans le sud-est du pays. La remise de police à police pourrait donc porter sur 637 détenus au total, conformément à un accord signé dans le cadre de la coopération policière en 1988 par les chefs d’Etat de la Cédéao, précise une source proche du dossier. Cette procédure exige moins de formalités qu’une procédure globale d’extradition.
Tous ces détenus ont été interpelés depuis le début des raids menés par Boko Haram au Niger. Les premières attaques des insurgés à Bosso et Diffa remontent en février dernier. Ces dernières semaines, les combattants islamistes ont multiplié les incursions dans les villages le long de la frontière avec le Nigeria. Quatre attaques ont été recensées entre le 26 novembre et le premier décembre, pour un bilan de 35 morts et des dizaines de blessés.
Une coopération similaire envisagée avec le Tchad
La mission nigériane, qui s’est déplacée dans la capitale du Niger, comprenait des policiers, des agents de renseignements et des fonctionnaires du ministère de la Justice. Mais selon Niamey, elle est directement rattachée à la présidence. « L’opération en cours témoigne de la parfaite coopération entre nos deux pays », se félicite un haut fonctionnaire nigérien qui a relevé « de nombreuses éclaircies », depuis l’accession à la présidence nigériane de Muhammadu Buhari. « Les interrogatoires et les enquêtes seront plus efficaces s’ils sont menés par des Nigérians, ils arriveront plus facilement à reconstituer l’entourage et l’environnement des détenus, donc dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, c’est très important », ajoute cette source contactée par RFI.
Le ministère de la Justice indique néanmoins que la délégation nigériane devra revenir à Niamey pour finaliser la procédure de transfèrement. « C’est une affaire de jours », assure pour sa part le colonel Abubakar Rabe, porte-parole de l’armée nigériane. Par ailleurs,des dizaines de ressortissants tchadiens, présumés membres de Boko Haram, sont également détenus au Niger. Niamey souhaiterait mettre sur pied une coopération similaire avec Ndjamena.
RFI
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