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Sérigne Mbacké Sougou

La semaine prochaine, le Niger et la Commission de l'Uemoa procéderont à la 2ème revue des reformes, politiques, programmes et projets de l'Uemoa. Dans cet entretien, le Représentant résident de l'Uemoa au Niger, nous parle des objectifs et résultats attendus de cette revue. Sérigne Mbacké Sougou, évoque aussi la mission assignée à la représentation de l'institution communautaire à Niamey, les différents projets de l'Uemoa au Niger mais aussi des progrès accompli par le Niger et des défis à relever dans la mise en œuvre des reformes communautaires.

 Niamey va abriter la rencontre sur la 2ème revue des reformes, politiques, programmes et projets de l'UEMOA au Niger, en quoi consiste cet exercice ?

La revue est un exercice mis en place par les plus hautes autorités de l'UEMOA, en l'occurrence, les Chefs d'Etat et de gouvernement. C'est une décision qui avait été prise en juin 2012 à Lomé à travers une déclaration lors de la conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement. Cette décision a fait l'objet d'un acte additionnel à Dakar en octobre 2013. Donc de quoi s'agit-il? Il s'agit de faire une auto-évaluation aussi bien par la commission et par les Etats de la mise en œuvre des reformes communautaires. Pourquoi faire cette revue? Comme vous le savez, l'UEMOA a été créée suite à la dévaluation du Franc CFA. Mais pourquoi on avait dévalué le CFA? C'est parce que nous n'avions pas une coordination des politiques économiques, la politique monétaire n'a pas été adossée, soutenue à une convergence macroéconomique. C'est donc pour soutenir ce socle de l'intégration que les reformes au plan macroéconomique, structurel et sectoriel ont été mises en œuvre et c'est justement pour garantir la pérennité de l'intégration économique à travers des reformes permettant de maintenir les bases de cette intégration que la revue a été instituée chaque année. Les Chefs d'Etat et de gouvernement se sont rendus compte que les reformes étaient insuffisamment mises en oeuvre. La revue de cette année a une particularité. Celle de l'année dernière n'a porté que sur les reformes. La particularité de la revue, c'est qu'en plus des reformes, cette année nous faisons la revue des programmes et projets puisque nous pensons que c'est là qu'il nous faudrait appuyer et soutenir le processus d'intégration. Cette revue se passera dans tous les Etats membres avant la prochaine conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement.

Qu'est-ce qui est attendu concrètement au sortir de cette rencontre?

Ce qui est attendu est bien évidemment ce qui est attendu de toutes les revues parce que, comme je l'ai dit tantôt, la revue concerne l'ensemble des Etats membres. Donc tous les Etats seront évalués pour voir quel est l'état de mise en oeuvre des reformes, programmes et projets. Nous attendons de cette revue de Niamey véritablement la confirmation de ce que nous avons constaté l'année dernière concernant le Niger, c'est à dire que les reformes se portent très bien dans le pays, que le Niger fait partie des trois pays qui ont le plus avancé en matière de transposition des textes donc de mise en œuvre des reformes de façon globale.

M. Sérigne MBacké Sougou, depuis quand ce bureau de la représentation résidente de l'UEMOA est ouvert et quelle est la mission qui est dévolue à la représentation?

Pour commencer je préciserai que la représentation a été instituée dans tous les Etats membres depuis pratiquement 2010. Mais au Niger elle a été installée en 2012. L'objectif de cette initiative, c'est de rapprocher la Commission des Etats membres, parce que depuis pratiquement plus de deux décennies, de 1994 à 2010 ou 2015 on a élaboré, adopté et mis en place des textes, des reformes... L'intégration se passe dans les Etats. Il faudrait faire en sorte qu'il y ait une coordination des activités, un renforcement et une accélération de la mise en œuvre des reformes. Et pour cela la Commission de l'UEMOA a jugé utile d'ouvrir des bureaux de représentation pour davantage se rapprocher des bénéficiaires de l'intégration des Etats et des peuples mais aussi et surtout d'améliorer la mise en œuvre des reformes. Donc, c'est dans ce cadre que nous sommes là. Ici au Niger, depuis que le bureau de représentation a été ouvert, il y a une amélioration importante des activités de l'UEMOA. A l'évaluation lors de la revue de l'année dernière, le Niger était à 68% de transposition des textes. Il est pratiquement parmi les trois (3) premiers pays. Mais c'est grâce peut-être à l'appui que nous avons apportés aux autorités dans la mise en œuvre de ces reformes.

L'UEMOA a mis en œuvre un certain nombre de projets dits "chantiers de l'UEMOA", parlez-nous en et expliquez-nous les objectifs assignés à ces chantiers.

Vous savez une chose, c'est de mettre en œuvre des reformes, une autre c'est de développer des politiques sectorielles, de faire en sorte que ces reformes soient visibles sur le terrain, et contribuer à la croissance économique et au recul de la pauvreté. Au Niger nous avons environ 40 projets. Il s'agit des projets qui sont en cohérence avec le Plan de développement économique et social (PDES), notamment en ses axes 2, 3, 4 et 5. Dans le domaine de l'agriculture, de l'élevage, de la sécurité alimentaire nous avons des projets importants. Je vous cite notamment les magasins de stockage qui sont construits, les parcs à bétail pour la commercialisation de la viande, l'appui aux différents services de l'agriculture et de l'élevage pour le renforcement des capacités en vue d'un meilleur encadrement des projets agricoles. Nous intervenons également dans le domaine de l'environnement plus précisément à travers les actions de désensablement du fleuve Niger à travers l'ABN. C'est un projet important de plus de 3milliards francs CFA pour faire en sorte que l'ensablement du fleuve Niger soit amoindri car, vous savez que le fleuve Niger joue un rôle extrêmement important non seulement pour le Niger mais aussi pour toute l'Afrique de l'Ouest.

Nous avons des programmes d'infrastructures dans le domaine des transports. Au Niger nous avons des postes juxtaposés à Makalondi et Pételkolé. Ces postes ont pour but de faciliter la circulation ou le transit des personnes et des biens. Dans le secteur énergétique, avec la BOAD nous contribuons au projet de la centrale thermique de Gorou Banda, une centrale importante pour le pays qui va permettre d'accroitre le potentiel électrique du Niger. C'est un projet commun de la commission de l'UEMOA, de la BCEAO et bien évidemment de la BOAD qui est en première ligne, auquel nous contribuons. Dans le domaine de l'éclairage public, nous contribuons à travers le solaire. Donc, c'est vraiment des projets importants que nous menons dans différents secteurs, la liste n'est pas exhaustive. Nous intervenons également avec les bonifications des prêts. Au total nous avons, sur la base de toutes ces interventions, une enveloppe d'une cinquantaine de milliard de francs CFA au Niger dont 33 milliards concerne le secteur de l'énergie.

Monsieur le Représentant, peut-on dire aujourd'hui que le Niger est à jour ou sur la bonne trajectoire en matière de respect ou de l'atteinte des "critères de convergence" de l'UEMOA?

Effectivement, le Niger est sur la bonne trajectoire en matière de convergence macroéconomique parce que nous avons des critères de premier rang et des critères de second rang. Parmi les critères de premier rang, il y a le déficit public, l'inflation, le taux d'endettement. A propos de ces différents critères, si on regarde ces dernières années, pour l'essentiel le Niger fait partie des pays qui appliquent les critères de premier rang. Evidemment, c'est au niveau de critères de second rang notamment sur le taux de pression fiscale qu'il y a quelques insuffisances donc au niveau la mobilisation fiscale. Mais globalement le Niger applique les critères de convergence. Quelques difficultés subsistent du fait de l'engagement du pays sur les missions liées à la sécurité. Quelques déficits peuvent exister mais c'est des situations qui relèvent du choc extérieur parce qu'il s'agit des problèmes de sécurité qui sont venus s'ajouter à la situation que nous vivons. Je dois avouer que la situation normale. En temps normal le Niger applique régulièrement les critères de convergence.
Comment se présentent les rapports entre la représentation et les autorités du Niger?
Nos rapports sont excellents parce que l'UEMOA n'est pas un bailleur de fonds classique. Elle appartient aux Etats. Je peux dire que l'UEMOA est comme une entreprise dans laquelle les actionnaires sont les Etats, les membres du conseil d'administration sont les Chefs d'Etat. Donc, évidemment il ne peut pas y avoir de difficultés de ce point de vue. Nous avons hautement apprécié la qualité des relations qu'a la commission de l'UEMOA avec le Niger et nous apprécions hautement les appuis que nous apportent les autorités du Niger. Comme vous le savez, les hautes autorités du Niger, en l'occurrence le Président de la République, le Premier ministre et le gouvernement sont très engagés dans le processus de l'intégration. Aujourd'hui on parle des reformes et vous savez que le Président Issoufou a en charge le programme de coopération monétaire de l'Afrique de l'Ouest. Justement si nous ne mettons pas en place des reformes au niveau de nos pays, on ne pourra pas avoir une convergence monétaire. Vous voyez un peu le problème qui se pose en Europe avec la Grèce, c'est exactement ce que nous voulons éviter. Il faut avoir les politiques convergentes, des reformes économiques qui permettent de soutenir la monnaie. C'est justement le débat qui se pose aujourd'hui. Est-ce que la Grèce applique les reformes, est-ce qu'il faut sortir la Grèce de la zone Euro. C'est cette problématique qui est posée. Et, le Président Issoufou a eu effectivement la clairvoyance, en dirigeant le programme de coopération monétaire, de mettre l'accent sur les critères de convergence, sur les conditions à mettre en oeuvre pour préparer l'avènement de la monnaie unique prévu en 2020. Donc, le Président Issoufou est véritablement engagé. Il l'est également en matière de la sécurité alimentaire. C'est lui qui préside le comité de haut niveau sur la sécurité alimentaire et les avancées que nous avons ces dernières années en matière de sécurité alimentaire sont en partie dues à sa clairvoyance, aux orientations et son impulsion qu'il a pu donner au comité de haut niveau pour juguler les différentes crises que nous avons connues sur le plan agricole et la sécurité alimentaire.


Propos recueillis par Zabeirou Moussa
Le Sahel

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