Canton de Bambèye (Tahoua) : Un magistrat élu chef de canton avec 77 Voix sur 110
Hamza Assoumane Bayéré Cheffou Coulmanou, un magistrat âgé de cinquante ans, succède désormais à son père au trône de Bambèye. Il a été élu Jeudi dernier à Bambèye avec 77 Voix sur les 110 qui composent le collège électoral des chefs de villages du canton. Bambèye est donc dirigé depuis 70 ans par la dynastie Coulmanou dont l'heureux élu est issu !
Jeudi dernier, l'actualité régionale de Tahoua a été dominée par l'élection du 4ème chef de canton de Bambèye, ville située à 25 km à l'ouest de Tahoua. Jadis, c'est le conseil des Sages qui se réunit à huis clos pour désigner le successeur d'un chef coutumier. De nos jours, il appartient au collège des chefs de villages du canton d'élire démocratiquement le successeur au trône. Bambèye n'échappe pas à cette règle. Le comité régional chargé desdites élections était présidé par le gouverneur de la région de Tahoua, Dr Barmou Salifou.
Outre le préfet de Tahoua, il comprend le chef du canton de Tahoua, représentant l'Association des chefs traditionnels, le commandant de groupement de la Gendarmerie, le Trésorier Régional, le responsable régional de l'Etat civil, les trois délégués des trois candidats en lice. Le conseiller juridique du gouverneur, M. Issa Maïga consultant dudit comité a du reste agi dans la transparence. Un imposant dispositif de sécurité a été mis en place à Bambèye, pour parer à toute éventualité. Les «Dogaris» ou gardes coutumiers habillés en rouge, étaient aussi associés au maintien de l'ordre à Bambèye. Le maire de Bambèye, M. Ibro Dan Kassou, le préfet de Tahoua et son commandant de brigade de la Gendarmerie sont à féliciter sur le plan de l'organisation générale.
La cérémonie proprement dite a débuté vers 11 h et s'est achevée après 13 h. Les ressortissants des 150 villages administratifs du canton de Bambèye étaient présents à la manifestation inédite dans le coin. Elle est inédite parce que le vénéré chef Assoumane Bayéré Cheffou Coulmanou, décédé le 14 Décembre 2014, a régné pendant 46 ans à Bambèye ! Rares sont donc ceux qui se rappellent comment est élu un chef là-bas (sic). Le jeudi, 25 Juin 2015, restera donc une date inoubliable à Bambèye. La manifestation a attiré tous les principaux dignitaires des quatre coins de la région de Tahoua. Malgré le vent et la canicule du jour, et malgré le jeûne, les gens ont tenu à suivre de très près le déroulement des opérations de vote à Bambèye. Personne ne voulait se faire conter la nouvelle du scrutin.
Après les conseils d'usage, le gouverneur de Tahoua, Dr Barmou Salifou, président du comité, a remis à chacun des trois candidats, un spécimen de son bulletin afin de le présenter aux 110 Chefs de villages constituant le collège électoral et regroupés dans un hangar spécial en face de la table de séance. Docteur Barmou Salifou, entouré par le chef de canton de Tahoua et son conseiller juridique, a patiemment expliqué aux votants et à l'assistance, la procédure du vote. Les 110 chefs de villages sont appelés un à un pour identification au niveau de la table de séance. Une fois que le chef de groupement de la Gendarmerie vérifie et atteste que c'est bien l'intéressé, celui-ci reçoit des mains de l'honorable Adou Moussa Salifou Galabi les trois bulletins des trois candidats et l'enveloppe dûment signés par le gouverneur. Tout bulletin ou toute enveloppe qui ne porte pas la signature du gouverneur de la région, président du comité de vote, est nul.
Ceci étant, chaque électeur se retire dans l'un des isoloirs confectionnés pour la circonstance, pour choisir librement son candidat. Les enveloppes sont ensuite mises dans l'unique urne placée sur la table de séance. Observateurs indépendants et délégués des trois candidats ont les yeux braqués sur le déroulement des faits dans l'espoir de déceler une anomalie. Après dépouillement, aucun bulletin blanc ou nul n'a été décelé. Le suffrage exprimé valable est égal au nombre exact des votants, soit 110 bulletins.
C'est finalement, le Sieur Hamza Assoumane Bayéré Cheffou Coulmanou qui a été déclaré 40ème Chef de canton de Bambèye, en obtenant 77 voix sur les 110. Son principal adversaire, M. Abdou Saddi Sabit Coulmanou s'est contenté de 28 voix tandis que le vieux Nouhou Bizo dit Tourké de Moggar a obtenu cinq (5) voix. Avant la proclamation des résultats des opérations de vote, le président du comité, Dr Barmou Salifou a exigé une minute de silence à la mémoire de l'illustre chef de Bambèye, feu, Assoumane Bayéré Cheffou Coulmanou, décédé le 14 décembre 2014. Les marabouts présents ont ensuite récité une Fatiha pour le repos de son âme.
«Soyez des frères unis pour construire le canton de Bambèye dans la paix et la concorde», a recommandé le gouverneur au chef élu et à ses deux adversaires. Le chef du canton de Tahoua, représentant de l'Association de la chefferie traditionnelle a, à son tour, tenu à prodiguer de sages conseils au magistrat élu et qui remplace son père au trône. «Soyez patient et surtout tolérant avec vos sujets» conseille l'Honorable Adou Moussa Salifou Galabi.
En réponse, le nouveau chef du canton de Bambèye M. Hamza Assoumane Bayéré Cheffou Coulmanou, a humblement déclaré : «Merci, Dieu ! Merci, Dieu, le Puissant et Miséricordieux ! J'implore la grâce et la miséricorde d'Allah pour m'assister dans mes nouvelles fonctions de chef du canton de Bambèye». Le nouveau chef a sincèrement rassuré le gouverneur de la région de Tahoua, qu'il va fidèlement collaborer avec l'administration. ''Qu'Allah nous assiste'', a-t-il encore conclu !
Le satisfecit à Bambèye, c'est qu'après les élections, les deux perdants ont tous reconnu que c'est Dieu, le Sage, qui attribue la victoire à qui il veut. Fin de citation. Tous deux ont donc reconnu leur défaite ; ils ont à tour de rôle salué le nouveau chef et lui ont souhaité bon règne. Ce qui est un bon signe. Après tout, tous sont de la lignée de Coulmanou qui règne à Bambèye, depuis la création du Canton en 1945.
Le second satisfecit à Bambèye, c'est que tout s'est bien passé dans la joie et l'allégresse traditionnelle. Aucun incident n'a été décelé. Ce qui du reste est normal, en cette période du Ramadan. C'est donc leur tolérance et leur pardon qui ont donné le courage à leurs fans d'admettre que c'est Dieu qui élit qui il veut. Maïka, un des principaux facilitateurs de l'organisation générale de ce scrutin de Bambèye, remercie aussi le Bon Dieu qui a permis le bon déroulement des opérations de vote.
Ravic Mahamadou Mamoudou ANP/ONEP/TAHOUA
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