Mise en concession du grand marché de Maradi : La ville de Maradi grugée
Le marché central de Maradi sera finalement mis en concession. Ce mode de gestion a été finalement retenu après moult réflexions par le ministère du commerce, comme étant la meilleure formule. En effet, au cours des discussions préliminaires, plusieurs propositions avaient été formulées.
Ainsi, il était dans un premier temps, question que l’État gère directement le marché. Mais cette solution a été battue en brèches au motif qu’elle était contraire à l’esprit de la décentralisation actuellement en œuvre dans notre pays d’une part. D’autre part la gestion dudit marché courait le risque d’être fortement politisée. La seconde proposition consistait à laisser la ville de Maradi gérer son marché comme cela se fait dans toutes les régions de notre pays. Là aussi, des voix se sont élevées pour évoquer le risque de voir les maires faire main basse sur les revenus issus de la gestion. C’est pourquoi, la troisième proposition consistant à mettre le marché en concession a été retenue. Ainsi, le marché de Maradi sera géré par un conglomérat de privés. La ville de Maradi bénéficiera de 35% des ressources tirées de la gestion du marché, ce qui disons-le, laisse une grande marge de tricherie aux commerçants.
Si la décision de mise en concession est présentée par le ministère du commerce comme étant la meilleure option, force est de reconnaître, que la ville de Maradi est le principal perdant. En effet, cette mise en concession ne peut être avantageuse que pour les seuls opérateurs économiques impliqués directement ou indirectement dans la gestion. Et il n’est pas nécessaire d’être économiste pour comprendre que les intérêts des opérateurs économiques et ceux des populations sont diamétralement opposés. Mais tout le monde sait par contre que la ville agit, en principe, au nom des populations et dans leur intérêt. Par conséquent, en privant la ville de Maradi d’une telle source de revenus, le ministère de tutelle a véritablement cédé au sentimentalisme. Car, en fin de compte les seuls qui tireront leur épingle du jeu, ce sont les opérateurs économiques proches du régime. Mais ce qu’on a oublié, un tant soit peu, c’est que la ville de Maradi est dans une situation particulière. Elle a épuisé ses possibilités en termes de lotissement. Après le lotissement de Zaria dont les parcelles sont déjà en vente, la ville de Maradi ne pourra plus lotir sans empiéter sur les prérogatives d’une autre commune. Or, la mairie aura besoin de ressources pour faire face à la demande sociale et surtout aux lourds investissements nécessaires à son développement. C’est pourquoi, si on veut réellement agir dans l’intérêt des populations et non pour des calculs politiques mesquins – puisque ceux qui manigancent peuvent être appelés à gérer la ville demain – il faut remettre la ville de Maradi dans ses droits, sans tenir compte de la couleur du bonnet de son maire. Ainsi, de nombreux conseillers ne cachent pas leur désarroi face à cette décision de privilégier un groupe sur toute une communauté.
On comprend donc de mieux en mieux le stress qu’a dû gérer l’ancien maire sur la question de la gestion de ce marché. En effet, Le marché central de Maradi a fait et continue de faire l’objet de nombreuses convoitises. A peine les premières pierres de sa reconstruction avaient-elles été posées que les intrigues et disputes autour de sa future gestion avaient commencé. Ce fut d’abord le maire sortant Kassoum Moctar qui allait essuyer les tirs groupés du lobby des opérateurs économiques, de ses adversaires politiques et même des autorités régionales. Chacun essayait de tirer la couverture de son coté, quoique les vraies motivations ne sont pas forcément nobles de part et d’autre. Ainsi, alors que le maire se battait pour que la gestion de ce joyau revienne à la ville, ce qui bien entendu faisait ses affaires à lui, les opératoires économiques ayant rejoint à la hâte la mouvance au pouvoir voulaient s’en approprier sous le fallacieux prétexte qu’en tant que commerçants la gestion du marché devrait leur revenir, ce qui est faux, car le commerçant gère sa boutique et non le marché lui-même. A ces deux tendances, on peut ajouter une troisième, celle constituée par les adversaires politiques de Kassoum. Ces derniers, au-delà de la place qu’ils convoitaient et qui logiquement ne pouvait pas leur revenir du fait du jeu des alliances, redoutaient la puissance financière et l’aura que le « petit » était en train de se faire dans la région. Avec ses actions populistes bien ciblées, il a pu atteindre le cœur de population de la ville. On comprend donc les nombreuses tentatives de renversement dont il a fait l’objet au moment où il occupait son fauteuil.
Garba Boureyma
Radio Garkuwa
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Commentaires
tant que guri est la il va tout donner aux blancs