Dosso : À Bagagi, le rêve d'un accès aux soins devient réalité pour les mères et les enfants grâce à un don de l'Unicef d'une valeur de 265 millions FCFA
Sous un soleil ardent, une foule en liesse s’est rassemblée sur la grande place du village légendaire de Bagagi, ce mercredi 20 août. Femmes drapées dans des pagnes aux couleurs éclatantes, jeunes au regard avide et anciens portant boubous immaculés : tous convergeaient vers un même point, unissant leurs espoirs pour célébrer un événement historique — la pose de la première pierre du futur Centre de Santé Intégré (CSI) de type 2. Financé à hauteur de 265 millions de FCFA, grâce à un don de l’UNICEF, ce projet structurant ne se résume pas à un simple geste protocolaire. Il incarne l’aboutissement d’un partenariat solide et continu entre l’UNICEF et le ministère de la Santé du Niger, dont la priorité absolue est de garantir un accès équitable aux services de santé essentiels, en particulier pour les mères, les nouveau-nés et les enfants, tant au niveau national que dans la région de Dosso.
Ce nouveau CSI s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement du système de santé. Au cours des deux dernières années seulement, grâce à un financement de la Banque Islamique de Développement (BID), l’UNICEF a déjà construit 22 centres de santé intégrés dans la région de Dosso, dont 12 dans le seul district sanitaire de Dogondoutchi. Le centre de Bagagi vient ainsi consolider ce maillage territorial vital, offrant à ce village de la commune rurale de Matankari le début d’une promesse tant attendue : rapprocher durablement la santé des familles et alléger le quotidien des femmes et des enfants.
Plus qu’un rêve, ce projet est la concrétisation d’une vision portée par l’UNICEF et fermement appuyée par l’État. Sa réception provisoire est espérée pour mars 2026, annonçant une nouvelle ère pour les soins de santé primaires dans cette partie du Niger.
Présidée par le Médecin Colonel-Major Garba Hakimi, Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, cette cérémonie a revêtu un caractère exceptionnel par la présence conjointe des plus hautes autorités nationales, régionales et traditionnelles, ainsi que des partenaires techniques et financiers. À ses côtés figuraient Mme Djanabou Mahondé, Représentante de l’UNICEF au Niger, dont l’organisation finance intégralement le projet, et le Gouverneur de la région de Dosso, témoignant de l’importance stratégique de cet investissement pour la région.
L’événement a également réuni l’ensemble de la chaîne décisionnelle et opérationnelle locale : le Secrétaire Général Adjoint du MS/HP, le Préfet et l’Administrateur Délégué du département de Dogondoutchi, ainsi que les autorités traditionnelles incarnées par l’Honorable chef du canton de l’Aréwa et l’Honorable chef de groupement Peulh de Dogondoutchi. La présence des membres du Comité de Développement Sanitaire (ECD) du district, des responsables des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), des chefs de services départementaux et communaux, et des responsables des ONG et associations socio-professionnelles soulignait la mobilisation totale des acteurs du territoire. Cette cérémonie a surtout été marquée par une foule immense et fervente : la population de Bagagi, venue nombreuse et en liesse, assister à ce qui constitue bien plus qu’une pose de première pierre. Pour cette communauté longtemps confrontée à un accès limité aux soins, la pose de cette première pierre, entourée d’un tel arc institutionnel et populaire, marque un tournant historique et l’avènement concret d’une promesse de santé et de dignité.
Un équipement moderne et complet
Le projet, d’un montant global de plus de 265 millions de FCFA financé intégralement sur fonds propres de l’UNICEF, est ambitieux. Le futur CSI de type 2 ne sera pas une simple structure de soins, mais une véritable plateforme sanitaire complète. Il comprendra un bloc pour les soins curatifs, un autre pour les soins préventifs, et une maternité moderne pour des accouchements sécurisés. Pour garantir une présence continue du personnel, deux logements fonctionnels – l’un pour le chef de poste et l’autre pour la sage-femme – seront construits. L’ensemble du site sera sécurisé par une clôture et équipé de six latrines, dont deux accessibles aux personnes à mobilité réduite et quatre réservées au personnel et aux logements. Le centre sera électrifié grâce à un local technique abritant des équipements solaires et électriques, et disposera d’un incinérateur de type Montfort pour le traitement sécurisé des déchets biomédicaux. Enfin, un aménagement global de l’espace viendra renforcer la dignité, la fonctionnalité et la durabilité de l’infrastructure.
Conscient que la santé ne se résume pas aux murs d’une clinique, le projet intègre également une dimension cruciale : l’accès à une eau de qualité. L’entreprise mandatée, TECHNI BAT, sous le contrôle du bureau d’études Global TECH, procédera à des analyses physico-chimiques approfondies et à des travaux d’optimisation sur le poste d’eau autonome existant, construit par un généreux donateur. Objectif : assurer un approvisionnement fiable et sain, condition sine qua non pour lutter contre les maladies hydriques.
Un centre de santé de 274 millions pour 10 000 habitants
Présidant la cérémonie de pose de la première pierre du futur Centre de Santé Intégré (CSI) type II de Bagagi, le Médecin Colonel-Major Garba Hakimi, Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, a souligné l’importance stratégique de ce projet pour la population locale. Il a ouvert son allocution en remerciant Dieu pour la santé et la possibilité de réunir les participants, rappelant que cette initiative s’inscrit dans le cadre de la lettre de mission confiée par le Président de la République et du Plan de Développement Sanitaire et Social 2022-2026.
Le ministre a insisté sur la portée sociale de l’infrastructure, exprimant sa gratitude envers les habitants et soulignant que leur présence reflète leur attachement profond à la vie de la nation et à la santé des populations. « Cette réalisation marque la détermination des plus hautes autorités à rendre accessibles les soins et services de santé adéquats à nos laborieuses populations ».
D’une valeur de plus de 274 millions de FCFA, le projet est rendu possible grâce au financement de l’UNICEF, partenaire stratégique engagé dans le renforcement du système de santé nigérien. Il bénéficiera particulièrement aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans, facilitant l’accès aux soins pour plus de 10 000 habitants et contribuant à réduire la morbi-mortalité maternelle et infantile. « La construction du CSI permettra de répondre aux besoins croissants des populations, notamment ceux des femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans, qui constituent des groupes particulièrement vulnérables ».
Enfin, le ministre a appelé à la mobilisation des autorités locales, des leaders communautaires et de l’ensemble de la population pour garantir un climat serein et sécurisé pour les travaux, soulignant que ce projet dépasse la simple dimension infrastructurelle et constitue un véritable engagement en faveur de la santé pour tous.
Bagagi se dote d’un centre de santé moderne : l’UNICEF et l’État renforcent l’accès aux soins pour mères et enfants
Prenant la parole, peu avant le discours officiel de la pose de la première pierre, la Représentante Résidente de l’UNICEF au Niger, Mme Djanabou Mahondé, a rappelé l’importance de ce projet pour l’accès aux soins de santé maternelle et infantile dans la région.
« C’est un honneur et un immense plaisir pour moi de revenir à Bagagi […] à l'occasion de la cérémonie de la pose de la première pierre du centre de santé intégré de Bagagi », a déclaré Mme Mahondé, soulignant que cette initiative est le fruit du partenariat entre l’UNICEF et le ministère de la Santé, qui s’inscrit dans les priorités du gouvernement en matière d’accès équitable aux services de santé essentiels pour toutes les populations, et notamment pour les mères, les nouveau-nés et les enfants du Niger et de la région de Dosso.
Elle a rappelé que, sous financement de la BID, l’UNICEF a construit dans la région de Dosso 22 centres de santé intégrés, dont 12 dans le district sanitaire de Dogondoutchi.
Elle a précisé que, pour un montant global prévisionnel de plus de 265 millions de FCFA financés sur fonds propres de l’UNICEF, les travaux seront réalisés par l’entreprise TECHNI BAT sous le contrôle du bureau d’études Global TECH, avec une réception provisoire prévue en mars 2026.
Au-delà de la pose de la pierre, la Représentante de l'UNICEF a lancé un véritable plaidoyer pour un accompagnement rigoureux du chantier. Elle a insisté sur la nécessité d'un « suivi régulier des travaux par tous les niveaux » – communal, départemental, régional et central – afin de « relever rapidement les insuffisances ainsi que les goulots et y répondre promptement ».
S'adressant directement à la communauté, elle a souligné leur rôle crucial dans la pérennité de l'infrastructure : « l'un des futurs défis résidera autour de l'entretien et la sécurisation de ce futur CSI ». Elle a explicitement appelé les collectivités locales à assurer le personnel d'appui (gardiens, manœuvres) et en a appelé « à la population de Bagagi et des villages environnementaux pour faciliter le travail de l'entreprise » mais aussi pour une utilisation optimale du centre afin de « contribuer à nos objectifs communs de la réduction des taux de mortalité maternelle et néonatale ».
En conclusion, Mme Mahondé a réaffirmé l’engagement ferme de l’UNICEF à accompagner le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique du Niger dans la réalisation de ses priorités, notamment pour améliorer le bien-être des mères et des enfants. Elle a également exprimé sa profonde gratitude envers la population de Bagagi pour son accueil chaleureux.
Bagagi écrit une nouvelle page pour l’accès aux soins
Le Gouverneur de la région de Dosso, Colonel-major Bana Alhassane, et l’administrateur délégué, M. Ibrahim Kako, ont tour à tour salué l’importance de cette infrastructure pour l’accès aux soins de santé maternelle et infantile. Le Gouverneur a souligné que la santé constitue un pilier du développement du capital humain et un droit fondamental pour toutes les populations, rappelant l’engagement du Président de la République, Général d’Armée Abdourahamane Tiani, et du gouvernement à garantir le bien-être des Nigériens. Il a également remercié les partenaires techniques et financiers, notamment l’UNICEF, pour leur appui constant.
L’administrateur délégué a décrit cette journée comme historique pour la commune de Matankari et le village de Bagagi. Il a rappelé les initiatives récentes du gouvernement, telles que la réduction de 50 % des tarifs des soins et la gratuité de l’accouchement, ainsi que la dotation des formations sanitaires en médicaments et en moyens roulants. Il a exprimé la gratitude des populations envers le gouvernement et l’UNICEF pour le financement de ce nouveau CSI, tout en insistant sur l’importance de son entretien et de sa fréquentation régulière pour garantir sa pérennité.
Enfin, il a présenté les besoins prioritaires restants pour la commune, notamment l’équipement complet du CSI de Bagagi, la construction d’un laboratoire au CSI de Matankari et la transformation de la case de santé de Rigia Zangui en CSI. Les deux responsables ont conclu en appelant à la mobilisation collective pour assurer le succès et la durabilité de ces infrastructures sanitaires.
Entre liesse populaire et hommages traditionnels, une cérémonie-sanctuaire pour le futur CSI
Loin de se réduire à une simple formalité administrative, la cérémonie de pose de la première pierre du centre de santé de Bagagi s'est transformée en une vibrante célébration populaire, un véritable plébiscite culturel en l'honneur de la santé. La place du village s'est métamorphosée en une scène à ciel ouvert, bercée par les rythmes envoûtants de l'orchestre AKAZAMA de Dogondoutchi. L'événement a pris une dimension profondément culturelle avec une prestation artistique de la Troupe des jeunes de Bagagi, suivie d'un sketch de sensibilisation joué avec conviction par les jeunes, délivrant un message puissant sur l'importance cruciale de fréquenter les services de santé.
Le clou de cette animation a été le moment où le Médecin Colonel-Major Garba Hakimi, Ministre de la Santé, et Mme Djanabou Mahondé, Représentante de l'UNICEF, se sont vus remettre un témoignage officiel de satisfaction par l'orchestre AKAZAMA. Ce geste, rare et chargé de symbolisme, n'était pas qu'un simple remerciement ; c'était la voix de l'Arewa tout entière exprimant sa reconnaissance pour un projet qui touche au plus profond de ses besoins.
Après la pose symbolique de la première pierre, la journée s'est poursuivie par une série de visites de courtoisie, essentialisant le respect des institutions pour les autorités traditionnelles, gardiennes des us et coutumes. La délégation officielle s'est d'abord rendue auprès de l'Honorable Baoura de Bagagi, puis a été reçue par l'Honorable Chef de canton de l'Arewa. Le périple s'est achevé par une escale significative à Togone pour une visite à l'Honorable Chef de groupement Peulh, scellant ainsi, dans la déférence et le dialogue, l'adhésion totale de toutes les composantes communautaires à ce projet fédérateur. Cette immersion au cœur des traditions n'était pas anodine. Elle a envoyé un message fort : la modernisation du système de santé ne se fera pas malgré les traditions, mais avec elles et grâce à leurs leaders respectés.
Abdoulkarim (actuniger.com)