Santé : Niamey abritera un forum national sur la mortalité maternelle et périnatale pour identifier des solutions durables et engager les acteurs à tous les niveaux
Niamey abritera du 13 au 15 novembre 2024, un Forum National sur les décès maternels et périnatals sous le haut patronage du Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine. Organisé par le Ministère de la Santé Publique en partenariat avec des acteurs clés tels que l’UNICEF, l’OMS, Pathfinder, ce forum intervient dans un contexte préoccupant, où la mortalité néonatale a fortement augmenté ces dernières années, passant de 24‰ en 2015 à 43‰ en 2021, plaçant ainsi le Niger parmi les pays les plus affectés d’Afrique. L’événement vise à mobiliser les parties prenantes pour réduire la mortalité maternelle et néonatale au Niger, à travers un diagnostic approfondi, l'évaluation des progrès, et la formulation de nouvelles interventions pour un impact durable.
Malgré des efforts tangibles de l’État pour soutenir la santé publique, notamment la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 59 mois, la gratuité des césariennes et une réduction de 50 % sur de nombreuses prestations médicales, le taux de mortalité maternelle et périnatale reste élevé au Niger. Malgré ces mesures, les défis persistent, comme en témoigne l’augmentation de la mortalité néonatale et le taux élevé de décès maternels. La situation actuelle au Niger est préoccupante.
Selon les données de l’enquête ENAFEME de 2021, le taux de mortalité néonatale a fortement augmenté, passant de 24 pour mille en 2015 à 43 pour mille en 2021, contribuant ainsi à 75 % des décès infanto-juvéniles, l'un des taux les plus élevés d'Afrique de l'Ouest. Quant à la mortalité maternelle, malgré des progrès, elle reste élevée avec 441 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2020, un niveau qui compromet l'objectif des ODD fixé à 70 décès pour 100 000 naissances. En outre, sur 1000 naissances vivantes, un peu plus de 5 femmes (5,2) décèdent soit pendant la grossesse, soit lors de l’accouchement, soit dans les 42 jours suivant la fin de la grossesse, soulignant la gravité des risques auxquels les femmes enceintes sont confrontées.
Des progrès significatifs ont été réalisés dans le cadre de la réduction de la létalité obstétricale intra-hospitalière, qui est passée de 0,39 % en 2016 à 0,17% en 2023. Toutefois, le taux de mortalité néonatale intra-hospitalière a doublé, passant de 0,53% en 2016 à 1,04% en 2023.
Durant les 3 jours du forum, les participants dont des hauts responsables du ministère de la Santé publique, des experts nationaux et internationaux, des partenaires techniques et financiers (UNICEF, OMS, USAID, etc.), ainsi que chefs traditionnels et religieux évalueront les avancées des initiatives précédentes, les difficultés du système de santé à travers des ateliers techniques et des diagnostics multisectoriels. Les discussions incluront également les responsabilités partagées entre les différents acteurs, du gouvernement aux ONG en passant par les autorités traditionnelles. Ce travail aboutira à la Déclaration de Niamey pour engager des actions concrètes, des interventions à court et long termes, et des mécanismes de mise en œuvre pour inverser cette tendance et espérer atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici 2030.
Mortalité maternelle et périnatale au Niger : des chiffres alarmants en 2023
En 2023, le Niger a enregistré 1540 décès maternels et 22 152 décès périnatals, principalement dans les régions de Maradi et Tahoua. Les hémorragies obstétricales, les désordres hypertensifs, et les infections restent les principales causes de décès maternels. De plus, l’anémie et le paludisme figurent parmi les causes indirectes les plus fréquentes de décès.
Plusieurs facteurs contribuent à cette situation alarmante, notamment : l'insuffisance de la gouvernance sectorielle et intersectorielle, la pénurie de ressources humaines qualifiées, et la faible accessibilité aux soins. De plus, des pratiques socioculturelles néfastes persistent, freinant les progrès dans la lutte contre cette mortalité.
Stratégies et actions clés mises en œuvre par le Niger pour réduire la mortalité maternelle et périnatale
Dans le cadre de la lutte contre la mortalité maternelle et périnatale, le Niger met en œuvre plusieurs actions et stratégies clés. Parmi celles-ci figurent le renforcement de la gouvernance, de la coordination, et du partenariat pour la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, adolescente et de la nutrition (SRMNIAJ-Nut). Un accent particulier est mis sur l'amélioration du financement du secteur, la disponibilité des ressources humaines qualifiées, l’accessibilité aux médicaments et équipements médicaux, et l’optimisation des infrastructures sanitaires.
Le pays met également en œuvre des stratégies de communication et de sensibilisation pour encourager les comportements favorables à la santé, et des interventions communautaires visant à améliorer la prise en charge des mères, des nouveau-nés, et des enfants. Un volet important de cette initiative est le renforcement du plaidoyer pour une meilleure mobilisation des ressources et un environnement propice à la mise en œuvre de politiques efficaces.
Malgré les efforts de l’Etat pour soutenir l’accès aux services de santé, le pays fait face à des défis importants dans l'amélioration de la qualité des soins. La gestion des ressources humaines, la disponibilité de médicaments, ainsi que l’amélioration de l'infrastructure sanitaire nécessitent une attention urgente. Le forum national vise à identifier des solutions concrètes pour surmonter ces obstacles. Ce forum représente un engagement fort du gouvernement nigérien et des partenaires nationaux et internationaux pour sauver des vies et garantir un meilleur avenir pour les mères et les enfants du pays.
Abdoulkarim (actuniger.com)