Santé : en attendant son introduction au Niger, le vaccin contre le paludisme déployé en Côte d’Ivoire pour les enfants de moins de 5 mois
Les autorités ivoiriennes ont lancé, lundi 15 janvier 2024 à Abidjan, le déploiement de la campagne de masse de vaccination antipaludique pour les enfants de 0 à 23 mois. La Côte d'Ivoire devient l’un des premiers pays de la sous-région à utiliser le tout nouveau vaccin contre le paludisme, le R21/Matrix-M, homologué depuis 2019 par l’OMS. En 2024, le nouveau vaccin sera également déployé dans une dizaine de pays éligibles comme le Niger où, depuis l’année dernière, les autorités ont donné leur feu vert pour son introduction dans la liste des vaccinations de routine pour les enfants.
C’est dans le quartier populaire d’Abobo que le Premier ministre Robert Beugré Mambé a procédé au lancement officiel du déploiement, dans le cadre du Programme élargi de vaccination (PEV) en routine, du vaccin antipaludique. 656 600 doses du R21/Matrix-M ont été réceptionnées par le gouvernement, ce qui permettra dans un premier temps de vacciner 250.000 enfants âgés de 0 à 23 mois dans environ 40 districts sanitaires de 16 régions. La vaccination va progressivement s’étendre aux 75 autres districts d’ici la fin de l’année. « Cette décision témoigne de l'engagement du gouvernement, qui met un point d'honneur à investir dans la santé de nos enfants, nos trésors les plus précieux », a déclaré le ministre de la Santé, Pierre Demba, lors de la cérémonie de lancement de la campagne de vaccination.
Selon les autorités sanitaires ivoiriennes, ces vaccins permettront de renforcer l’arsenal de lutte pour l’élimination du paludisme dans le pays. Le calendrier vaccinal prévoit quatre doses programmées à 6 mois, 8 mois, 9 mois et 15 mois. « Ces vaccins visent à relever le défi de la réduction des cas de décès des enfants de moins de 5 ans », a indiqué le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle. Pour l’OMS, il s’agit d’un « moment historique » car ce vaccin « pourrait sauver des dizaines de milliers de jeunes vies chaque année », notamment en Afrique subsaharienne, région qui concentre 93% des cas dans le monde. Le coût de l’introduction du vaccin antipaludique dans le PEV est estimé à plus de 3 milliards FCFA.
Feu vert du Niger depuis 2023 pour l’introduction du vaccin
La Côte d’Ivoire fait partie des premiers pays en Afrique à bénéficier de ces vaccins. En 2024, huit (08) pays ont jusqu'à présent déployé le vaccin antipaludique dans le cadre des programmes de vaccination infantile. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Ghana, du Kenya, du Libéria, du Malawi et de la Sierra Leone. Selon l’OMS, il est prévu l'introduction des deux vaccins antipaludiques (RTS,S et R21) dans les calendriers de vaccination de routine de 19 pays africains en 2024. Environ 90% des cas de paludisme dans le monde sont enregistrés en Afrique, où 260.000 enfants en meurent chaque année.
En avril 2023, les autorités nigériennes ont annoncé avoir donné leur « feu vert » pour administrer le vaccin britannique contre le paludisme aux enfants de moins de cinq ans, afin de lutter contre cette maladie qui a tué en 2022, quelques 5.678 personnes (dont 63% sont des enfants de moins de 5 ans) pour 5.357.153 cas recensés dans les centres de santé. « Le gouvernement du Niger a donné son feu vert pour l'utilisation du vaccin contre le paludisme, le vaccin RTS,S/AS01, chez les enfants de zéro à cinq ans qui paient chaque année un lourd tribut à cette maladie », avait alors annoncé dans la presse, le ministre de la Santé de l’époque, Dr Illiassou Maïnassara, qui avait d’ailleurs ajouté que « dans les mois à venir, ce vaccin va parvenir au Niger et des dispositions sont déjà en train d'être prises ». Le ministre. S’appuyait alors sur les conclusions d’un Conseil des ministres tenu à la même période et qui a confirmé que le Niger faisait partie des pays éligibles par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Une autorisation pour faire rentrer le vaccin a déjà été accordé aux partenaires dont l'OMS ou l'Unicef, ont indiqué les responsables sanitaires nigériennes.
Un vaccin source d’espoir en Afrique
Le vaccin à trois doses, connu sous le nom de R21/Matrix-M, a été mis au point par l'université britannique d'Oxford. Le "RTS,S" agit contre le parasite "plasmodium falciparum", transmis par les moustiques, le plus mortel à l'échelle mondiale et le plus prévalent en Afrique.
Le 9 octobre 2021, l'OMS avait recommandé le déploiement massif chez les enfants du "RTS,S", vaccin du géant pharmaceutique britannique GSK, le seul qui a jusqu'à présent montré une efficacité pour réduire significativement les cas, y compris les plus graves de paludisme. Depuis 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi ont commencé à introduire le vaccin dans certaines régions à travers des programmes pilotes. Plus d'un million d'enfants avait alors reçu ce vaccin dans ces pays, montrant une réduction « de manière substantielle des cas graves », selon l'OMS.
Un autre vaccin contre le paludisme, appelé Mosquirix, a été approuvé par l'OMS en 2021, mais il nécessitait quatre doses et la protection s'estompait au bout de quelques mois. Le Serum Institute indien a déjà fabriqué 25 millions de doses du vaccin Oxford et prévoit d'en fabriquer au moins 100 millions chaque année.
Il faut toutefois noter que selon les experts, malgré leur efficacité prouvée et leur contribution à la réduction de la mortalité infantile, les vaccins contre le paludisme n'arrêtent pas la transmission de la maladie, et les experts avertissent depuis longtemps que les mesures préventives telles que les pulvérisations d'insecticides et l'utilisation de moustiquaires resteront essentielles.
A.Y.Barma (actuniger.com)
Commentaires
C'est une réalité car les nations se mènent au quotidien une guerre sans merci sur ce front. Il suffit de se rendre sur les sites de discussion militaires de n'importe quelle puissance pour s'en rendre compte. Pour nous, c'est une menace existentielle qu'il serait suicidaire de négliger en rejetant naivement cela dans le domaine de la théorie du complot alors que les exemples historiques abondent et que cela est vérifiable par tout un chacun.