Conférence sur l’endométriose : briser les tabous sur une maladie méconnue qui fait souffrir les femmes en silence
Dans le cadre de la célébration de la 68e Journée internationale des Femmes (JIF2024), l’Association des Sages-femmes du Niger et la Société de Gynécologie d’Obstétrique du Niger avec l’appui de l’OMS, ont organisé, vendredi 08 mars au Centre de Conférences Mahatma Ghandi de Niamey, une conférence sur l’endométriose qui a été animée par le Professeur Madi NAYAMA, Directeur Général de la Maternité Issaka Gazobi (MIG). L’occasion de jeter un regard et de sensibiliser sur cette maladie presque méconnue mais qui fait souffrir les femmes en silence et qui engendre des conséquences socioéconomiques assez handicapantes.
C’est le ministre de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales, le médecin colonel-major Garba HAKIMI qui a présidé la Conférence organisée dans le cadre des activités commémoratives de la 68e Journée internationale des Femmes (JIF2024) placée cette année sous le thème « Entreprenariat féminin : levier d’un développement durable d’un Niger souverain ». La Conférence qui s’est déroulée au Centre international des conférences Mahatma Ghandi de Niamey, a été rehaussée par la présence de plusieurs invités de marque notamment le Gouverneur de la Région de Niamey, la Représentante de l’OMS au Niger, les cadres du ministère de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales, les membres et adhérentes de la Société de Gynécologie et d'Obstétrique du Niger (SGON) ainsi que de l’Association des Sages-femmes du Niger, les représentantes des associations et des groupements féminins et plusieurs femmes qui ont massivement assisté à l’évènement.
La cérémonie a débuté avec les mots de bienvenue de la Présidente de la Société de Gynécologie et d'Obstétrique du Niger (SGON), Professeur Madeleine Garba, qui a saisi l’occasion pour remercier les autorités ainsi que le public pour sa présence à cette conférence sur l’endométriose dont elle a souligné l’importance en raison notamment des conséquences de cette maladie assez méconnue et qui fait souffrir les femmes en silence, les privant également de vaquer à leurs activités quotidiennes en plus de l’impact sur leur santé.
Ne laisser personne de coté
En prenant la parole, la Représentante de l’OMS, Dr Zampaligré Fatimata, s’est félicitée de cette initiative qui vise à profiter de la célébration de la Journée Internationale de la Femme (JIF) pour sensibiliser sur l'endométriose, une maladie caractérisée par un développement de tissus semblables à la muqueuse utérine en dehors de la cavité utérine et qui se traduit notamment par de violentes douleurs pelviennes, qui peuvent aussi se manifester dans de nombreuses régions abdominales. Selon l’OMS, cette maladie touche près de 10% des femmes et des filles en âge de procréer à l'échelle mondiale, soit environ 190 millions de personnes et au-delà des souffrances physiques, a souligné Dr Zampaligré Fatimata, l'endométriose a d'importantes répercussions sociales, économiques et en matière de santé publique. En effet, les douleurs aiguës, la fatigue, la dépression, l'angoisse et l'infertilité qu'elle provoque entraînent une diminution de la qualité de vie des personnes touchées et chez certaines personnes, l'endométriose entraîne des douleurs handicapantes qui les empêchent d'aller travailler ou étudier. Pour la Représentante de l’OMS, « la lutte contre l'endométriose par le renforcement du droit à une santé sexuelle et reproductive, à une qualité de vie et à un bien-être global qui soient les meilleurs possibles, permettra donc aux personnes touchées d'avoir prise sur leur propre vie ». A cet effet, a-t-elle indiqué, « une sensibilisation accrue associée à un diagnostic et une prise en charge précoces peuvent ralentir ou stopper la progression naturelle de la maladie et alléger les symptômes à long terme, voire réduire le risque de sensibilisation du système nerveux central à la douleur ». Dans son intervention, Dr Zampaligré Fatimata a souligné que l'OMS reconnaissant la gravité de l'endométriose et de ses effets sur la santé sexuelle et reproductive, la qualité de vie et le bien-être global des personnes touchées, entend encourager et soutenir l'adoption et la mise en œuvre de politiques, d'interventions efficaces visant à lutter contre l'endométriose à l'échelle mondiale, en particulier dans les pays à revenus faibles ou moyens. Pour ce faire, I'OMS a noué des partenariats avec de nombreuses parties prenantes, notamment des établissements universitaires, des acteurs non étatiques et d'autres organismes qui jouent un rôle actif dans la recherche en vue de mettre sur pied des modèles efficaces de prévention, de diagnostic, de traitement et de prise en charge des cas d'endométriose. Par ailleurs, a ajouté Dr Zampaligré Fatimata, l’OMS reconnaît qu'il est important de mener des plaidoyers, de sensibiliser à l'endométriose, et de renforcer les services de lutte contre la maladie. C'est dans ce contexte que l'OMS salue la tenue de cette conférence et félicite les organisateurs pour le choix porté sur cette thématique d'intérêt en Santé Publique. En effet, a indiqué la Représentante, fidèle à sa politique de « ne laisser personne de côté », l'OMS se réjouit de cette opportunité ainsi offerte aux acteurs à tous les niveaux de se préoccuper et de discuter de la meilleure approche pour porter assistance à ces millions de femmes et de filles qui souffrent, hélas souvent de façon insidieuse, dans leur chair de toutes les conséquences fâcheuses de cette endométriose y compris les douleurs handicapantes, les hémorragies et l'infertilité. La Représentante de l’OMS a saisi l’occasion pour encourager le ministère de la Santé publique ainsi que tous les partenaires et autres acteurs, à continuer dans cette dynamique pour contribuer activement aux discussions en vue d'une meilleure connaissance de cette pathologie et d'une identification de solutions contextuelles en vue de réduire la souffrance et d'améliorer la qualité de vie des patientes.
L’endométriose, une maladie qui s’érige de plus en plus en problème de santé publique au Niger
En procédant au lancement officiel de la Conférence, le ministre de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales, le médecin colonel-major Garba Hakimi a également salué cette initiative de l’Association des Sages-femmes du Niger et la Société de Gynécologie d’Obstétrique du Niger (SGON), avec l’appui de l’OMS, et qui vise à renforcer les actions visant à l'amélioration de l'état de santé de nos populations. En ce sens, il a souligné que l'actualité internationale donne à cette conférence une dimension particulière. En effet, a-t-il rappelé, le 08 Mars de chaque année, et dans tout le monde, est célébrée la Journée Internationales des Femmes, « pour témoigner des rôles que jouent les Femmes dans toutes les sociétés et comme piliers du développement socioéconomique, elles contribuent beaucoup à la croissance, au développement de la famille, du foyer, des régions, des pays et des continents ». Le ministre a assuré en ce sens que son département Ministériel, garant de la santé de toute la population de notre pays, en particulier celui des femmes, des nouveau-nés, des enfants, ne ménage aucun effort pour contribué à l’amélioration de leur santé et bien-être et c’est dans ce cadre que la majorité des soins pour cette population cible est gratuite pour mieux améliorer le pronostic maternel et périnatal.
Evoquant la maladie, objet de la Conférence, le ministre Garba Hakimi a rappelé que l'endométriose, qui est une affection gynécologique chronique, fréquente, invalidante, qui résulte du développement de la muqueuse utérine en dehors de son site habituel, au- delà de la cavité utérine, concerne 1 à 2% de la population générale, 8 à 10% des femmes en âge de procréer et 20 à 50% des femmes infertiles. « Cette maladie est surtout rencontrée chez la femme de race blanche, mais compte tenu du niveau socioéconomique de la population et l'âge avancé au premier mariage, elle est devenue fréquente chez les femmes de race noire », a-t-il souligné avant d’ajouter que « les femmes atteintes d'endométriose souffrent en silence, au quotidien, d'une douleur parfois invalidante, à l'école, dans les transports, au bureau ». Le ministre a également fait cas du vide ressenti par celles atteintes dans leur désir de maternité, face à ce qui constitue une des premières causes d'infertilité ainsi que de l'absence de réponse, quand plus souvent la perte de temps est longue avant un diagnostic d'endométriose. « Nos formations sanitaires sont actuellement confrontées de plus en plus à la prise en charge des patientes présentant cette pathologie hormono- dépendante. La prise en charge de l'endométriose, coûteuse, impose un plateau technique équipé et des praticiens très qualifiés », a déclaré le ministre avant d’annoncer que « l'endométriose est en train de devenir un problème de santé publique dans notre pays et un enjeu de nos politiques de santé publique ».
C’est dans ce cadre, a indiqué le médecin colonel-major, que le Ministère de la Santé publique, en collaboration avec l'OMS, la Société de Gynécologie Obstétrique du Niger, et l'Association des Sages-femmes du Niger, ont initié cette conférence sur l'endométriose pour mieux sensibiliser la population féminine sur cette pathologie avec un témoignage direct des patientes atteintes de cette pathologie. Aussi, a-t-il assuré, le Ministère de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales s'engage à accompagner les patientes pour une meilleure prise en charge de l'endométriose au Niger. Le ministre a aussi saisi l’occasion pour exprimer toute sa gratitude ainsi que des plus hautes autorités du pays à l'OMS pour son appui financier à la tenue de cette manifestation. Il a également remercié les patientes atteintes d'endométriose qui sont venues témoigner en public ainsi que le conférencier, pour leur engagement à sensibiliser la population.
Des initiatives pour sensibiliser sur la maladie et briser les tabous
Après les allocutions officielles, la Conférence s’est poursuivie avec les témoignages émouvants ainsi que des plaidoyers de plusieurs patientes atteintes de cette maladie. Des témoignages qui ont ému l’assistance et ont suscité une vive émotion au regard du poids de la souffrance que vivent au quotidien ces femmes atteintes d’endométriose et dont l’impact se rejaillit sur leur vie, leur famille, leur couple ainsi que les difficultés au travail.
Par la suite, le Professeur Madi NAYAMA, Directeur Général de la Maternité Issaka Gazobi (MIG), a fait un brillant exposé sur la maladie avec ses causes, ses conséquences, ses différentes manifestations ainsi que les facteurs à risque. En conclusion, il a souligné que l'endométriose fait partie des algies pelviennes chroniques chez la femme avec un impact important sur la fécondité. La maladie est une pathologie fréquente dans les régions avec un diagnostic tardif et lourd de conséquences ainsi que la prise en charge qui est assez coûteuse. D’où la nécessité de multiplier les actions de sensibilisation afin de briser les tabous. La conférence s’est terminée par une séance de questions-réponses qui ont également permis d’apporter plus de précisions ainsi que des éclaircissements sur d’autres aspects de la maladie.
Abbdoul Karim Moumouni (actuniger.com)
Commentaires