Rencontre diplomatique à Beijing : le Niger et le Bénin sur la voie de la réconciliation malgré des défis sécuritaires
En marge du sommet du Forum de Coopération Sino-Africaine à Beijing, le 6 septembre 2024, les ministres des Affaires Étrangères du Niger et du Bénin, Son Excellence Bakary Yahou Sangaré et Son Excellence Olou Ségou Adjadi Bakary, ont tenu une rencontre bilatérale importante. Cet échange représente un pas décisif vers la réconciliation des deux nations, après plus d'un an de tensions diplomatiques exacerbées par des accusations mutuelles depuis le coup d'État au Niger en juillet 2023. Bien que les défis sécuritaires, notamment la réouverture de la frontière, restent au cœur des discussions, cette rencontre reflète une volonté commune de normaliser les relations et de renforcer la coopération bilatérale.
Au cœur de cet échange, les deux diplomates ont salué les efforts continus visant à normaliser les relations bilatérales. Ils ont notamment souligné l’importance de l'échange de délégations diplomatiques et le récent événement marquant la présentation, le 6 août 2024, des lettres de créance du nouvel ambassadeur du Bénin auprès du Niger, Son Excellence Gildas Habib Bignon Agonkan. Cette démarche représente un signe tangible de la volonté des deux nations de renforcer leur coopération après des périodes d’incertitudes diplomatiques.
Les discussions ont également mis en exergue la préparation de la 12e session de la Grande Commission Mixte de Coopération Niger-Bénin. Cette session, dont la date sera fixée prochainement, constituera une occasion clé pour les deux pays d’approfondir leur collaboration dans divers domaines stratégiques.
Cependant, malgré ces avancées diplomatiques, des préoccupations majeures persistent, notamment en matière de sécurité. Le Niger a soulevé la question de la réouverture de la frontière avec le Bénin, bloquée pour des raisons sécuritaires. Conscient de l'importance de cette problématique, le Bénin, par la voix de son Ministre des Affaires Étrangères, a réitéré sa volonté de collaborer étroitement avec le Niger afin de rétablir la confiance mutuelle et de garantir la sécurité dans la région frontalière.
Les deux pays ont convenu de poursuivre ces discussions, avec une prochaine rencontre prévue à New York, en marge de la 79e session de l'Assemblée Générale des Nations Unies. Cet entretien offrira une nouvelle occasion de consolider les bases d’une coopération bilatérale durable et mutuellement bénéfique.
Un contexte diplomatique fragile
Depuis le renversement du président nigérien Mohamed Bazoum, les relations entre le Niger et le Bénin ont connu une nette détérioration. Alors que Niamey a rouvert sa frontière avec le Nigeria après la levée des sanctions imposées par la CEDEAO, elle a refusé de faire de même avec le Bénin. Ce refus trouve son origine dans des accusations portées par le régime nigérien, selon lesquelles le Bénin abriterait des bases françaises dans le nord de son territoire pour entraîner des terroristes visant à déstabiliser le Niger. Malgré les démentis du Bénin et de la France, cette méfiance a amplifié les tensions entre les deux pays.
Ces frictions ont atteint leur apogée avec l’arrestation, en juin 2024, d'une équipe de la société pétrolière chinoise WAPCO-Niger au port de Sèmè-Kpodji, au Bénin. Les cinq ressortissants nigériens en mission pour superviser le chargement de pétrole nigérien ont été arrêtés par les autorités béninoises. Niamey a qualifié cet acte de "kidnapping" et menacé de prendre des mesures pour obtenir leur libération. Le Bénin, de son côté, a accusé deux membres de l’équipe d’être des agents munis de faux badges, les condamnant à 18 mois de prison avec sursis pour usurpation de titres.
En réponse à ces événements, le Niger a fermé, dès le 6 juin 2024, les vannes du pipeline acheminant le pétrole nigérien vers le port de Sèmè-Kpodji, amplifiant ainsi la crise.
Des tentatives de médiation et de normalisation
Face à l’escalade des tensions, plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour désamorcer la situation. Deux anciens chefs d’État béninois, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, ont joué un rôle clé en rencontrant le général Tiani, chef de la junte nigérienne, à Niamey. Cette médiation a ouvert la voie à une première avancée significative : la présentation officielle, le 6 août 2024, des lettres de créance de l’ambassadeur du Bénin au Niger, Son Excellence Gildas Habib Bignon Agonkan, un geste symbolique après plus d'un an d'attente.
Les tensions récentes entre le Niger et le Bénin ont créé une impasse diplomatique marquée par des accusations mutuelles et des actions hostiles. Cependant, les efforts de médiation, notamment lors du sommet de Beijing, témoignent d’une volonté partagée de rétablir des relations normales entre les deux nations. La réouverture des discussions à New York et la tenue prochaine de la Grande Commission Mixte de Coopération offrent des perspectives encourageantes pour l’avenir des relations bilatérales, malgré les défis persistants liés à la sécurité et à la confiance mutuelle.
A.K.Moumouni (actuniger.com)
Commentaires
Nous saluons les efforts de leurs Excellences Talon PATRICE et Tiani ABDOURAHAMANE.
Le Niger et le Bénin sont et resteront toujours ensemble.
Il est temps de se pardonner. Nous sommes une famille.
Allah ya kori shedan tsakanin mou.
Le Bénin a manifesté son intérêt pour recevoir des Etats-Unis un don de véhicules blindés initialement destinés au Niger.
Le Bénin pourrait recevoir un don de véhicules blindés des Etats-Unis destinés à l’origine pour le Niger.
Ces véhicules d’une valeur d’environ 20 millions d’euros devraient être envoyés à Niamey dans le cadre du programme Africa Peacekeeping.
Le Général Abdourahmane Tchiani ayant mis fin à la coopération militaire avec les Etats-Unis, les Autorités Américaines ont décidé de faire don des véhicules blindés à d’autres pays de l’Afrique.
A suivre
Selon Africa Intelligence, le Bénin et la Côte d’Ivoire ont manifesté leur intérêt. 38 véhicules blindés de transport de troupes Puma M36 seront livrés aux Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI) et aux Forces armées béninoises (FAB).
Le Ghana pourrait aussi bénéficier de ce don des Etats-Unis d’Amérique