Le ministre de la Défense Nationale expose les actions entreprises par le gouvernement et les partenaires dans la Région de Diffa
Suite à une interpellation dont il a fait l'objet sur la situation sécuritaire et humanitaire de la part des députés de l'Opposition, le ministre de la Défense nationale avait, le 24 octobre 2015 répondu, en première partie dans une séance à huis clos, sur l'aspect sécuritaire avant de répondre le samedi 31 octobre dernier, en deuxième partie et en séance publique, à l'aspect humanitaire. Nous publions ici l'exposé fait par le ministre de la Défense Nationale sur la situation humanitaire dans la Région de Diffa.
Exposé du ministre de la Défense Nationale sur la situation humanitaire dans la Région de Diffa
« Les attaques armées de Boko Haram au Nord du Nigeria, ont entraîné un mouvement important des populations à l'intérieur du pays et vers les pays voisins comme le Niger, le Tchad et le Cameroun. C'est ainsi que des dizaines de milliers de personnes ont franchi la frontière Nigériane à la recherche de lieux plus sûrs dans la région de Diffa. Ces mouvements forcés, se sont accentués à partir de septembre 2014 avec les attaques de MallamFatori, Damaturi, Dutchi et Damassak au Nigeria et les attaques de Bosso, Diffa et les îles du Lac Tchad au Niger.
A la date du 05 Août 2015, la Direction Régionale de l'Etat Civil et des Réfugiés de la région de Diffa a recensé dans 135 sites 138 321 déplacés du Nigeria dont (94 152 réfugiés et 44 169 retournés), 46988 déplacés internes recensés dans 34 villages.
Le nombre total des déplacés dans la région de Diffa est de 185309 pour une population globale de 593 821 personnes. Ainsi plus d'une personne sur trois est déplacée dans la région de Diffa. A cela s'ajoutent les victimes des récentes attaques des éléments de Boko Haram à Diffa, Ngourtoi, Baroua, Tchoukoujani, Alla Dallamaram et Boulangouri. Plus de 6000 déplacés internes ont été enregistrés suite à ces attaques. La psychose qui prévaut dans certaines localités de la région de Diffa, entraine des déplacements préventifs des populations en particulier celles riveraines de la KomadougouYobé, vers des localités plus sûres.
Ces personnes sont accueillies dans un contexte de vulnérabilité accrue, du fait de l'important déficit céréalier et fourrager enregistré lors de la campagne agricole 2014. C'est ainsi que 405 villages ont été déficitaires sur les 606 villages agricoles de la région, le déficit fourrager était de l'ordre de 1 800 000 tonnes de matières sèches soit 62% des besoins, la population en insécurité alimentaire était estimée à 156 480 personnes, le taux des enfants en situation de malnutrition aiguë globale était estimé à 23,5%.
Malheureusement, la campagne agricole 2015 s'annonce aussi difficile que celle de 2014 dans la région de Diffa compte tenu des contraintes sécuritaires liées aux exactions de Boko Haram. Ces dernières ont sérieusement handicapé les activités socio-économiques dans la région de Diffa. Selon une évaluation sommaire faite par la région de Diffa les dégâts et pertes occasionnés par les actions de la secte Boko Haram entre janvier et juillet 2015 sont estimés à plus de 19 milliards de FCFA.
II-Les mesures prises par le gouvernement et les partenaires humanitaires
1- Assistance humanitaire d'urgence
Face à cette crise humanitaire, le Gouvernement et les partenaires humanitaires ont apporté des réponses appropriées aux déplacés du Nigeria, et à la population autochtone affectée. La stratégie du Gouvernement dans la gestion des déplacés du Nigeria, des déplacés internes et les populations autochtones affectées est la combinaison de la gestion camp et hors camp, avec une assistance humanitaire basée non pas sur le statut mais sur la vulnérabilité.
Des mécanismes appropriés ont été mis en place pour faciliter la coordination et la gestion de la crise humanitaire qui prévaut dans la région de Diffa. Ainsi entre décembre 2014 et octobre 2015 environ 27 milliards de FCFA ont été mobilisés spécifiquement pour la réponse humanitaire dans la région de Diffa dont environ 3 milliards de FCFA sur fonds propres de l'Etat, le reste financé par les donateurs et les Partenaires Techniques et Financiers. Ainsi 463 000 réfugiés, retournés, déplacés internes et populations autochtones en insécurité alimentaire bénéficient d'une assistance humanitaire composée de l'assistance alimentaire, assistance non alimentaire, les soins de santé, l'accès à l'eau, la protection des femmes et des enfants et une éducation appropriée. L'élaboration du plan d'urgence Diffa a véritablement permis d'apporter une réponse humanitaire urgente et efficiente. Une quarantaine d'organisations humanitaires travaillent aux côtés des structures étatiques dans la région de Diffa. Il s'agit en particulier des Agences du Système des Nations Unies, des composantes du Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge et des ONG nationales et Internationales
2- Les actions planifiées :
2-1- Les planifications de novembre- décembre 2015 :
Assistance alimentaire :
Pour les mois de Novembre et Décembre 2015 une assistance alimentaire pour 475000 personnes est acquise pour un besoin de 463.000 personnes. Cette assistance est répartie comme suit : le Gouvernement à travers la Cellule Crise alimentaire et la Cellule de Coordination Humanitaire 170.000 personnes ; le Programme Alimentaire Mondiale : 130.000 personnes ; le Comité International de la Croix-Rouge : 80.000 personnes ; l'ONG IRC : 35000 personnes ; autres ONG : 20.000 personnes ; SCI : 40 000 personnes.
Assistance non alimentaire :
Une assistante non alimentaire pour 8000 ménages est acquise soit 56 000 personnes, elle est répartie comme suit : le Gouvernement à travers la Cellule de Coordination Humanitaire pour 2000 ménages ; le Comité International de la Croix-Rouge pour 1500 ménages ; l'ONG IRC: 1500 ménages ; HCR: 1500 ménages ; OIM: 1500 ménages.
Par ailleurs, il convient de noter un Gap important en abris pour combler le déficit actuel du à des déplacements multiples des populations.
Les soins de santé
Les actions du Gouvernement et des partenaires visent à garantir la santé des déplacés et des populations hôtes à travers les cliniques mobiles, la délocalisation des certains CSI, le renforcement des structures sanitaires existantes, la vaccination contre la rougeole, la poliomyélite, le renforcement des CSI en produit contre le paludisme, le choléra, dans la région de Diffa. Des acteurs comme l'OMS, l'UNICEF, le CICR, le FNUAP, MSF, SAVE THE
CHILDREN y travaillent aux côtés du Ministère de la Santé Publique.
Par contre il faut souligner :
• La fermeture des CSI de Bandi et Dagaya liés au déplacement des populations de ces villages vers d'autres sites, la fermeture des CSI de Abadam, Gamgara et Boulahi situé sur la komadougou fermés pour cause d'insécurité et les difficultés d'accès aux cases de santé de Gadira, Blatoungou et Kouatamota qui sont dans les îles du lac Tchad,
• La délocalisation des CSI de Zarwaram et Assaga et l'absence de certains agents de santé.
Les déplacés de ces villages sont pris en charge sur leurs sites d'accueils notamment à Nguigmi, Kimé Gana, Gagam, Toumour et Yébi.
Eau. Hygiène et Assainissement
21 points d'eau additionnels et une centaine des latrines seront construits entre novembre et décembre 2015. Ces actions seront couplées aux séances de sensibilisation sur l'hygiène, l'assainissement et la protection de l'environnement.
Sur ce point il faut noter un important Gap en latrines et en points d'eau. L'Etat et les partenaires se mobilisent pour le combler en partie en 2015 et dans une large mesure en 2016.
Education
Les Ministères en Charge de l'éducation ont élaboré un programme d'urgence pour la relocalisation de plus de 12500 élèves dans des sites plus sécurisés. Ce programme d'environ 4 milliards de FCFA a eu l'adhésion des partenaires pour sa mise en œuvre incessamment. Pour les enfants des déplacés, des programmes appropriés sont élaborés et sont en train d'être mise en œuvre.
2-2- Le Plan de réponse humanitaire 2016 pour la région de Diffa
Le Plan de réponse humanitaire 2016 est en train d'être finalisé par le Gouvernement et ses partenaires humanitaires pour la région de Diffa. Ce plan vise à prendre en charge environ
460 000 déplacés internes, populations hôtes affectées, réfugiés et retournés du Nigeria. Les actions qui seront entreprises permettront de :
•Renforcer les actions humanitaires en cours tout en les adoptant au contexte,
•Favoriser la relance économique à travers le financement :
•Des projets générateurs des revenus en faveur des jeunes et des femmes,
•L'appui à la production agricole, à l'élevage et à la pêche,
•Le financement des projets de stabilisation communautaire,
• Le renforcement des infrastructures communautaires de base (éducation, eau, soins de santé).
Par ailleurs, compte tenu des multiples crises à travers le monde les financements humanitaires sont de plus en plus rares en particulier pour nos pays. Je profite de cette tribune pour lancer un appel à tous les partenaires du Niger partenaires bilatéraux et multilatéraux afin qu'ils financent les actions humanitaires en particulier dans la région de Diffa pour sauver des vies et pour ne pas donner raison aux terroristes de Boko Haram dont le seul objectif est d'ôter la vie, de détruire les familles et les communautés ».
Je vous remercie Honorables députés ».
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