PNDS TARRAYA : Ibrahim Yacouba exclut du parti présidentiel
C’est ce qui s’appelle un élan brisé ! En pleine ascension au sein du PNDS Tarayya et au moment où il multiplie les initiatives pour se préparer aux prochaines élections de 2016, Ibrahim Yacouba, l’actuel chef de cabinet en second du Président de la République, vient d’être exclu du parti présidentiel qu’il a rejoint pourtant il y a quelques années- du moins officiellement.
C’est le Comité exécutif national (CEN) qui a pris cette décision d’exclure Ibrahim Yacouba pour « violation des textes du parti ». Une exclusion que la direction du parti annonce comme « légale et régulière ». Le CEN PNDS a également mis en garde, l’ancien syndicaliste contre « toute tentative d’ingérence dans les affaires du Parti ». Autrement dit, aucun recours n’est désormais possible et il est inutile pour l’intéressé d’envisager une quelconque dissidence pour se maintenir au sein du parti rose où l’ancien colonel de douanes (il a démissionné le 20 Aout dernier) et dirigeant de la FENIFOOT, est désormais « persona non grata ».
Ibrahim Yacouba a lui-même déclaré « prendre acte » de cette décision juste après sa publication. Il a tenu à remercier « sincèrement et du fonds du cœur, toutes celles et tous ceux qui (lui) ont apporté leur soutien ».
« Tout comme le syndicalisme, je fais la politique par conviction et par engagement pour certaines valeurs et principes » a estimé Ibrahim Yacouba sans spéculer davantage sur son avenir politique.
Aussi surprenante que soit cette décision pour une figure politique à qui on attribue une grande capacité de mobilisation, les germes de la rupture couvaient depuis quelques mois entre l’ancien secrétaire général du SNAD et les barons du PNDS. Ibrahim Yacouba qui a officiellement rejoint le PNDS Tarraya au lendemain de la transition militaire de 2011, époque durant laquelle il était rapporteur général du Conseil Consultatif, s’est engagé dans une offensive de grande ampleur visant à se constituer un fief. Après un bref passage au ministère des transports et de l’aviation civile, il a rejoint le cabinet présidentiel sans toutefois parvenir à s’implanter véritablement dans les deux circonscriptions qu’il convoitait : Maradi et Doutchi dans la région de Dosso.
L’ancien syndicaliste qui n’a pas mis en veille ses ambitions politiques a intensifié les actions à l’approche des prochaines élections. Une course contre la montre dans laquelle il s’est retrouvé en face de Kalla Ankouraou à Maradi et Foumakoye Gado à Doutchi.
Le combat de titans qui opposait Ibrahim Yacouba aux barons du PNDS a vite tourné en sa défaveur comme l’atteste la décision, sans équivoque, que vient de prendre le CEN PNDS Tarayya. C’est le cas de le dire, avec ses ambitions désormais contrariées, Ibrahim Yacouba ne peut qu’assumer cette décision et envisager une autre alternative en s’appuyant sur le réseau qu’il a pu se constituer ces dernières années notamment à Maradi où il finance un club de football de première division (Dan Kassawa FC) et à Niamey où il a monté son propre groupe de presse (Niger 24).
Il convient de noter que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, a été le fait qu’il passe outre les directives du parti comme l’a expliqué le président du PNDS Tarayya, le ministre d’Etat à la présidence Bazoum Mohamed. Les choses se sont accélérées depuis le weekend dernier avec l’organisation d’un meeting transformé par la suite en réunion sous la houlette de Ibrahim Yacouba, en dépit de l’appel du CEN qui lui a été adressé pour annuler la manifestation. « Ce qui est intolérable » selon Bazoum qui accuse Ibrahim Yacouba « d’animer des structures parallèles » aux organes du parti alors que le BEN PNDS était justement en train de se pencher sur la crise née de cette volonté affichée du DIRCABA de faire cavalier seul. Par maladresse, Bazoum Mohamed a même reconnu dans la conférence de presse qui a suivie la décision d’exclusion, « qu’ils ont dû recourir à la force publique » pour mettre fin aux agissements de Ibrahim Yacouba, en référence au meeting qui a dégénéré le 23 Août dernier à Doutchi entre partisans du directeur de cabinet en second du PR et ceux de Foumakoye Gado, le ministre du pétrole et l’un des dirigeants les plus en vue du PNDS.
La pilule sera certainement difficile à avaler pour Ibrahim Yacouba qui en quelques années s’est mis en droit de s’imposer comme l’une des voix qui comptent au sein du PNDS. Il reste qu’avec cette décision, laquelle indiscutablement a reçu l’aval du Président de la République, des conséquences politiques sont à prévoir. Il est difficile, en effet, d’envisager le maintien à son poste de l’ancien syndicaliste surtout à la veille des élections où le cabinet présidentiel et la direction du parti rose ne feront qu’un, dans l’accompagnement de la nouvelle candidature de Issoufou Mahamadou pour un second mandat. Du reste, avec les mots assez durs utilisés par Bazoum Mohamed, la cohabitation au sein du cabinet présidentiel risque de souffrir des rivalités qui peuvent survenir entre le ministre d’Etat et le directeur de cabinet adjoint, tous deux à la Présidence de la République !
L’autre lecture qui s’impose à la suite de cette décision des plus radicales, c’est que le PNDS Tarraya n’entend point souffrir d’aucune contestation en son sein surtout à la veille des échéances électorales qui s’annoncent assez compliquées au vue de la situation politique du pays. Le CEN PNDS l’a déjà montré avec la dissolution de certaines structures parallèles qui ont vu le jour dernièrement comme CAPI ou Convergences Niamey, animées en sous-main respectivement par le DG de la SONIDEP (Ousmane Ango) et le ministre de la Défense Karidjio Mahamadou. Il s’agit pour Bazoum de reprendre la main et ainsi annihiler toute velléité de bousculer la hiérarchie établie de longue date au niveau du PNDS, un clin d’œil à ceux que les anciens du parti présidentiel considèrent comme « des arrivistes » et qui espèrent profiter de leur actuel position pour se présenter aux futures élections législatives.
Au PNDS, la dissidence n’est pas une option et aucune contestation n’est admise ! Par le passé déjà, plusieurs militants de premier plan (Adji Kirgam, Maitre Souley Oumarou, Sabo Seydou, Issa Bagalam,…) ont eu à faire l’amère expérience. Le cas d’Ibrahim Yacouba permet d’actualiser ce sacro-saint principe toujours en vigueur au sein du parti rose.
A. Y. Barma (actuniger.com)
Commentaires
Ibrahim Yacouba est un hypocrite du premier rang et Dieu ne laissera pas dupe tout le monde.
Du syndicalisme a la soci