Aïd El-Kébir 2025 : face à la sécheresse, le roi Mohammed VI appelle à renoncer au sacrifice du mouton

Dans un contexte marqué par une sécheresse persistante et une baisse du pouvoir d’achat, le roi Mohammed VI a exhorté les Marocains à ne pas accomplir le rituel du sacrifice lors de l'Aïd El-Kébir, prévu cette année les 5 ou 6 juin. Cet appel, relayé le 26 février 2025 par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, vise à préserver le cheptel national et à alléger le fardeau économique pesant sur de nombreux foyers.

Un appel solennel face à des défis majeurs
C’est par la voix du ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, que le message du roi a été relayé sur la chaîne nationale Al Aoula. En sa qualité de « commandeur des croyants », Mohammed VI a invité les Marocains à « s’abstenir d’accomplir le sacrifice de l’Aïd El-Kébir » cette année. Une décision rare, mais justifiée par des circonstances exceptionnelles.
Le monarque a rappelé la « signification religieuse profonde » de cette fête, tout en soulignant les « défis climatiques et économiques » auxquels le Maroc est confronté. Pour la septième année consécutive, le pays subit une sécheresse sévère, entraînant une « régression substantielle de l’effectif du cheptel ». Cette pénurie, couplée à une baisse du pouvoir d’achat, rend le sacrifice du mouton financièrement inaccessible pour de nombreux ménages.

Une décision pragmatique pour protéger les plus modestes
Dans son message, le roi a exprimé sa préoccupation pour les foyers aux revenus modestes, pour qui l’achat d’un mouton représente une dépense considérable. « Son accomplissement dans de telles circonstances causerait un préjudice certain à une grande partie de notre peuple », a-t-il déclaré. Il a également rappelé que l’Aïd El-Kébir, bien qu’étant une « sunnah confirmée », n’est obligatoire que lorsque les conditions le permettent.
Cette décision s’inscrit dans une démarche pragmatique visant à préserver les ressources du pays et à protéger les citoyens les plus vulnérables. « Notre souci de vous permettre d’accomplir ce rituel religieux dans les meilleures conditions s’accompagne du devoir de prendre en compte les défis climatiques et économiques auxquels notre pays est confronté », a ajouté le souverain.

Un précédent historique
Ce n’est pas la première fois qu’un roi du Maroc prend une telle décision. Le défunt roi Hassan II avait déjà appelé à renoncer au sacrifice de l’Aïd El-Kébir à trois reprises : en 1963, en raison de la « guerre des sables » avec l’Algérie ; en 1981 et en 1996, à cause de sécheresses dévastatrices. En 1995, le gouvernement avait même déclaré l’état de catastrophe nationale en raison de la gravité de la situation.
En 2023, des appels populaires avaient déjà été lancés pour renoncer au sacrifice en raison de la flambée des prix du bétail et de la crise économique. Cette année, la décision du roi Mohammed VI s’inscrit dans la continuité de ces mesures exceptionnelles, mais elle revêt une dimension particulière face à l’aggravation des défis climatiques.

La sécheresse persistante au Maroc a des conséquences dramatiques sur l’agriculture et l’élevage, deux piliers de l’économie nationale. La diminution du cheptel ovin, essentiel pour le rituel de l’Aïd El-Kébir, est l’une des manifestations les plus visibles de cette crise. Les prix des moutons, déjà élevés, risquent de devenir prohibitifs pour de nombreuses familles, exacerbant les inégalités sociales.