Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi aurait été torturé puis découpé par un médecin qui écoutait de la musique
Des détails sordides sur son possible assassinat ont fuité dans la presse turque.
Chaque jour son lot de révélations dans l’affaire du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, mystérieusement disparu depuis le 2 octobre après un passage au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul. Selon le média turc Yeni Safak, qui s’appuie sur des enregistrements audio des services de renseignements turcs, Khashoggi aurait été sauvagement démembré par un médecin légiste saoudien proche du pouvoir.
Yeni Safak révèle des détails sordides autour de la mort du journaliste qui confirment la thèse de l’assassinat appuyée par la Turquie depuis quinze jours. Dès son entrée au consulat saoudien, Khashoggi aurait été torturé pendant un interrogatoire au cours duquel il a eu plusieurs doigts coupés. L’homme a ensuite été décapité et son corps démembré par des agents saoudiens à l’intérieur du consulat, indique le média turc dont les révélations ont été confirmées par un officiel turc des services de renseignement. Parmi la délégation venue de Ryad soupçonnée d’avoir fait disparaitre le journaliste, onze hommes auraient des liens avec le prince héritier Mohamed Ben Salmane.
Sur l’enregistrement, la voix du consul saoudien Mohammad Al-Otaibi, qui a été rappelé mardi en Arabie saoudite, serait audible. “Faites ça dehors, vous allez m’attirer des problèmes” aurait-il dit. Aussitôt, un individu non identifié lui aurait répondu: “Si tu veux vivre lorsque tu reviens en Arabie saoudite, tais-toi”.
Les détails les plus sordides ne sont pas épargnés par le média turc qui affirme, toujours en s’appuyant sur les enregistrements audio, que “lorsqu’ils ont coupé la tête de Khashoggi et démembré son corps, un médecin légiste, identifié comme Salah al-Tubaigy, qui avait été amené pour la dissection du corps, avait quelques conseils à donner aux autres”. D’après le haut responsable turc et l’enregistrement, ledit médecin aurait suggéré aux autres de mettre des écouteurs et d’”écouter de la musique”, aurait-il dit, ajoutant que c’est ce qu’il faisait “pour apaiser la tension lorsqu’il effectuait un tel travail”. Tout cela aurait duré sept minutes et Jamal Khashoggi, bien qu’après avoir subi une injection d’un produit calmant, était toujours vivant et conscient pendant qu’il se faisait démembrer.
S’adressant à des journalistes à la Maison Blanche mercredi, le président américain Donald Trump a déclaré qu’il n’était pas certain que la bande sonore citée dans la presse turque existe avant de répondre qu’il était peut-être probable qu’elle soit réelle et qu’il attendait un rapport de Mike Pompeo, son secrétaire d’Etat dépêché sur place pour rencontrer le roi Salmane.
De telles informations n’auraient pas été divulguées en Turquie sans le consentement du gouvernement, précise le New York Times qui rappelle que les médias et les journaux turcs sont soit étroitement contrôlés par le gouvernement, soit détenus par des dirigeants d’entreprise favorables au gouvernement.
Pour les médias américains, l’Arabie saoudite envisagerait de reconnaître un interrogatoire qui aurait viré au drame au consulat saoudien à Istanbul. Selon des sources citées par le New York Times et CNN, les Saoudiens prépareraient une nouvelle version des faits afin de minimiser toute implication du pouvoir dans cette affaire, cela en faisant porter la responsabilité de la disparition à des éléments individuels accusés d’avoir agi de leur propre chef, indique Le Monde.
HuffpostMaghreb
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