SANTE COMMUNAUTAIRE : Vers un statut harmonisé et plus de motivations pour les agents de l’espace CEDEAO
Niamey a abrité du 18 au 20 Octobre, un atelier régional de l’Organisation Ouest Africaine de Santé (OOAS) sur l’harmonisation du programme de motivation et de rétention des agents communautaires dans l’espace CEDEAO.
La rencontre entre dans le cadre de la mise en œuvre du Projet Paludisme et Maladies Tropicales Négligées au Sahel, un programme qui vise à accroitre l’accès et l’utilisation des services à base communautaire pour la prévention, le traitement du paludisme et de certaines maladies tropicales négligées dans les zones frontalières des pays bénéficiaires, à savoir le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
C’est le secrétaire général du ministère de la Santé public, Dr Mahamadou Idrissa Maiga, qui a présidé l’ouverture des travaux en compagnie du Dr Laurent Assogba, directeur général adjoint de l’OOAS.
Dans son mot de bienvenue, le Dr Mahamadou Idrissa Maiga, s’est réjoui du choix porté sur le Niger pour abriter cet atelier régional dont l’importance stratégique se justifie au regard de la place qu’occupe les agents de santé communautaire en matière de réponse sanitaire dans nos pays. « Qu’ils soient appelés relais communautaires ou agents de santé communautaires, ils constituent un maillon important voire incontournable dans la mise en œuvre des interventions du projet » a indiqué le secrétaire général du ministère de la Santé publique qui n’a pas manqué de rappeler la « longue histoire des expériences en soins communautaires du Niger », laquelle remonte dans les années 70 avec ce qu’on appelait les secouristes.
De son coté, le Directeur général adjoint de l’OOAS a axé son intervention sur l’état des lieux de la situation dans la sous-région, notamment le statut professionnel des agents de santé communautaire. « Les modalités de demande de service et de collaboration vont du simple bénévolat à des formes d’incitation diverses et informelles voire formelles d’un pays à un autre, et même d’une région à une autre et enfin d’un partenaire à un autre » a relevé le Dr Laurent Assogba. Il va sans dire que cette absence d’approche harmonisée explique en grande partie la démotivation des agents voire leur mobilité au poste, « ce qui affecte négativement la mise en œuvre des interventions du projet au niveau communautaire ». Pour le directeur général adjoint de l’OOAS, il est donc apparu nécessaire d’engager des concertations entre les pays et entres les acteurs pour un partage d’expériences et lancer le processus d’harmonisation à même de pallier à ces insuffisances. « Les travaux de cet atelier répondent donc à un besoin évident de nos systèmes de santé, à savoir celui du renforcement des actions en faveur de la santé communautaire » a estimé Dr Assogba.
Durant les deux jours qu’ont duré les travaux, les participants venus des trois pays bénéficiaires du projet ainsi que les pays limitrophes relevant de l’espace CEDEAO, se sont penchés sur les modalités qui permettront d’engager un processus d’harmonisation des motivations durables et de rétention des agents ainsi qu’au renforcement des systèmes de santé communautaires.
Sur la base de la présentation des situations au niveau des trois pays bénéficiaires, il a été mis en évidence plusieurs facteurs expliquant la démotivation des agents de santé communautaire (ASC), ce qui se traduit sur le terrain par un taux élevé de déperdition. Les experts ont également mis en évidence que ces agents ne bénéficient pas, dans la plupart des cas, d’un statut qui permet d’assurer leurs motivations, leur rétention et maintenir leur performance à des niveaux acceptables à travers notamment un cadre législatif et réglementaire. Les différentes interventions ont également permis de mettre en évidence les différents régimes de motivation financière en vogue au niveau régional, lesquels vont du bénévolat à des primes d’incitations dont les montants varient en fonction des pays.
Au terme de leurs travaux et conformément aux objectifs fixés, les experts ont échangés sur la base des expériences menées par plusieurs pays, sur des orientations qui permettront l’élaboration par ces derniers, d’un document de référence profil/statut sur le recrutement, la motivation et la rétention des agents de santé communautaire. Le processus devrait conduire à terme à l’adoption d’un encadrement harmonisé pour les pays de la sous-région et principalement ceux de la zone d’intervention du projet.
Il convient de relever que l’atelier régional de Niamey a réunit une cinquantaine d’experts de l’OOAS et de la CEDEAO, des représentants des partenaires techniques et financiers ainsi que des professionnels en matière de santé communautaire. La rencontre a également enregistré la participation des responsables en charge des questions relatives à la santé communautaire ainsi que ceux des ressources humaines, les coordinateurs des projets au niveau des trois pays bénéficiaires ainsi que plusieurs acteurs intervenant dans le domaine.
Pour rappel, c’est dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique 2016-2020 de l’OOAS et plus particulièrement l’un de objectifs relatifs au contrôle et à l’élimination de certaines maladies que l’organisation a bénéficié d’un financement de la Banque mondiale pour la mise en place et la réalisation de ce projet. L’enveloppe allouée à sa mise en œuvre s’élève à 121 millions de dollars dont 10 millions de l’OOAS.
L’atelier de Niamey s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, lequel dépend indéniablement de l’engagement et de la fidélisation des multiples acteurs au sein des communautés cibles des interventions et particulièrement les ASC, maillon incontournable de la chaîne sanitaire.
Maman (Actuniger.com)
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