Officiel : l’Ambassadrice des Nations unies expulsée du Niger (gouvernement)

L’Ambassadeur et  coordinatrice résidente du Système des Nations Unies au Niger, Louise Aubin a 72h00 pour quitter le Niger, selon un avis d’expulsion du gouvernement, transmis le 10 octobre au Secrétaire général de l’ONU par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. Selon les autorités nigériennes, cette décision fait suite aux « manœuvres sournoises » que le SG de l’ONU continue d’orchestrer, « sous l’instigations de la France », pour entraver la participation du Niger aux différentes réunions et travaux des agences et institutions des Nations unies.  

La représentante des Nations Unies au Niger au Niger paie ainsi le prix des relations assez tendues entre le SG de l’ONU Antono Guterrez et les nouvelles autorités militaires du Niger, depuis le coup d’état du 26 juillet dernier. Des relations qui ont été exacerbées lors de la 78e Assemblée générale des Nations unies, en septembre dernier à New York, avec les accusations portées par les autorités nigériennes contre  les « agissements perfides » du patron de l’ONU, soupçonné d’avoir entraver « la pleine et entière participation » du Niger.

Dans l’avis d’expulsion de l’Ambassadrice de l’ONU au Niger, le CNSP et le gouvernement de transition ont indiqué que « ce sabotage commandité » s’est poursuivi à Vienne à l’occasion de la Conférence de l’AIEA du 25 au 29 septembre ainsi que lors du 4e Congrès extraordinaire de l’Union postale Universitaire (UPU) qui s’est tenu du 1er au 5 octobre, à Riyad, en Arabie Saoudite. « Au regard de ce qui précède et face à la volonté du Secrétaire général de nuire au Niger et à son peuple, le gouvernement décide d’ordonner à l’Ambassadeur, coordinateur résident du Système des Nations unies, SEM. Louise Aubin, de prendre toutes les dispositions utiles pour quitter Niamey sous les soixante-douze heures (72H00) », précise la note diplomatique transmise au Secrétariat général de l’ONU par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. 

Brouille diplomatique

En septembre dernier, lors de la 72e Assemblée générale des Nations unies, le représentant des nouvelles autorités du Niger, le chef de la diplomatie Bakary Yaou Sangaré, n’a pas pu prendre la parole à la tribune du débat général. Le CNSP et le gouvernement de transition ont alors accusé Antonio Guterrez d’avoir fait obstacle avec la complicité de la France et de deux chefs d’état francophones de la Cédéao. « Antonio Guterres a non seulement refusé de prendre acte de la liste officielle des délégués du Niger mais a surtout accédé à la demande fantaisiste de l’ex ministre des Affaires étrangères Hassoumi Massaoudou tendant à révoquer le représentant permanent du Niger auprès des Nations Unies », a déclaré dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement et du CNSP, le colonel-major Amadou Abdrahmane, avant d’ajouter que  le Niger « récuse et dénonce avec force cette ingérence manifeste d’Antonio Guterres dans les affaires intérieures d’un Etat souverain ».

En réaction,  le porte-parole du patron de l’ONU, a rejeté les explications avancées par le Niger. Affirmant que cette décision émane de la commission de vérification des pouvoirs de l'Assemblée générale, et non du secrétaire général unilatéralement.

Depuis, les relations ont continué de s’exacerber entre les autorités nigériennes et le patron de l’ONU, ce qui a motivé cette nouvelle décision du CNSP et du gouvernement.

Une diplomate chevronnée très appréciée au Niger 

Très appréciée au Niger, où elle s’investit beaucoup auprès des ONGs et associations locales et internationales, des communautés ainsi que des différents leaders, l’ambassadeur Louise Aubin cumule les fonctions de Coordinatrice Résidente et Coordinatrice Humanitaire au Niger depuis janvier 2021.  Il ya quelques jours, Louise Aubin, l’ancienne avocate et fonctionnaire des Nations qui détient la double nationalité, Canadienne et Irlandaise, était encore sur le terrain notamment à Agadez, dans le nord du pays, à l’occasion des activités du  mois d’octobre rose contre le cancer mais aussi auprès des migrants.

Suite au coup d’état du 26 juillet ainsi que les sanctions de la Cédéao, Mme Louise Aubin n’a cessé d’alerter sur la situation humanitaire et sécuritaire très préoccupante au Niger et particulièrement dans la zone de trois frontières. Selon la  Coordinatrice des Nations Unies au Niger, en plus de la situation sécuritaire qui est déjà précaire, les sanctions économiques imposées au pays par la Communauté internationale depuis le coup d’état du 26 Juillet dernier, plongent la population dans une situation très critique avec  une rareté et une flambée des prix des produits alimentaires et pharmaceutiques et autres produits de première nécessité. Un plaidoyer qu’elle a aussi mené auprès des autorités du pays et des partenaires. Elle a été reçue la semaine dernière par le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur et membre du CNSP, le général Toumba Boubacar Mohamed, à qui elle a réitéré la détermination du Système des nations au Niger (SNU Niger) à continuer à œuvrer auprès des populations affectées par les crises, malgré la situation difficile actuelle que traverse le pays.

A.Y.Barma (actuniger.com)