Niger/Communication anti gouvernementale : Brigi sur le grill … Issoufou à bout portant !
Une voix attribuée au Premier Ministre Brigi Rafini échangeant avec un collaborateur, fait depuis le 30 septembre « le buzz sur les médias sociaux », notent des journaux au Niger. Dans ce bref enregistrement, les passages qui retiennent le plus l’attention des nigériens sont les suivants : « …ARTP… Il y’a une inspection… ?... Moi le Président m’a lu certains passages … C’est pas bon !! … C’est pas du tout bon pour lui dey ! Il m’a même demandé de le changer tout de suite. On a dit bon, il y a le problème de mandat-là… » Fin de citation.
Il n’en fallait pas plus pour mettre le tout Niamey en mode « antennes hérissées » et désigner l’actuel Président de l’Assemblée Nationale Adamou Tinni, 2ème Personnalité du pays, comme étant la personne dont parle la voix attribuée au Premier Ministre nigérien. Si l’audio est authentique, il n’y a franchement rien à redire, c’est proprement embarrassant pour les trois personnalités à la tête de ce pays.
Birgi à tout prix… !
La diffusion de cet audio qui de toute évidence n’est pas un enregistrement récent, à cet instant précis, n’est pas un simple fait de hasard. A tous les égards, elle participe d’une campagne de communication rondement orchestrée, depuis quelques temps déjà à son encontre, et dont le but ultime est de le faire « sauter », ou au mieux des cas, le pousser à la démission.
Cette campagne pour salir le turban et le boubou blancs du Premier Ministre nigérien a commencé avec « l’affaire Africard » où les journaux de l’opposition, principalement, le brocardaient dans chacune de leur parution, sous les traits de quelqu’un de « négligent et incompétent » qui faisait perdre de l’argent à son pays. Ceci parce qu’il avait « courageusement » résilié un contrat qui liait le Niger à une Société de production de passeports biométriques, dont le promoteur était pourtant décrit comme un « voyou ». L’affaire ayant récemment connu une tournure favorable pour le Niger dans les juridictions internationales, cela eut pour conséquence de priver temporairement ses « pisteurs » de leur filon favori.
Cependant, il restait toujours dans leur viseur. Sa carapace d’homme « sage et sans histoire » les gênait énormément. Ne trouvant toujours rien de compromettant contre lui, des « fake news » en série, relatives à un « imminent remaniement ministériel », à son « remplacement par Bazoum » et à sa « démission pour fatigue » ont été inventées et débitées à l’opinion nationale à longueur de semaines. Ici également, la manœuvre n’a pas réussi, puisque les faits ont contredit cette « réalité » tant agitée….
Mais avec la sortie de cet audio manifestement « volé », la communication anti Brigi vient de passer à un cap supérieur. « L’Audio compromettant ! » a titré à sa une l’un des principaux journaux de l’opposition. Désormais c’est Brigi à tout prix ! Ses opposants viennent de lui démontrer ainsi, qu’ils sont prêts à descendre dans tous les égouts de Niamey pour chercher les éléments qui vont le « griller »...
Le troisième de la série…
En fait pour comprendre ce qui se passe, il faut replacer cette cabale contre le PM dans le cadre d’une communication encore plus vaste, celle qui vise à faire « griller » tous les « fusibles » qui gravitent autour du Président Issoufou. Brigi Rafini étant en effet le « dernier ? » de ces fusibles encore en marche. Tous les autres sont « out » ou en train de « grésiller ».
Disons que, après avoir fait « péter » ou réduit à l’inaction tous ces fusibles qui clignotaient autour du président Issoufou au début de la « Renaissance », de Ouhoumoudou Mahamadou en passant par Kalla Ankourao, Foumakoye Gado, Karidjo Mamadou, Morou Amadou, jusqu’aux Aichatou, Malika et bien d’autres, il ne restait plus que Hassoumi Massaoudou, Bazoum Mohamed et Brigi Rafini encore en fonction au cœur du système, pour subir toutes les tensions qui convergeaient vers le Président. Se faisant, ils formaient le « dernier carré » protecteur du Président contre les courts-circuits inattendus.
Ces trois là vont alors faire l’objet d’un lynchage médiatique en règle par « les sources bien informées » de Niamey. Le mode opératoire est toujours le même. Au départ, une « vraie fausse information », disséquée en plusieurs angles par trois ou quatre journaux, relayée par certains médias audiovisuels et abondamment reprise sur les réseaux sociaux. Et le tour est joué, puisqu’en face, il n’y a aucune communication pareille pour contrecarrer et riposter ! Hassoumi Massaoudou, le premier des trois à passer sous la trappe, a été affublé d’une « rocambolesque affaire » d’évasion de 200 milliards de CFA dite « affaire de l’uraniumgate ». Une affaire dont il a encore de la peine à s’en remettre, malgré son caractère évident de « fake » mis en exergue par la commission d’enquête parlementaire mise en place à cet effet. Résultat : Le monsieur fait désormais profil très bas.
Une fois « le pied magique de latchako » neutralisé, ce fut autour de Bazoum Mohamed de subir les assauts du rouleau compresseur communicationnel des opposants. Pour l’enfant de Tesker, les choses sont allées un peu trop vite qu’on ne l’imaginait. Animal politique assez rusé, volontiers baroudeur, à la tête du premier parti du Niger le PNDS Taraya, il a pourtant été accusé par les mêmes « sources dignes de foi » de Niamey, d’avoir créé un nouveau parti politique, puis deux, pour … « on ne sait jamais ! ». Mieux, les mêmes « sources » assènent qu’il serait en pourparler avec Hama Amadou et d’autres opposants pour une probable recomposition de l’échiquier national. Malgré le caractère assez bancal de ces « accusations », elles ont fini par faire mouche, en le présentant comme quelqu’un de « pressé » qui manipule le système pour son ascension personnelle. Résultat : Bazoum culpabilise, parle de moins en moins, persuadé qu’il y a désormais beaucoup de gens qui l’ont à l’œil.
Objectif : Issoufou à bout portant !
Massaoudou et Bazoum en train de grésiller, la machine peut s’attaquer désormais au dernier fusible encore actif, Brigi Rafini. Auréolé d’un « blindage » d’homme « sage et expérimenté », il n’était cependant pas invulnérable. L’Affaire Africard et son nauséeux message de « négligence et d’incompétence » a été le premier sale collier qu’ils ont failli accrocher à son turban immaculé. Puis s’en est suivi un faisceau de fausses nouvelles sur son remplacement, sa prétendue rivalité avec X et son « pressant » désir de se retirer de la scène politique pour … fatigue !!? Cela n’a pas marché car l’homme est resté serein et mieux, il n’est pas tombé malade pour donner suite aux thèses fatalistes de ses adversaires.
Ils ont cependant eu l’audace et la réussite d’infiltrer son entourage et « voler » ses paroles. D’où la sortie, à cet instant précis, de cet « audio compromettant » destiné à provoquer un tremblement d’une extrême magnitude à la Primature et ébranler ainsi son principal locataire. En d’autres circonstances, ce « scoop » aurait pu être le coup de Jarnac. Mais là, fidèle à lui-même, Brigi n’a rien dit d’insultant et son humilité ne lui a même pas permis de désigner le sujet. Il s’est juste contenté de partager, de la manière la plus neutre possible, avec un « collaborateur » ce que le Président lui a révélé autour de ce dossier, les instructions qu’il lui aurait données et les réserves qu’il y a lui-même portées. Personne d’autre, mieux que lui, parmi les hommes politiques actuels, ne pouvait rapporter un tel secret d’Etat, avec autant de sagesse, sans ajouter « Achéé le voyou là… » ou même le raconter à sa femme. Finalement, avec un peu de retrait, les nigériens s’intéressent moins au contenu de cette conversation qu’aux conditions dans lesquelles elle a été enregistrée. C’est en fin de compte « l’audio qui rassure », comme l’a titré un journal de Niamey proche du pouvoir…
Cette communication qui neutralise un à un les fusibles qui gravitent autour du Président n’a évidemment d’autres finalités que de le dépouiller et le rendre vulnérable face à tous ces « snippers » tapis dans les journaux ou embusqués derrière des claviers connectés. Si ce plan communicationnel se matérialisait, le Président Issoufou sera totalement à découvert et n’importe quel « tirailleur » pourrait le mitrailler à bout portant.
Heureusement pour le Président Issoufou Mahamadou, Brigi Rafini tient encore sur ses deux pieds et l’arrivée récente de Kalla Moutari en renfort, va davantage fortifier ses lignes de défenses.
Mais le plus navrant pour le Président Issoufou et ses amis, c’est que les tireurs sont presque invisibles, bien cachés qu’ils sont dans les crêtes et les falaises de la Montagne de Table.
El Kaougé Mahamane Lawaly, Le Souffle Maradi.
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