TOGO/OIF/NIGER : Aichatou Mindaoudou en terrain connu à Lomé
La secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean vient de dépêcher à Lomé, une mission politique de haut niveau pour le compte de l’organisation (OIF), « dans le prolongement de son accompagnement en faveur de la consolidation du processus démocratique au Togo » précise le communiqué publié par son cabinet.
C’est Aichatou Mindaoudou Souleymane, ancienne ministre des Affaires étrangères du Niger et ancienne représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la Côte d’Ivoire (Chef de l’ONUCI), qui a été choisie pou conduire la mission de médiation qui séjournera dans la capitale togolaise du 10 au 13 octobre. Avec une feuille de route clairement définie par l’OIF et qui consistera à analyser le contexte sociopolitique global et à identifier les secteurs pour lesquels l’action de la Francophonie pourrait être utile à cette étape. Dans cette perspective, « la délégation de la Francophonie rencontrera notamment, les autorités nationales, l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile, les responsables d’institutions impliquées dans la vie démocratique, ainsi que les partenaires bilatéraux et multilatéraux » poursuit la même source.
A Lomé, l’ancienne chef diplomatie nigérienne arrive en terrain connu et retrouvera, dans une certaine mesure, des acteurs qu’elle connait déjà. Aichatou Mindaoudou a en effet joué les médiateurs au Togo, en 2005-2006, lors de la crise politique qui a accompagnée l’arrivée au pouvoir du président Faure à la suite de la disparition de son père.
A l’époque, elle était ministre des Affaires étrangères de l’ancien chef d’Etat Tandja Mamadou qui assumait parallèlement la présidence tournante de la CEDEAO et a été par conséquent chargé par ses pairs de la sous-région de trouver une solution à la crise politique et électorale que traversait le pays. Aichatou Mindaoudou Souleymane était donc au premier plan de la mission de médiation de la CEDEAO et dix ans et quelques mois plus tard, elle se retrouve presque dans le même rôle, abstraction faite du contexte actuelle et de sa nouvelle qualité. Ironie ou coïncidence de l’histoire, c’est le président Faure qui assure actuellement la présidence tournante de la CEDEAO.
Lors de la précédente crise politique, la médiation nigérienne a pu concilier les protagonistes et apaiser les tensions de part et d’autres, même si certains ont trouvé à redire sur certains aspects de l’accord de sortie de crise. En parvenant à faire d’abord « démissionné » Faure de la direction du pays qu’il a déjà prise et permettre plus tard l’organisation d’élections, la mission a été un succès, le pays a en tout cas échappé au pire des scénarii et c’est l’essentiel.
Cette fois, la mission de médiation de la Francophonie n’est pas aussi sans risques. D’une part au regard de la tension ambiante notamment avec une opposition galvanisée par l’ampleur de ses premières actions et qui compte amplifier ses manifestations de contestation les prochains jours. D’autre part, le pouvoir qui ne n’appréhende cette mission d’un bon œil et qui a hésité un temps avant d’accepter une quelconque médiation surtout de niveau international. Pour le pouvoir de Lomé, cela prouve désormais que le pays est en crise politique ouverte et critique, ce que le gouvernement conteste dans un but de faire croire à une crise intérieure qu’il contrôle parfaitement. La mission de médiation de l’OIF aurait dû d’ailleurs intervenir plutôt mais le ministre togolais des affaires étrangères Robert Dussey a trainé des pieds avant de donner l’accord de son pays.
En diplomate expérimenté dont les talents en la matière ne sont plus à prouver, Aichatou Mindaoudou saura faire avec et on ne pourra que lui souhaiter bonne chance pour ce nouveau défi qui honore notre pays. Pour que le Togo, notre voisin, trouve la paix et la cohésion.
A.Y.B Actuniger.com
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