G5 Sahel : à Niamey, un plaidoyer des chefs d’Etat pour le renforcement des alliances face à l’amplification des menaces sécuritaires
Les chefs d’Etat des cinq pays membres du G5 Sahel se sont réunis en Sommet extraordinaire d’urgence, ce dimanche 15 décembre au Palais des congrès des Niamey. Initialement prévu à Ouagadougou au Burkina, la rencontre a été délocalisée à Niamey, par solidarité avec le peuple nigérien, suite à la tragédie d’Inatès qui a fait 71 victimes dans les rangs de l’armée, le 10 décembre à la frontière malienne.
Dans la capitale nigérienne, le président nigérien Issoufou Mahamadou, le burkinabé Rock Marc Christian Kaboré, le tchadien Idriss Deby Itno, le malien Ibrahim Boubacar Keita et le mauritanien Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed El-Ghazouani, ont analysé les dernières évolutions de la situation sécuritaire dans la sous-région, marqué par une multiplication des attaques terroristes, et ont plaidé pour un renforcement des alliances afin de faire face à ce fléau. Le Sommet, qui devrait en principe servir à dégager une position commune avant celui de Pau convoqué par le président français Emmanuel Macron sur la présence de Barkhane au Sahel, s’est conclu par un plaidoyer sur le renforcement des alliances et de la solidarité à l’égard des pays du G5 Sahel, afin de les aider à combattre le terrorisme. C’est l’essentiel de ce qui ressort des conclusions du Sommet, qui a été sanctionné par un communiqué final, lu par le secrétaire permanent de l’organisation, Maman Sidikou, qui a animé pour l’occasion, un point de presse.
À l’ouverture officiel du Sommet en début d’après-midi, le président Issoufou Mahamadou, hôte de la rencontre, et son homologue du Faso, Roch Kaboré, président en exercice du G5 Sahel, ont planté le contexte et définit les enjeux du conclave.
Le président Issoufou alerte sur les menaces que fait encore peser une 5e colonne
Dans son allocution, le chef de l’Etat nigérien a rappelé la tragédie d’Inatès du 10 décembre dernier, soulignant qu’avec ces attaques fréquentes sur les positions militaires, les assassinats des populations civiles et les enlèvements des personnes, « la menace des organisations terroristes et criminelles sur les pays du Sahel s’aggrave, elle augmente en intensité ». Le président Issoufou a également fait remarquer que « le champ d’opérations des terroristes s’élargit de jour en jour, le matériel de guerre sophistiqué dont ils disposent se renforce », en plus du fait que ces terroristes sont devenus eux-mêmes, « des véritables professionnels de l’art de la guerre ». C’est pourquoi, face à cette situation marquée, en plus sur le plan stratégique, par les attaques des troupes régulières et de leurs alliances, le Président Issoufou Mahamadou a demandé à ses pairs du G5 Sahel de tout mettre en œuvre pour empêcher qu’une cinquième colonne ne s’installe et sape les efforts de guerre des pays du G5 Sahel, en référence à ceux qui s’attaquent aux alliances contre le terrorisme. Pour le président nigérien, il faudrait d’ailleurs renforcer ces alliances, ce qui suppose une plus grande et effective solidarité de la Communauté internationale qu’il a appelée à l’aide. Le chef de l’Etat nigérien a, en effet, que cette dernière, parce que responsable en grande partie de la situation sécuritaire au Sahel depuis son intervention unilatérale et désastreuse en Libye, doit assumer ses responsabilités. La réponse au terrorisme doit être planétaire, a poursuivi le président Issoufou, qui a tenu à saluer la décision de l’UEMOA d’accorder une aide de 100 millions de dollars à trois pays membres du G5 Sahel, tout en plaidant auprès de la CEDEAO, pour qu’elle agisse également de même dans le financement du Programme d’intervention prioritaire du G5 Sahel. A la fin de son allocution, le président Issoufou Mahamadou a réitéré sa conviction maintes fois affirmé, que le terrorisme sera vaincu.
« Les terroristes sont devenus de véritables professionnels de l'art de la guerre. Tout en s'attaquant à nos troupes, les terroristes s’attaquent parallèlement à nos alliances. Ils s'activent à trouver des relais au sein des populations pour dénoncer la présence des troupes alliées à nos côtés. Ceux qui jouent leur jeu de manière consciente ou inconsciente, ceux qui s'attaquent à nos alliances, ceux qui veulent les défaire font pire que de s'attaquer aux hommes. L'opinion publique de chacun de nos pays doit en prendre conscience ». SEM Mahamadou Issoufou, Président du Niger.
Le président Roch pour une synergie avec la communauté internationale
En prenant la parole, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, président en exercice du G5 Sahel, a tout d’abord tenu à présenter ses condoléances, au nom de l’organisation, au peuple nigérien pour la perte des 71 soldats tombés sur le champ d'honneur de la lutte contre le terrorisme.« Devant ce douloureux événement nous sommes aussi tristes que décontenancés » a indiqué le président Roch qui a rappelé que cette rencontre était à Ouagadougou, mais « l'actualité en a décidé autrement ». Le chef de l’Etat burkinabé a estimé par la suite que « les attaques sans cesse perpétrées par les groupes terroristes dans notre espace rappellent non seulement l'extrême gravité de la situation, mais aussi, l'urgence de travailler davantage en synergie pour faire face à ces barbaries d'une autre époque ». Il a en ce sens, insisté sur la nécessité d’œuvrer rapidement à la pleine capacité de la Force conjointe. Pour le président du Faso, la victoire dans ce combat passe par la mobilisation de l'ensemble des pays de la région, et le soutien sans faille de la communauté internationale. Selon le président en exercice du G5 Sahel, « la paix et la stabilité de notre espace commun commandent que nous conjuguions nos efforts pour réussir la lutte légitime contre le terrorisme ». Tout en soulignant que cette lutte, en plus des dimensions sécuritaires, doit désormais prendre des dimensions politiques et économiques pour le devenir des Nations, il a enfin, réitéré l’engagement des pays du G5 à combattre, avec tous les moyens, le terrorisme sous toutes ses formes, appelant la Communauté internationale à continuer à leur apporter l’aide nécessaire.
Il convient de noter qu’avant le début du Sommet, les Chefs d’Etat du G5 Sahel, à l’exception du mauritanien El Ghazouani arrivé plus tard, se sont recueillis sur les tombes des soldats disparus au Carré des Martyrs de la Base aérienne 101 de Niamey, où ils ont été accueillis par le président Issoufou Mahamadou.
Abdoul Karim Moumouni (actuniger.com)
Commentaires
Sache-le qu'une fois qu'on atteint certains niveaux de "responsabilit