ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE 2026 : Romuald Wadagni, le ministre des finances, choisi comme candidat de la majorité
Au terme d’une concertation secrète orchestrée dans l’intimité de la résidence présidentielle, les partis de la mouvance au pouvoir ont désigné dans la nuit de samedi à dimanche le ministre d’État Romuald Wadagni comme leur candidat unique à la succession de Patrice Talon. Une décision unanime qui lance officiellement la bataille pour avril 2026.
C’est une nomination qui scelle la fin des spéculations et dessine les contours de la prochaine présidentielle. Romuald Wadagni, 49 ans, ministre de l’Économie et des Finances depuis 2016, a été choisi à l’unanimité par le Bloc républicain (BR) et l’Union progressiste pour le renouveau (UPR) pour porter les couleurs de la majorité. La décision, mûrie lors d’une réunion restreinte tenue au domicile du président Patrice Talon, envoie un signal fort : celui de la continuité.
Le choix de la stabilité et de l’expertise
Quelques semaines après la confirmation par le chef de l’État qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, malgré les pressions d’une partie de son camp, cette désignation était attendue avec fébrilité. Le choix de Wadagni, considéré comme un pilier du gouvernement Talon et un architecte de la performance économique du Bénin, apparaît comme une évidence stratégique.
« Patrice Talon est resté fidèle à sa ligne : un candidat unique de la mouvance, désigné par consensus », analyse pour nous Eursate Tokpanou, politologue. Le message est clair : après une décennie de transformations radicales, le pouvoir mise sur la compétence et la crédibilité plutôt que sur un éclat politicien.
Joseph Djogbenou, président de l’UPR, n’a pas tardé à fédérer les troupes. Sur ses réseaux sociaux, il a affirmé sans ambages : Wadagni est « le candidat de chacun de nous. Il est mon candidat ». Et d’ajouter, dessinant déjà les lignes de la campagne : « Avec lui et avec le Président de la République, nous allons accélérer la transformation économique, structurelle, infrastructurelle, culturelle, touristique et agricole de notre pays ».
Un parcours d’excellence et un bilan solide
Le profil du candidat-désigné incarne cette promesse de poursuite du développement. Diplômé de Grenoble École de Management et de la prestigieuse Harvard Business School, expert-comptable certifié en France et aux États-Unis, Romuald Wadagni a passé 17 ans au sein du géant de l’audit Deloitte, où il est devenu le plus jeune associé de l’histoire du groupe à 36 ans.
Son bilan au gouvernement parle pour lui : sous son mandat, le Bénin a enchaîné les records de croissance (régulièrement au-dessus de 6%), réalisé des émissions d’euro-obligations réussies sur les marchés internationaux et gagné la confiance des investisseurs. Sa gestion rigoureuse des finances publiques, son opposition à une annulation pure et simple de la dette africaine pendant la crise du Covid – lui préférant une restructuration raisonnée – et sa vision macroéconomique lui ont valu d’être sacré « Meilleur ministre des Finances d’Afrique » en 2024.
L’opposition en ordre de bataille
Si la majorité affiche son unité, l’opposition, notamment le parti Les Démocrates de l’ancien président Boni Yayi, se structure déjà pour lui faire face. La course à l’investiture unique de l’opposition est lancée, avec pour objectif de maximiser ses chances face à un candidat qui incarne la technostructure au pouvoir.
La période préélectorale qui s’ouvre promet d’être intense. Elle sera un test crucial pour la démocratie béninoise, non seulement pour son processus électoral, mais aussi pour valider – ou non – la trajectoire économique et réformatrice impulsée par Talon et dont Wadagni se présente comme le garant.
Le choix est désormais acté. La majorité parie sur un technocrate expérimenté, un visage connu des marchés et des institutions internationales, pour conduire le « Bénin Révélé » vers une nouvelle étape. La campagne qui s’annonce opposera-t-elle deux visions du développement ou se jouera-t-elle sur la simple continuité ? Réponse dans vingt mois. Mais d’ores et déjà, la présidentielle de 2026 a trouvé son favori.
