Guinée : l’ex-chef militaire Claude Pivi arrêté au Liberia après 10 mois de cavale

Le colonel Claude Pivi, l'un des fugitifs les plus recherchés de Guinée, a été arrêté mardi soir au Liberia, dans un village frontalier avec la Guinée. En fuite depuis son évasion spectaculaire de la prison centrale de Conakry en novembre 2023, Pivi était sous le coup d'une condamnation à perpétuité pour son rôle dans le massacre du 28 septembre 2009. À la mi-journée, les autorités guinéennes ont confirmé son arrestation, mettant fin à une cavale de dix mois.

Une cavale qui s’achève à la frontière

Claude Pivi a été capturé lors d’un contrôle de routine dans la région de Nimba, près de la frontière entre la Guinée et le Liberia, selon des sources locales. La scène de son arrestation, diffusée sur les réseaux sociaux, montre un Pivi amaigri, vêtu d'un simple bermuda et d’un T-shirt, menotté aux côtés d’un autre homme. L’information concernant l’arrestation de son fils Verny Pivi, soupçonné d'avoir orchestré l’évasion de son père en novembre dernier n’a pour le moment pas pu être confirmée. Le duo avait réussi à s'évader de la prison de Conakry après une opération commando, emportant également avec eux l'ex-président Moussa Dadis Camara et Moussa Thiegboro Camara.

Des zones d’ombre sur l’arrestation

Bien que des sources guinéennes et libériennes confirment l’arrestation de Pivi et de son fils, la date exacte de celle-ci suscite encore des interrogations. Le président du Conseil national de transition (CNT) guinéen, Dansa Kourouma, a déclaré avoir été informé de l'arrestation mardi soir, tandis que des sources au ministère de l'Intérieur libérien estiment que Pivi aurait été appréhendé il y a deux semaines et transféré dans une prison à Monrovia. Des négociations pour son extradition seraient déjà en cours entre les deux pays.

Un lourd passé judiciaire

Claude Pivi, surnommé "Coplan" ou "KO", est une figure controversée de l'armée guinéenne. Ancien combattant dans plusieurs conflits africains, notamment en Sierra Leone et au Liberia, il était impliqué dans le massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Cet événement, qui a fait plus de 150 morts et des centaines de blessés, avait choqué l'opinion publique internationale. En juillet 2024, Pivi a été condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 25 ans, pour son rôle dans ce massacre. Il était alors le seul des douze accusés à ne pas avoir comparu devant la justice, ayant pris la fuite avant le verdict.

Une figure militaire redoutée

Claude Pivi, ancien garde du corps du chef de guerre Charles Taylor, a longtemps entretenu une aura mystique et de crainte au sein de l’armée guinéenne. Son influence avait perduré, même après la chute de Dadis Camara. Alpha Condé, président guinéen de 2010 à 2021, avait même choisi de maintenir Pivi à la tête de la sécurité présidentielle, soucieux de ne pas s’aliéner les réseaux militaires que ce dernier contrôlait. Après son évasion, une récompense de 50 000 euros avait été promise à toute personne permettant sa capture.

Une extradition en vue

À l'heure actuelle, la Guinée attend l'extradition de Claude Pivi pour qu'il purge sa peine dans le cadre de sa condamnation. En attendant des détails supplémentaires sur son transfert, l’opinion publique guinéenne suit de près les développements autour de celui qui incarnait, pour beaucoup, la violence d’un régime militaire brutal.

(actuniger.com)