VICTIME DE LA POLIO : Lawan Boukar, le « militaire » en cage
Il y a 40 ans, Lawan Boukar naissait, sain et sauf, tous les membres au complet. Mais au bout de quelques années, sa vie a subitement basculé ; la polio a brisé son rêve de devenir militaire. Portrait
C’est le rêve d’un gamin de d’à peine huit ans qui a été brisé. Tout petit, Lawan Boukar, aujourd’hui quinqua, se voyait déjà dans des treillis pour défendre sa patrie. Mais arriva ce jour où son rêve s’est brisé. Lui-même ne se rappelle plus comme est venue la polio dans ses membres du corps. « Si je n’avais pas contracté cette maladie, je rêvais d’exercer de devenir militaire. Je ne peux pas vous dire comment ma maladie a commencé car j’étais enfant et sincèrement je ne peux rien vous dire à ce propos», narre, affecté Lawan Boukar. Deuxième enfant d’une famille de 5 enfants, le quinqua vit des moments difficiles du fait de la discrimination. « Nous les victimes de la polio, nous souffrons beaucoup. Nous souffrons d’abord de la discrimination et de la stigmatisation dans nos propres familles et pendant l’hivernage nous avons des problèmes car il nous faut marcher sur l’humidité et parfois même sur les crachats que des personnes ont déversés par terre», a-t-il dénoncé. Contrairement à d’autres qui sont dans la situation d’handicap, Lawan a pu fonder sa famille. «Je suis marié et père d’un enfant de 3 ans, que j’amène régulièrement lors des passages de la vaccination contre la poliomyélite depuis sa naissance, moi en tant que victime je ne souhaiterai pas du tout que mon enfant soit victime à son tour de cette maladie», a-t-il révélé. Après avoir vécu toute cette discrimination, Lawan Boukar s’emploie à sensibiliser les parents de laisser leurs enfants se faire vacciner. « Je ne souhaite pas que d’autres enfants soient victimes de la polio comme nous autres, rien que la discrimination dont nous faisons l’objet au sein de la société me pousse à lancer un appel aux parents de faire vacciner leurs enfants contre la polio, afin d’éviter à ces derniers cette maladie », a-t-il conseillé. Lawan Boukar « lance un appel aux parents de laisser les agents de vaccination vacciner leurs enfants ; contrairement à ce qui se raconte, la vaccination contre la polio n’a aucun lien avec la reproduction pour les enfants vaccinés. Si aujourd’hui je suis dans cette situation, c’est peut être parce que je n’ai pas été vacciné comme il se doit.»
En dépit de son état de handicap, Lawan Boukar refuse de tendre la main comme beaucoup. « Je fais le tissage des chaises et lits ‘’pico’’. Mais les clients se font rares et, je ne gagne pas beaucoup car les clients n’achètent pas nos produits au prix normal. La seule aide que je reçois, c’est celle qui vient des Organisations Non Gouvernementales», se désole-t-il.
Abdoul Karim Moumouni
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